La Flotteuse

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L'eau de source dans les sinus
Quelques bruits venus du Monde
Du Monde de l'Ailleurs qui s'affaire
À préparer les arrivés les plus fortuites
Dans le ruisseau le corps frêle
Semble faire la planche
Les yeux vides et le coeur encore lourd
Des dernières heures passées sur Terre
Le rouge à lèvres éclatant s'estompe,
Laisse place aux lèvres brutalisées
Bleutées un peu, froides beaucoup
Rien ne pourrait en sortir
Pas même l'eau qui s'y est forcée
C'est trop tard et dans un râle
Que quelqu'un lui crie que c'est terminé
Qu'on chante une ode à la vie arrachée
Et qu'on se taise dans le silence éloquent 
Pourtant son visage si paisible n'offre que des doutes à qui le voit
La mort la prise sous son emprise
Et elle l'épouse en des traits si relâchés
Je souhaiterais presque être à sa place
Je balaie cette pensée et m'attelle à la tâche
Celle qui m'a été donné celle qui m'attache
Aux corps de ceux partis sans le devoir
J'étudie le cadavre à la peau douce
Mes émotions me submergent un peu comme elle a dû l'être
Je me demande toutes les raisons
J'attends des bruits, des explications
Tout en sachant que personne ne sait
Si ce n'est la flatteuse endormie
Elle flotte vers le silence
Je ne la retiens pas, le fleuve est dense
Et à l'écoute des secrets des esprits.

Quelques Maux ExprimésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant