Chrono Challenge

Jalousie

Sous le coup de la colère, Iris frappa la porte de ses deux poings, le regrettant aussitôt en faisant un bond en arrière et en secouant les mains dans tous les sens. Note : s'acharner sur une porte close n'était classe que dans les films, dans la réalité, ça faisait juste super mal. Agacée et rendue au bord des larmes par la douleur, elle donna un coup de pied cette fois, pas très fort, mais suffisamment pour se venger. Enfin... La porte n'avait sans doute pas vraiment eu mal.

Désespérée, Iris se laissa tomber sur les marches, se demandant comment elle avait pu être assez stupide pour tomber dans le panneau. Tout avait commencé quand Violette avait renversé un pot de peinture ouverte en tombant. Elle ne s'était heureusement pas fait mal, mais un décor avait été éclaboussé, et ça à seulement deux heures de la représentation théâtrale que leur classe devait donner.

Tout le monde avait paniqué, heureusement Boris avait réussi à calmer ses élèves et Violette avait promis de repeindre le décor à la vitesse de la lumière pour réparer sa bévue. C'était là qu'Ambre avait fait remarquer qu'il n'y avait plus de peinture, relançant l'inquiétude des élèves et faisant culpabiliser Violette. Iris avait alors eu la fabuleuse idée de prendre sa défense... Et Ambre l'avait manipulée pour qu'elle se rende dans la cave pour voir s'il n'y avait pas un pot restant quelque part.

La rouquine avait eu le temps d'arriver en bas des escaliers quand elle avait entendu la porte claquer. Elle était remontée à toute vitesse mais c'était trop tard, la porte était bloquée et elle avait pu entendre la blonde ricaner méchamment avant de s'en aller. La garce ! En plus elle n'avait pas de portable, elle portait déjà son costume de petit chaperon rouge parce qu'ils avaient répété en costume juste avant l'incident. Tout ce qu'elle pouvait faire, c'était crier jusqu'à ce que quelqu'un l'entende. Ou jusqu'à ce qu'Ambre décide de la libérer.

Hors d'elle, Iris se releva et recommença à crier en donnant des coups contre la porte mais toujours sans résultat. Personne ne viendrait par ici la chercher, même si elle avait le premier rôle aux côtés de Castiel et Kentin. En voyant qu'elle avait disparue, ils se contenteraient de la remplacer au dernier moment. C'était probablement l'intention d'Ambre en la bloquant dans cette pièce, elle voulait sans doute rafler le premier rôle, surtout si ça pouvait la rapprocher de Castiel. Iris n'avait donc aucune chance. C'était vrai qu'il manquait toujours la peinture... Mais Violette était allé chercher dans la salle d'art et avait sûrement trouvé son bonheur là-bas, elle ne remarquerait pas l'absence d'Iris tout de suite.

Avec le recul, Iris se trouvait stupide de s'être laissé avoir aussi simplement. Ce n'était pourtant pas la première fois que la blonde lui faisait un coup pareil, elle était beaucoup trop proche de Castiel pour qu'elle la laisse tranquille. Elle aurait dû y penser et se détestait de ne pas l'avoir fait. C'était stupide, stupide, stupide.

Désespérée, Iris renonça à se faire entendre et redescendit les marches. Puisqu'elle avait du temps devant elle, elle n'avait qu'à explorer l'endroit. Malheureusement il n'y avait pas grand-chose à voir, de vieux bureaux et de vieilles chaises abandonnés là, quelques mégots de cigarette que Castiel n'avait pas eu l'intelligence de ramasser et rien de plus. Vraiment pas de quoi se distraire. Finalement, Iris renonça à préserver son costume et s'allongea sur le sol, fermant les yeux pour tenter de se perdre dans ses pensées. Cependant elle perçue chaque minute des deux heures pendant lesquelles elle resta enfermée.

Lorsqu'elle entendit la porte se déverrouiller, elle se leva d'un bond, ne prenant ni la peine de se recoiffer ni d'épousseter ses vêtements, et elle fusilla du regard la personne se tenant tout en haut des marches.

-Toi ! rugit Iris, furieuse.

-C'est trop tard, la représentation a commencé, l'informa Charlotte en haussant son sourcil percé.

-Je m'en doute bien ! Ta cinglée de meilleure amie m'a bien enfermée ici pour ça non ? C'est bon, elle l'a eu son stupide rôle ?!

-Oui, elle l'a eu.

Charlotte était aussi calme qu'Iris était en colère et elle ne parut pas s'émouvoir de l'état de la rouquine alors qu'elle descendait tranquillement l'escalier. Cela n'empêcha pas Iris de lui hurler dessus malgré tout.

-Tout ça pour tenter de se rapprocher de Castiel ! Mais elle n'a aucune chance, aucune, tu m'entends ?!

-Et toi non plus. Ni lui. Tu aurais dû savoir qu'on aurait jamais permis ça. Toi et lui ? C'est une blague peut être ?

-Y a que toi que ça amuse en tout cas !

-Ça m'amuse pas plus que toi, la contredit Charlotte, toujours aussi calme. Tu crois que j'ai que ça à faire, distraire ce crétin pendant qu'Ambre te bloque ici ? Et ensuite faire en sorte que personne ne te cherche ? J'aurai des choses beaucoup plus intéressantes à faire que ça.

-Oh, et quoi donc ? demanda Iris.

-Ça par exemple.

Sans s'occuper de l'expression furibonde d'Iris, Charlotte se pencha sur elle, happant ses lèvres entre les siennes pour l'embrasser brièvement. La rouquine la repoussa sèchement, les joues cramoisies.

-Tu es complètement dingue ma parole !

-De toi ? Par toi ? Oui, confirma Charlotte en fronçant les sourcils.

Iris tenta de la repousser encore une fois alors que Charlotte s'approchait mais la brune lui attrapa les poignets et la fit reculer jusqu'à la bloquer contre le mur.

-Aucune chance, répéta-t-elle, pour que je te laisse t'approcher de ce mec. Et encore moins qu'il s'approche de toi, c'est clair ? S'il te touche je le massacre, que ça plaise à Ambre ou pas.

-Lâche moi !

-Pas question. Putain mais t'aurais dû voir la manière dont il matait ton cul quand tu le voyais pas, c'est quoi ce costume de merde pour commencer ? Et toi tu te marres avec lui, comme si tout allait bien...

-On m'a donné ce rôle, je l'ai pas choisi ! protesta Iris sans cesser de se débattre. Et toi tu m'as enfermé ici comme une grosse psychopathe, mais t'es pas bien !

-Je t'ai prévenue Iris, gronda Charlotte. Je partage pas. Tu savais à quoi t'attendre et ça tu l'as choisi toute seule. Si je dois te le rappeler en te laissant mariner dans une putain de cave, je le ferai. Mais si jamais tu le laisses te toucher encore c'est dans ma cave à moi que je vais t'enfermer. C'est clair ?

Iris déglutit, toujours en colère mais également émoustillée. Oui, elle savait que Charlotte était comme ça. Et oui, elle l'avait choisie en connaissance de cause. Elle ne pouvait pas se plaindre, c'était marqué sur l'emballage et bon sang... Ça lui plaisait vraiment !

Le cœur battant, elle cessa de se débattre et laissa Charlotte plaquer ses hanches contre les siennes alors qu'elle se penchait de nouveau sur elle pour lui offrir un baiser. Cette fois ci, Iris le lui rendit avec ardeur, franchement ravie par cette situation.

Elle se dit que finalement, ça valait le coup d'être enfermée dans la cave par Ambre. Puis elle cessa de penser.