III.

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Il ouvrit la portière de son véhicule et la referma. Le matin il arrivait 30 minutes avant le commencement des cours, surtout qu'aujourd'hui, il préparait une évaluation trimestrielle pour ses terminales ES et S. Reiner entra dans la salle des professeurs, salua certains de ses collègues, et s'installa à une table, sortant les feuilles qu'il avait préparé la veille. Les élèves devaient faire 3 fois 500 mètres, le temps de récupération entre chaque tour était de 5 minutes. C'était assez dur mais il voulait absolument bien les entrainer pour le bac car là, ca sera plus dur. 

Annie: - Salut fit Annie en s'installant à ses côtés. 

Reiner: - Salut, tu vas bien ? demanda t-il en notant les barèmes avant de froncer des sourcils face au visage de sa sœur. Tu as une petite mine ?

Annie: - Correction de copies répondit-elle. 

Reiner: - Il n'y a pas que ça... ? Je te connais s'exprima son frère en essayant de capter son regard qui resta impossible.

Annie: - S'il te plait je n'ai pas envi d'en parler souffla Annie en passant sa main sur son visage. 

Reiner respecta le silence de sa sœur et reporta son intention sur ses feuilles. La sonnerie sonna et il se dirigea vers les vestiaires afin de les ouvrir. Les élèves entrèrent et se changèrent. Certains discutaient de ce qu'ils allaient faire ce weekend, d'autres de leurs nouveaux achats niveau fringue. C'était plus du côté filles, les discussions centrées sur la mode, les amours, les trahisons, toutes les conneries si on puisse dire. Chez les garçons, c'était un autre niveau: les filles, les muscles, qui a couché avec le plus et autres idioties. Reiner pouvait les entendre depuis la salle du gymnase, ils n'étaient pas discrets en réalité et c'était amusant.

Son esprit se focalisa sur Berthold, l'homme qu'il avait rencontré l'autre jour, un matin après avoir discuté avec Armin. Ils avaient un petit peu discuté afin de se connaitre et il l'avait laissé partir après que le bus soit arrivé. Il aimerait bien le revoir d'ailleurs. Mais que penserait sa famille...? Il avait caché son homosexualité à sa mère, son beau père et même sa demi-sœur: Annie. S'ils étaient contre ? 

Mieux vaut rien dire pour l'instant. 

Lucas: - Monsieur ?

Reiner: - Pardon s'excusa Reiner en sortant de ses pensées. 

Lucas: - Vous allez mettre les notes sur Pronote ? Celles de piscine ?

Reiner: - Tout à fait. 

Lucas: - Pourquoi on ne court pas aujourd'hui ? 

Reiner: - Comme vous pouvez le voir Lucas, le terrain est en travaux. 

Lucas: - C'est vrai, il y a pleins de trous sur le terrain. Du coup on fait quoi ?

Reiner: - Handball répondit le professeur en rangeant ses feuilles qui étaient censées servir pour l'évaluation. 

Il expliqua les consignes à ses élèves. D'abord c'était un échauffement avant de construire une équipe. 

Matthis s'élança sur le terrain, jetant la balle à son camarade. Reiner les observa attentivement avec une élève qui l'aida pour les fautes. Il remarqua que Elsa attrapa la balle, la lança. Matthis la reprit, se retourna, et prit de pleins fouet un de ses amis. 

Reiner se retint de rire avant de reprendre son sérieux et d'aller les voir. C'était drôle n'empêche de voir des élèves se rentrer dedans. Merde sois sérieux !

Reiner: - Ca va ? Matthis, ce n'est pas une course, regarde autour de toi avant de t'élancer comme une brute sur le terrain. 

Matthis: - Pardon, ça va mec ? ricana le brun en donnant sa main à Sean.

Le cours se termina sous une pluie torrentielle encore une fois, les courageux courraient en traversant la cours à toute vitesse afin de rejoindre les arrêts de bus, bondés. Certains glandés sous leur parapluie en espérant que leur bus se dépêche d'arriver. Reiner marcha sur le trottoir, silencieusement, parapluie en main et sac sur le dos, observant les passants se réfugier sous des abris. C'était amusant de voir ces gens courir pour ne pas être trempés, c'était juste de l'eau, rien d'affolant. Le grand blond aimait bien la pluie, le bruit surtout. Le vent commençait à souffler et les feuilles se détachèrent des arbres, les faisant danser. 

Reiner reporta son intention vers le café et entra à l'intérieur, fermant son parapluie. Il s'apprêta à s'assoir à une place quand il aperçut Berthold au loin. Ce dernier avait la tête tourné vers la fenêtre qui donnait sur la rue. Il semblait être dans ses pensées. 

Reiner: - C'est Reiner, puis-je m'assoir ?

Berthold: - Evidement sourit le brun en tournant sa tête vers lui. Je suis content de vous revoir.

Reiner: - On peut se tutoyer ? 

Berthold: - Pourquoi pas ricana Berthold en buvant son café. Comment tu vas ?

Reiner: - Bien, merci et toi ? demanda Reiner en remerciant le serveur qui posa sa tasse.

Berthold: - Bien. Tu vis ici depuis longtemps car je viens tout juste d'arriver dans cette ville... 

Reiner: - Oui, Nantes est une ville sympa sourit Reiner. J'y suis né d'ailleurs et je ne souhaite pas la quitter. Tu venais d'où avant ?

Berthold: - Caen sourit Berthold. J'ai déménagé car j'ai été muté ici.

Reiner: - Tu travailles dans quel domaine ? s'intéressa le blond en apportant sa tasse à ses lèvres.

Berthold: -Je suis chargé de recrutement et toi ? demanda Berthold.

Reiner: - Professeur de sport répondit Reiner. Dis moi, si c'est personnel je comprends tout à fait... Mais tu es mal voyant depuis ta naissance ?

Berthold: - Pour être honnête j'aurai préféré, mais je suis atteint d'une maladie: rétinite pigmentaire. J'ai perdu la vue à l'âge de  15 ans. Mon père était atteint. C'est génétique.

Reiner: - Je suis désolé... 

Berthold: - Ce n'est rien, il y a pire dans la vie soupira le brun. Le plus difficile c'est de perdre la vue alors qu'on la possédait avant. 

Reiner: - Il y a une possibilité que tu la retrouves  ?

Berthold: - Oui, je peux recevoir un implant mais les coûts sont monstrueux... 15 000 euros l'implant. 

Reiner: - Donc par deux c'est 30 000 euros.

Berthold: - Les opérations sont chers de nos jours, je trouve ça injuste soupira le grand brun en terminant de boire son café en haussant magistralement des épaules. Il faut être riche pour se soigner, ce qui n'est pas donné à tout le monde.

Ils discutèrent pendant de longues heures et n'avaient même pas remarqué que la nuit était tombée. En une soirée, ils se connaissaient comme s'ils se connaissaient depuis de longues années. Reiner l'avait aidé à prendre le dernier bus et était rentré chez lui la conscience tranquille, le sourire aux lèvres.


[Reibert] Be my eyesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant