Quel génie d'avoir lancé un tel jeu.
Ou peut être que c'était une belle connerie finalement.
Le jeu de la plume ne connaissait pas de gagnant, jamais. Lequel allait céder en premier ? Et le but était-il vraiment de tenir bon ? Il n'en savait rien. Ce qu'il savait c'était que c'était l'enfer tout autant que le paradis.
Elle était si belle, à se tortiller ainsi. Nue, incapable du moindre geste, ses délicats petits poignets liés à la tête du lit, elle ne pouvait que subir la douce torture qu'il lui infligeait. Le tissu sur ses yeux l'empêchait de voir où il allait attaquer ensuite. Le ventre ? Les cuisses ? La clavicule ? Impossible de le prédire, il faisait tout son possible pour la surprendre, pour la pousser à bout.
Et ça fonctionnait. Sa peau était à vif, guettant le moindre effleurement de plume, le moindre chatouillis qui embraserait toujours plus la frustration logée dans son corps. Le souffle court, elle se mordait la lèvre pour ne pas gémir, pour retenir ses supplications qui le persuaderaient de cesser son petit jeu. Elle n'allait pas perdre en parlant la première. Elle ne lui demanderait pas de poser sa plume et d'utiliser ses mains, sa bouche, de la prendre toute entière et de la combler comme il savait si bien le faire.
Non, elle ne le ferait pas. Alors elle se tendait du mieux qu'elle le pouvait, cherchant son contact autant qu'elle le fuyait, le feu brûlant au creux de ses reins la dévastant un peu plus à chaque seconde.
Il pouvait voir les frissons parcourir son épiderme, sa peau rougie là où il passait son instrument de torture. Il la voyait serrer les cuisses, se mordre la langue, il entendait les petits sons qui sortaient de sa gorge et franchissaient ses lèvres tentatrices. Mais il n'y poserait pas les siennes. Il ne la toucherait pas. Il allait continuer ainsi, à la voir taire son désir jusqu'à ce qu'elle cède enfin, et alors il pourrait laisser libre cours au sien.
La voir ainsi était insupportable. Retenir ses mains, ne pas la toucher, ne pas pouvoir la goûter, c'était là la pire épreuve de sa vie. Cependant il était bien décidé à attendre tant qu'il le faudrait. Un mot de sa part et elle aurait ce qu'elle désirait, mais elle se taisait, et il ne ferait rien qu'elle ne lui demande pas.
Il lui suffisait d'un mot.
Il lui suffisait d'un geste.
Mais ils souhaitaient gagner tous les deux. N'était-il pas plus simple et plus satisfaisant de céder ? Ils ne l'apprendraient qu'au moment de lâcher prise. Mais abandonner n'aurait pas la même saveur sans avoir lutter avant.
Le jeu de la plume ne connaissait pas de perdant non plus, encore fallait-il savoir faire la différence entre perdre et laisser gagner.
Le Paradis tenait à si peu de choses finalement.
Alors ?
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Chrono Challenge
RandomUne heure pour écrire sur un thème choisi parmi trois, et voilà !