Harry :
La vie est un soleil dont on perçoit la lumière seulement lors des beaux jours.
Le soleil s'effondre sur l'océan. Il rend les vagues plus calmes et étincelantes. Peut-être que la vie saura nous sourire un jour. Peut-être que la mort n'est pas ce qui nous attend. À vrai dire, hier soir, je n'osais imaginer le meilleur de peur de descendre au fond du gouffre lorsque la réalité nous aura englobé. Mais sa gifle m'a retourné l'esprit. Comme si mes idées se mettaient en place soudainement. Comme si ce contact soudain, me faisait comprendre que si l'on était des survivants, ce n'était pas pour rien.
Il s'est éloigné. Il vient de m'échapper. Et je suppose qu'il a besoin d'être seul. Que m'offrir sa force pour penser positif a simplement dépourvu son corps de tout courage. C'est étrange. Les premiers temps, j'étais la positive attitude. Maintenant c'est lui. Et peut-être qu'aujourd'hui, devant cet océan soufflant la vie et la beauté, il plonge. Il plonge dans la réalité alors qu'après cette nuit, il m'a appris à la repousser loin, cette putain de réalité. Je suis trempé mais cette petite tournée dans l'eau m'a fait tellement de bien. Je me sens plus propre, peut-être. C'est bien moins meilleur que ma salle de bain, ma grande baignoire. Ou que ce qui devait m'attendre au bout de ce voyage. Mais qui peut rêver de se baigner dans un océan bleuté auprès d'une île dorée ? Personne. Personne sauf nous, survivants.
Je me laisse tomber sur le sable alors que je suis vêtu d'un simple pantalon. Toujours le même. Je suis condamné à porter les mêmes vêtements. Et je me demande bien ce qu'est devenu ma valise. Elle a coulé, elle aussi. J'observe le ciel. Je ferme les yeux. Et j'ose me demander ce que ce voyage aurait pu m'offrir. Plus de travail ? De nouveaux clients ? Certes. Et à lui, que devait-il lui offrir ?
J'aimerais lui poser la question. Savoir ce qu'il cherchait en découvrant une nouvelle ville. On parle de la vie, de la mort, de la nourriture. Mais jamais de nous. Tout ce qu'il sait, c'est que j'ai une petite-amie. Et c'est étrange mais j'ose me dire qu'elle ne m'attend pas. Qu'elle n'a pas peur. Qu'elle a peut-être oublié notre amour. Qu'elle m'a peut-être déjà remplacé. Et que si elle a appris la disparition de l'avion, qu'elle m'en veut de ne pas lui avoir fait d'adieu.
Mais ça me fout tellement la frousse. Les adieux. Dire adieu c'est appeler la mort. Ou bien la solitude. Dire adieu c'est effacer une partie de sa vie. Les souvenirs. Dire adieu est changer de monde et se plonger dans l'inconnu. Je préfère les au revoir. Et si un jour, nous sommes sauvés. Devrai-je lui dire au revoir ou adieu ? Et lorsque son corps se dessine face à l'océan, j'en ai mal au coeur de m'imaginer des adieux envers lui et ses yeux aussi bleus que la mer.
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Lonely Island.
FanfictionUn voyage. Venise. Deux hommes. Deux inconnus. Un destin de mort, de trouble, de peur. Ces deux hommes aux vies biens rangées, se retrouvant seuls, ensemble, sur une île solitaire. Alors que les derniers morceaux de leur avion coulent sous leurs ye...