Chapitre V: Olieb

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-"Whouuuuuuuhouuuuuu!"

l'adrénaline courait dans mes veines. La vitesse me filait des frissons, le vent décoiffait mes cheveux et le soleil de la fin de journée me paraissait la peau de sa chaleur. J'avisais une vague en formation en face de moi, me dirigeais vers elle en pédalant de mes bras et au moment où la vague allait se casser, je me levais sur ma planche. Les jambes fléchies, les bras en balancier, je tournais sur la gauche, puis sur la droite. J'amorçais un passage dans le rouleau qui se formait et chutais lorsqu'il se referma sur moi. L'eau tiède d'Hawaï me recouvrit. J'émergeais enfin de l'eau en me rattrapant à ma planche, repensant à la belle vague que je venais de surfer. Je décidais de rester pour une dernière vague puis, regagnais la plage tranquillement. Ma planche sous le bras, je me dirige vers l'endroit où j'ai laissé un peu plus tôt mon sac et ma serviette. Je me sèche rapidement puis m'assois sur le sable pour regarder le soleil se coucher. Le ciel était déjà rosé et l'immense étoile jaune commence déjà à disparaître derrière l'horizon pour laisser place à une lune bien ronde.

J'attrape le collier en corde noir qui pend à mon cou et joue avec. La surface du pendentif, un oeil de Sainte-Lucie venant de Corse me rassurait. Ma mère me l'avais offert quand j'étais petit et c'est le seul souvenir d'elle qu'il me reste. Elle est morte d'une embolie pulmonaire lorsque j'avais 3 ans. N'ayant que quelques bribes d'images floues d'elle, ce collier permet de me rattacher encore un peu à elle. Comme un rappel pour me dire qu'elle sera toujours présente pour moi à chaque instant.

Je ramasse mes affaires, prends ma planche et me dirige vers le village, pour regagner mon chez-moi, confortable et rassurant. Quand j'arrive enfin, après une vingtaine de minutes de marches, il fait déjà complètement nuit. Pourtant je n'ai pas froid, malgré mon short, mon tee-shirt et mes cheveux mouillés. Un vent chaud souffle ce soir là, une petite caresse offerte par la nature. Je suis arrivé au chemin qui conduit chez moi. Là-bas, tout au bout, un grand portail blanc en acier. Et derrière celui-ci, une immense maison sur 2 étages, moderne et vitrée. Un vaste terrain l'encadre, et, sur le côté, une large piscine bleue turquoise. Je n'ai jamais vraiment aimé me baigner dans la piscine. Préférant de loin sauter dans l'eau salée de l'océan, sentir les grains de sable s'accrocher à ma peau en séchant.

Une fois à l'intérieur, je pose ma planche dans mas chambre et mets mes affaire au sale. Je me dirige vers le salon et m'assois sur le canapé. Je prends mon téléphone et commence à naviguer sur les réseaux sociaux. Je réponds aux messages que j'ai reçut durant la journée et envois quelques photos. Je me décide ensuite à ouvrir Facebook que je n'avais pas encore utilisé. A peine l'application lancée, une tonne de publications inondent mon fil d'activité. Des photos d'un bâtiment en ruine, des vidéos montrants le chaos suivant l'explosion d'une bombe, des gens affolés courants partout et de longs messages en mémoire aux différents morts. 

Les Limiés. Encore eux. Des centaines de victimes à cause de fanatiques d'une nouvelle religion, voulant purger le monde de sa "noirceur". Je ferme l'application pour ne plus avoir à faire face à toutes ces atrocités. Je me lève du canapé et me dirige vers la cuisine, en quête de quelque chose de mangeable. j'ouvre le frigo, en sors une bouteille de lait et vais chercher dans le placard du pain de mie et du chocolat. Mon père rentre tard ce soir je dois me débrouiller pour manger et je n'ai absolument pas envie de cuisiner.

J'entasse donc mes trouvailles dans mes bras et monte dans ma chambre. Je compte passer la soirée devant mon ordinateur à regarder un film ou à écouter de la musique. Je pose la nourriture sur ma couette et me prépare mon premier sandwich pain de mie-chocolat avant d'ouvrir mon ordi. Je décide de lancer "the road within", long-métrage qui retrace l'histoire de 3 ados aux problèmes psychologiques s'enfuyant de la clinique dans laquelle ils sont pour gagner l'océan. Le film touche à sa fin et j'entend la porte d'entrée s'ouvrir.

-" Olieb t'es là ?! crie une voix grave depuis l'entrée.

- Oui attends 2 minutes je descends!"

J'enfile un pantalon et sors de ma chambre pour gagner le rez-de-chaussée. Une fois arrivé dans le salon, je croise le regard de mon père. L'homme de 50 ans, cheveux grisonnant originellement bruns et aux lunettes grises me sourit chaleureusement. Depuis la disparition de ma mère nous nous sommes beaucoup rapprochés. En effet, nous étions l'un pour l'autre la bouée de sauvetage qui nous maintenait la tête hors de l'eau et qui a permis que notre lien avec le monde réel ne se brise pas à cause du chagrin. ma mère n'ayant pas de famille en vie, et mon père ayant coupé les ponts avec ses parents, nous nous sommes retrouvés sans aucun autre point d'accroche que nous même, ce qui à tissé des liens aujourd'hui indéfaisables.

-"Comment ça va mon grand ? Je n'ai pas été trop long aujourd'hui ? me demande-t-il soudain inquiet.

-Non non t'inquiètes j'ai pas vu le temps passer avec ma planche!

Mon père souffla. Il n'aime pas me savoir seul sur ma planche.

-Ca va j'ai fais attention! Regarde! Je suis en vie! Tout va bien!

Il fronce les sourcils puis se lance:

- Tu sais quoi! La semaine prochaine je pars pour 3 semaines au Pays-Bas pour le boulot... Tu voudrais pas venir avec moi pour une fois? Ca te ferra changer d'air et on aura 3 semaines pour nous!... ou presque.

Choqué par cette annonce inattendue, j'ouvre la bouche avant de la refermer.

-Oui oui! je réponds précipitamment sans réfléchir."

Je n'ai jamais voyagé plus loi que la petite île sur laquelle nous vivons. Je n'ai jamais fait mes valises pour partir en vacances, car notre petit paradis nous suffit amplement et je n'ai surtout jamais pris l'avion. 

Les Pays-bas, les spécialité européennes, les rues pavées, Amsterdam... J'en rêve déjà.



Il était tempsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant