jour2

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Mon cher frère,
Je ne sais pas quoi te dire aujourd'hui. Déverser ma haine ? Je l'ai fait hier. Je pourrais te parler de mes peurs, mais je n'ai plus peur. Je regarde la mort droit dans les yeux. Je n'ose toujours pas me l'avouer.
Tu es mort.
La faucheuse t'a pris dans ses bras comme si elle attendait un vieil ami.
Je n'ai même plus peur d'elle. Je veux me sentir moins seule, alors si je dois faire copain copain avec elle, je le ferais.
Mes amis ne le sont plus.
Nos parents ne le sont plus.
Il n'y a que mami Brigitte qui est fidèle à elle-même, à notre plus grand désarroi.
Toujours prête à cracher son venin. Elle se présente comme la grand-mère exemplaire, du moins elle dit être comme ça. Elle se décrit comme la meilleure grand-mère que tu as pu avoir. C'est la seule qui a accepté de nous avoir dans sa vie...
On ne parle pas de moi. Il n'y en a toujours eu que pour toi. Toi par contre tu parlais toujours de mes exploits.
Gymnastique, natation...
En histoire, mathématiques, français...
Tu vantais mes talents pour les langues étrangères.
Je t'aimais et t'admirais comme jamais personne ne l'a fait.
Mami Brigitte est consciente de ses erreurs mais ce n'est pas pour autant qu'elle essaye de se rattraper avec moi. Au contraire. Elle fait la même chose qu'avec toi.
Elle, elle, et encore elle.
À vrai dire, je ne pense pas que j'apprécierais qu'elle veuille me remplacer par toi. Toi et moi, nous ne sommes pas les mêmes personnes. Tu étais voué à être dans la lumière et moi dans l'ombre. C'était écrit, même après ta mort tu me fais de l'ombre, si ce n'est pas beau ça. Ça veut dire que tu vis encore d'une certaine manière. On dirait que je t'en veux alors que non, j'étais d'accord à être dans l'ombre, parce que cela voulait dire que tu n'étais pas loin de moi.
Pour me consoler dans ma solitude, papa et maman veulent m'inscrire à un atelier artistique. Je ne veux pas. je ne veux pas me faire de nouveaux amis. J'ai trop peur qu'ils me lâchent encore. Je sais bien que personne n'est pareil mais c'est plus fort que moi. Je déteste la solitude plus que tout et pourtant, c'est là où je me sens le plus en sécurité. Bien sûr, les parents veulent m'inscrire dans un groupe où tout le monde est malade.
Comme si j'avais besoin d'avoir des amis qui frôlent la mort chaque jour, à chaque instant.
Oui, peut-être que je serais rassurée de ne pas être seule dans ce cas mais je suis beaucoup trop têtue pour me l'avouer. Trop fière aussi. Je ne voudrais pas que ma fierté se prenne des coups sans même que je puisse riposter après, parce que je n'aurais plus assez de forces pour la suite du combat.
C'est en finissant maintenant que je te dis à demain. Je te laisse continuer ta vie avec Live. Je veux être marraine et ta témoin de mariage mon Owen chéri. Attends moi encore quelques mois s'il te plaît, peut-être que je viendrais accompagnée qui sait.
À très vite mon aîné, mon sang et mon unique frère.

Je t'aime cher frère.

Onäe.

my dearest broOù les histoires vivent. Découvrez maintenant