jour4

6 1 0
                                    

  Mon cher frère,
Je vais te raconter ma journée d'hier. Tu sais celle que je t'ai brièvement parlé dans la dernière lettre. Celle d'hier.
Pour commencer, papa est tombé en panne au moment de partir. Alors c'est mami qui m'a amené. Je ne te dis pas la magnifique conversation que j'ai eu avec elle. Elle n'a parlé que d'elle. Elle m'a aussi parlé à quel point tu étais parfait.
Ce n'est que lorsque vous êtes six pieds sous terre que les gens vous aimes.
Elle m'a presque reproché premièrement d'être malade, et deuxièmement de la même maladie que toi.
Mami Brigitte, tel qu'on la connaît...
Ce ne serait pas elle sinon.
Ensuite, lorsque que je suis arrivée, j'étais heureuse de voir qu'il n'y avait pas beaucoup de personne et qu'il n'y avait pas d'escaliers à monter. Je m'éssouffle de plus en plus. Comme toi.
D'ailleurs, tu te rappelles de cette petite fille qui n'arrêtait pas de venir jouer avec toi lorsque j'étais à l'école et toi à l'hôpital. Elle avait le même âge que moi. Tu la agissais avec elle comme avec moi, pour ne pas perdre l'habitude comme tu le disais. Je pense aussi que tu pensais à elle, ses parents n'étaient pas là de la journée et elle était seule. Et bien, elle est aussi là, à l'atelier.
Elle m'a reconnue.
Elle m'a demandé des nouvelles de toi et ce que je faisais ici.
Je lui ai dit.
Elle m'a invité à son anniversaire, samedi ci d'ailleurs. J'ai même déjà une idée de cadeau.
J'ai dit oui, je n'arrive pas à dire non, tu le sais.
Je suis restée avec elle tout le long de l'atelier.
Je suis presque redevenue la fille que j'étais avec toi et elle. C'est ce qu'il me fallait. Je l'aime bien, elle est gentille.
Et drôle.
Attentionnée.
Belle, si belle.
Ses cheveux ont poussé en de longs cheveux blonds.
Mais elle a attrapé une maladie qui dévore ses os. La pauvre.
Elle a une canne, comme l'un de ses amis. Lui, ce n'est pas quelqu'un à qui j'aurai parler. Mais il m'inspire confiance, je l'aime bien aussi. Il s'appelle Joseph. Carla l'appelle Jojo.
Lui a un cancer des os.
On fait une belle bande d'anormaux.
Il est brun, aux yeux marrons. Ces cheveux sont coupés en dessous de sa mâchoire. Sa peau est pâle, mais cela lui va tellement bien. Je ne l'imagine pas autrement.
Un véritable bad boy.
Il devait être un gars comme toi.
Intelligent et drôle.
Attentionné et heureux.
Et puis comme nous, la maladie l'a touché.
À tous les coups, la faucheuse a parié sur lequel d'entre nous tombera en premier sous ses coups.
Un coup de poker.
Même si je pense être la première.
Je n'ai pas envie de vivre. Je n'ai plus envie de vivre, du moins, je n'avais plus envie de vivre.
J'ai des amis.
Cela fait peut-être pas très longtemps que nous le sommes mais je sais qu'ils seront plus présents que mes amis que j'ai depuis petite.
Sofia.
Lucie.
Louise.
Valentin.
Paulo.
Zack.
Tous, sans exception, m'ont abandonné, l'un après l'autre.
Non, pas l'un après l'autre, le même jour.
À la vie, à la mort, on se l'ait promis mon ami.
Tu parles ! Foutaise ! Mensonge ! Idiots. Bêtise incarnées.
Lâches.
Ce ne sont que des lâches qui ne sont pas près d'affronter la mort droit dans les yeux.
Ça fera la deuxième fois moi. Deux fois que j'affronte la mort.
Tu as eu de la chance toi, des amis et une petite amie qui t'ont soutenu jusqu'au bout, qui ne t'ont pas lâché d'un seul pouce.
C'est ça que je veux moi aussi.
Tout le monde était avec toi pour surmonter les épreuves mais moi, personne n'est avec moi. Ils ont trop peur de la mort. Ils ont peur de souffrir. Ce n'est pas la mort qui les rongera jusqu'à l'os mais bel et bien la peur de mourir, de souffrir.
Cette lettre se terminera sur ça, ma colère contre eux. Désolée de t'avoir accaparé plus que d'habitude.
À très vite mon aîné, mon sang et mon unique frère.

Je t'aime cher frère.

Onäe.  

my dearest broOù les histoires vivent. Découvrez maintenant