Ses défenses d'ivoire lui ont été retirées
De beaux charognards sont venus lui arracher.
Sans remords sans scrupules
On les arrache sur la bête en souffrance
Ses cornes volées pour un prix dérisoire
Face au véritable prix d'une vie pourtant si illusoire
Son petit dérobé en même temps que les bouts de son corps
On en a besoin à ce qu'il parait
Il convient tant au décor.
On lui apprend des tours tout du long de sa présence
On le laisse s'abuser pour amuser l'audience
On le frappe ou l'arrose d'insultes
Si par malheur son cœur refuse,
Si par malheur il choisit la révolte
Ce sera au prix de quelques milliers de volts
Et les petits d'hommes rient du vieil éléphanteau
Maintenant grandi loin de sa mère
Qui n'est plus qu'ossements enfouis sous la Terre
Et l'éléphanteau devenu grand qu'on appelle désormais grand éléphant
Reste au fond de lui un petit meurtri
À qui on a retiré sa mère
Pour apprêter les femmes des charognards
Et lui ne sert qu'à faire rire leurs petits
Grand éléphant reste fort
Car un jour on lui rendra sa liberté
Et il n'en a que faire d'attendre
La mort viendra le faire s'envoler.
