La Magie de l'amour

Chapitre 6 - Panique

Arthur n’était pas un grand amateur de farces. On le qualifiait souvent de public difficile et cela avec raison. C’était un fait qu’il reconnaissait volontiers dans ses bons jours. Mais lorsque Merlin lui demanda qui était ledit Merlin, il ne put s’empêcher d’éclater de rire.

- Ne fait pas le pitre, voyons, dit Arthur en se reprenant. Nous n’avons pas le temps pour tes farces, il faut que nous te ramenions à Camelot pour que tu y sois soigné le plus vite possible, dit-il d’une voix qu’il tentait de faire rassurante malgré son anxiété.

Hélas, ce n’était définitivement pas de l’amusement que le roi perçu dans les prunelles de son valet, mais seulement un lot de confusion. Merlin fronçait les sourcils en une tentative vaine de se rappeler s’il connaissait l’homme à son chevet. Malheureusement, tout ce qui lui venait à l’esprit était qu’il se sentait seul et qu’il n’arrivait à se souvenir de rien. Cependant, ce qu’on son corps lui disait était que la plupart de ses membres irradiait de douleur et que son mal finirait probablement par le consumer s’il n’était pas pris en charge.  

Seule une question venait en tête à Merlin. Pouvait-il faire confiance à cet homme? Mais avant qu’il ne puisse penser à formuler sa question, il sentit ses yeux se fermer doucement, son esprit laissant place à l’inconscience, une inconscience plus que bienvenue, l’éloignant de la douleur.

Cependant, Arthur paniqua en voyant le blessé retomber dans les pommes. Il jugea qu’ils s’étaient assez reposés et qu’il était plus que temps de reprendre la route vers Camelot pour éviter de ramener un cadavre au lieu d’un valet. Après avoir réveillé les autres chevaliers, ils enfourchèrent chacun leur monture, Merlin bien installé avec Arthur.

Le matin suivant, la situation de Merlin s’était dégradée. Sa respiration était devenue sifflante en continu, ponctuée de gémissements de douleur. Le sorcier ne s’était pas non plus réveillé depuis leur dernière halte et la fièvre s’était installée, le rendant froid et pâle comme la mort.

Pendant le chemin, Arthur eut pleinement le loisir de s’interroger sur la qualité de sorcier de Merlin. Maintenant qu’il y pensait, le roi se rendait bien compte que certains événements n’auraient pu bien se terminer comme ils se sont passés sans l’aide d’un minimum de magie. Et qui était toujours présent ou presque dans ses épopées? Bon Dieu, qu’il avait été aveugle! Il avait le goût de balancer sa tête contre un arbre maintenant que la vérité le heurtait de plein fouet. Autant qu’il s’en voulait de ne pas avoir découvert sa véritable nature depuis le début, autant il en voulait à Merlin de lui avoir éhontément caché ce côté de lui-même. Certes, depuis un certain temps déjà, il voyait son valet comme son amour et même si ce qu’il venait de découvrir le choquait énormément, il n’allait pas renier ses sentiments. Bien sûr qu’il prendrait quelques temps pour se ressaisir et accepter le fait, voire pardonner Merlin de lui avoir menti, mais de là à le chasser comme l’aurait fait son père…

Pardi! Jamais il n’aurait pu y penser une seconde. À bien y penser, ce n’était sûrement pas l’impression qu’il dégageait souvent et avec les antécédents de son père dans la haine contre la magie, il ne pouvait que comprendre un peu de quoi avait eu peur Merlin en lui avouant son secret. Il n’empêche que ce sera certainement une laborieuse discussion qu’il aurait avec son valet dès qu’il serait rétabli. S’il se rétablissait… il avait l’air si confus quand il s’était réveillé! Arthur avait cru à une blague de mauvais goût, mais maintenant qu’il analysait correctement ce moment, il ne pouvait s’empêcher d’imaginer le pire. Il ne fallait cependant pas y penser, pas tant que Merlin ne serait pas sorti d’affaire.

Les choses devaient être considérées les unes à la fois pour éviter de sauter aux conclusions et paniquer. Ne pas paniquer, facile à dire, mais pas facile à faire. Surtout qu’il détectait plusieurs bruits suspects dans les alentours plus ils avançaient dans la forêt. Des bruits de sabots, s’il voulait être honnête.