Ce moment, ces quelques instants juste avant la nuit, c'était ce qu'il préférait dans une journée. Quand le soleil disparaissait peu à peu à l'horizon, semblant se noyer, s'éteindre dans l'infini de l'océan. Le ciel se parait alors de rose, d'orange et d'or, et l'eau prenait cette teinte indéfinissable, semblant irradier. Le sable s'accordait à tout cela, comme s'il lui était impossible d'avoir l'audace de ne pas participer à la perfection de ce chef d'œuvre naturel.
Elle était là, face à ce spectacle. Elle ne l'avait pas remarqué, trop absorbée dans sa contemplation. Elle aussi aimait ce paysage, mais pas autant que lui. Et certainement pas autant qu'il l'aimait elle.
Il sourit à cette pensée : il lui arrivait d'être vraiment prétentieux. Il n'y pouvait rien, quand il s'agissait d'elle il n'était plus lui-même. Ou bien peut être qu'il devenait lui-même justement. Cette idée lui plaisait.
Retirant ses claquettes, il descendit les quelques marches qui le séparaient du sable et s'y engagea, rejoignant sa belle. Elle se retourna en l'entendant arriver et lui sourit, une image bien plus éblouissante encore que le coucher du soleil derrière elle. Une image qu'il n'échangerait jamais pour rien au monde. Elle tendit la main vers lui et il la saisit, venant se placer derrière elle et l'entourant de ses bras. Nichant son nez dans son cou, il inspira son odeur, un mélange étrange de pain d'épice et de noix de coco et il ferma les yeux pour mieux le savourer. Il les rouvrit en l'entendant glousser parce qu'il la chatouillait. Il adorait ce son. Le plus beau son du monde.
Lentement il la fit pivoter, la détournant de l'horizon pour qu'elle le regarde lui. Elle ne se fit pas prier et accepta son baiser avec joie. Sans se presser davantage, il retira un à un tous ses vêtements, caressant sa peau, admirant les frissons qu'il parvenait toujours à provoquer par son contact, et elle fit de même avec lui. Il l'attira ensuite dans l'eau et elle se laissa faire, confiante. Elle n'avait jamais douté de lui et il l'aimait pour ça aussi. Il n'y avait rien qu'il n'aimait pas chez elle.
Un temps plus tard ils étaient de retour sur le sable. La nuit était tombée et il n'y avait plus de coucher de soleil alors ils admirèrent la nuit, la lune et les étoiles, serrés l'un contre l'autre. Le paysage importait peu du moment qu'ils étaient ensemble.
-Tu te rappelles la première fois où nous sommes allés à la plage tous les deux ? lui souffla-t-il.
-La première fois ? répéta-t-elle en réfléchissant. Ça remonte à des années c'était juste après le... L'accident de Nina.
Sa joie s'était un peu ternie à ce souvenir et il lui caressa l'épaule, un geste de soutien et d'excuse pour lui avoir rappelé que sa meilleure amie avait faillis mourir.
-C'était son idée, pour te remonter le moral, ajouta-t-il. Une sortie tous ensemble. Spike et elle étaient allé se cacher derrière un amas de rochers pour être tranquilles.
-C'est vrai, se rappela-t-elle plus joyeusement. Et Aurélie et Isma avaient fait la même chose dans la forêt.
-J'avais oublié ça, la moitié d'entre nous n'avez pas comprit ce qu'il s'était passé entre eux avant que Candice ne fasse une gaffe.
-Toi tu avais compris. Tu comprends toujours ce genre de chose.
-Tu sais ce que j'ai compris d'autre ce jour-là ?
-Non ?
-Que je t'aimais.
Comme toujours il s'était exprimé très tranquillement, avec une conviction inébranlable, et elle se tourna vers lui, plantant son regard dans le sien.
-Quand ? souffla-t-elle.
-Le deuxième soir. Devant le coucher de soleil. Pendant que les autres flirtaient ou se bagarraient, toi tu t'es couchée contre moi et tu m'as dit...
-Que tu méritais mieux que d'attendre qu'une épave comme moi soit rafistolée. Je m'en rappelle. Et tu m'as répondu que...
-Même l'épave la plus abîmée peut être exceptionnelle à celui qui sait voir.
-C'était très prétentieux.
-C'est vrai... Mais c'est à ce moment là que j'ai compris. Parce qu'à partir du moment où je t'ai rencontrée je n'ai plus vu personne d'autre, c'était devenu impossible. Et même après ce qu'il t'est arrivé, même si ensuite tu étais abîmée, je t'aurai aimée de la même manière. Parce que c'était toi et personne d'autre.
Elle lui sourit, un sourire doux. Il aimait tout ses sourires de toute manière.
-Avant cette journée à la plage je n'avais même pas cru possible pouvoir encore intéresser un garçon. Mais je n'aurai pas pu avec quelqu'un d'autre que toi. Tu me plaisais déjà avant toute cette histoire, l'accident de Nina et... Le reste. Mais quand je t'ai vu, quand tu es venu me chercher... Il ne pouvait plus y avoir personne d'autre après ça.
-Je sais me faire remarquer, plaisanta-t-il.
-Je t'aime.
-Moi aussi ma belle.
Passant ses bras autour de son cou, elle se mit sur la pointe des pieds pour l'embrasser doucement. Après le traumatisme qu'elle avait vécu, elle avait longtemps eu du mal à agir comme ça, à venir vers lui par elle-même. Et même si ce n'était plus si rare à présent, il voyait toujours cela comme un miracle, un cadeau.
-Je comprends mieux ta passion pour les couchers de soleil, rit-elle.
-C'est parce qu'ils me rappellent ma plus grande passion. Toi.
Elle lui sourit de nouveau. Elle le croyait. Il ne lui avait jamais menti et ne jouait pas, jamais. Il disait qu'elle était exceptionnelle, irremplaçable, mais elle connaissait la vérité. C'était elle qui avait de la chance, lui qui était un être à part.
Entremêlant ses doigts aux siens, elle tira sur son bras pour qu'il la suive à l'intérieur. Elle avait l'intention de le déshabiller de nouveau. Et elle comptait bien recommencer encore et encore pendant les années à venir. Pour toujours s'il était d'accord.
Et il l'était.
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Chrono Challenge
LosoweUne heure pour écrire sur un thème choisi parmi trois, et voilà !