Chapitre 4.

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Harry :


La nuit est synonyme de démons intérieurs enfouis au fond des coeurs.


Et mon plus gros démon. Ma plus grande faiblesse. C'est la mort. J'ai toujours eu peur de la mort. C'est vrai, ce n'est pas le fait de ne pas savoir quand je vais mourir. Ou comment je vais mourir. Non, cela je m'en fiche. Je sais juste que ce ne sera pas un suicide. Et puis, après tout, tenter de vivre sur cette île n'est pas suicidaire ? C'est vrai, survivre est une mort lente. Parce qu'on le sait autant l'un que l'autre, on va mourir. Et on sait encore moins quand. Ici, le temps paraît long. Et bordel, qu'est-ce qu'on a l'impression que la vie passe vite. Que les jours défilent rapidement. Mais ici, sur ce sable, tout est long. Le temps est comme au ralenti. Et ça fait peur d'avoir cette impression de longues journées. Parce que ce qui les rend longues, c'est d'attendre la mort.


Enfin, je me fiche de savoir comment je vais mourir. Et au fond, je sais que c'est ici. Peut-être pas de faim, finalement. Il sait pêcher, visiblement. Mais peut-être de chaud. C'est vrai, chaque heure j'ai l'impression que la chaleur d'été me tue un peu plus. Et impossible de lui échapper. Ou peut-être d'impatience. On va devenir des déchets. De la poussière sur du sable. En fait, j'ai peur de mourir parce que je ne serai que cela. De la poussière. De la putain de poussière. On ne sera plus rien, une fois morts. On ne verra plus rien de la vie. Qui surveillera mon entourage si je ne suis pas là ? Mais surtout, qu'est-ce que je ferai une fois au ciel ? Perdre du temps, comme actuellement. On perd du temps parce qu'on reste figés devant l'océan, à attendre un miracle plutôt que de vivre. Mais vivre est tout bonnement idiot quand on sait que la lumière nous appellera tôt ou tard pour nous arracher à l'étendue bleue qui flotte devant nous.


J'ouvre les yeux. Je sursaute. Et j'ai envie d'hurler. J'ai chaud. Bien plus chaud que chaque nuit ici. La nuit, le ciel étoilé nous souffle un fin vent frais. Mais je ne le sens plus. Non, parce que mon corps est en sueur. Je sens les larmes sur mes joues peut-être. Et je n'ai jamais été aussi frêle de toute ma vie. J'ai toujours inspiré la confiance en moi. Et là, je suis dans tous mes états. Assis sur le sable. Le corps tourmenté et dégoulinant de peur. Les joues déjà humides et le regard perdu lamentablement sur l'océan.


« Vous allez bien ? »


Je peux sursauter sous sa voix soudaine qui s'éclipse dans l'air. Je le peux. Mais je ne sens plus mon corps bouger, tétanisé. Je suis tétanisé sous la peur de ne plus suivre ce monde du regard. Je secoue la tête. C'est la seule chose que j'arrive à faire. Et la jolie vue sur l'océan bleu nuit se dessine à présent en un joli minois aux yeux de la mer. Il est devant moi. Il cherche mon regard. Et je sais que nos regards sont l'un dans l'autre. Pourtant j'ai l'impression de ne plus rien voir. D'avoir seulement du vide dans le regard. Le néant. La lumière aveuglante de la mort. Sa main se glisse sur ma joue. Et je ne peux pas expliquer ce que je ressens. Du réconfort peut-être ? Je ne sais pas. Mais il me donne le courage de fermer les yeux. De trouver le noir en un clignement long des paupières. Et quand je les ouvre, je le vois. Pour de bon. Je veux dire, il était déjà là. Mais je le vois vraiment. Son visage d'ange. Son sourire peut-être rassurant et assez étincelant pour souffler une once de vie. J'avale difficilement ma salive. Deux ou trois fois. Et mon démon s'échappe dans mes mots.

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