Chapitre VIII: Afred

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-"Afred!" crie-t-on de nouveau.

Je me retourne vers l'origine du bruit. A l'autre bout de l'allée, un homme aux cheveux grisonnant, pousse la foule avec ses coudes et remue vivement ses bras en avançant rapidement vers moi. Arrivé à ma hauteur il me prend dans ses bras. Je me raidis, en ne lui rendant pas son accolade. Mon père était comme un inconnu pour moi. Je n'ai que peu de souvenir avec lui, 8ans sans père ça fait pas mal de temps pour un enfant, puis un ado.

Il se détache enfin, ses mains toujours de part et d'autre de mes épaules. Il me détaille de la tête aux pieds, une lueur de fierté dans ses yeux. Il a l'air d'être ravis de me voir et que je vienne habiter chez lui. Pas moi. Il a l'air heureux de voir son fils tandis que moi je n'ai aucune envie de renouer un quelconque lien avec un père "fantôme", qui m'a abandonné quand j'étais enfant alors que lui est partit s'installer à Amsterdam pour mener une nouvelle vie à l'Européenne, une vie plus simple, gagnant plus. Une vie de rêve. Il a choisit de laisser sa famille se débrouiller sans lui. Cet homme n'est pas mon père. Et il ne le sera plus jamais. Il me prends la valise que je tiens et commence à se diriger vers la sortie de l'aéroport, enthousiaste, me demandant de le suivre.

-" Alors tu as fait bon voyage ? me demande-t-il un peu gêné ?

-Très bien merci je réponds poliment.

-Bon ça va alors! Tu verra j'ai préparé ta chambre en prévision de ton arrivée. Je savais que tu viendrais un jour, mais je t'avoue que je pensais te revoir un peu plus tôt."

Je ne comprends pas. Cet homme a l'air de m'attendre depuis un certain temps alors qu'il n'a donné aucun signe de vie, aucune nouvelle pendants plus de 8 ans. Je ne pouvais pas être sûr qu'il était encore vivant que par les affirmations de ma mère.

Arrivés à la voiture, il pose ma valise dans le coffre et s'installe au volant. Je met mon sac à dos à mes pieds et regarde par le fenêtre. Un nombre incalculable d'immeubles et de rues inconnues se succédaient devant mes yeux. Trop de nouvelles informations se déversent dans mon cerveau. Je ferme les yeux pour couper tout contact avec le monde extérieur. Je me construis une barrière face à toutes ces nouveautés, face à ce monde inconnu dans lequel j'étais perdu. Quand je rouvre les yeux, je pose mon regard sur mon père. Concentré sur la route il a l'air calme, assuré. Les ridules qui se forment au coin de ses yeux indiquent que sa vie n'a rien de triste et qu'il n'est plus tout jeune. Je pense qu'il était très heureux avant mon arrivée, sans moi.

Pourquoi aurait-il accepter que je vienne emménager chez lui alors que sa vie à l'aire d'être totalement ordonnée, rangée et calme ? L'arrivée d'un fils qu'il n'a pas vu depuis ses 8 ans devrait être une véritable tornade. Pourtant, il n'en montre rien.

La voiture tourne à l'angle d'une rue qui semble être à la périphérie de la vielle. Elle ralentit et finit par s'arrêter devant le portail vert d'une petite maison de banlieue, en brique rouge. Elle est entourée par une fine bande de pelouse bien verte et fraîchement coupée. Mon père sort une petite télécommande de sa poche er appuie sur un bouton qui a pour effet l'ouverture des portes en acier.L'allée devant la maison était juste assez longue pour pouvoir garer une voiture.

Une fois arrêté, la valise sortit du coffre, mon père ouvre la porte d'entrée. La maison n'est pas très grande mais les larges fenêtres illuminent les pièces du soleil toute l journée et le rez-de-chaussée spacieux agrandis considérablement l'espace de vie. L'intérieur est joliment décoré, dans les tons chauds de bois. Un canapé en cuir avec ses deux fauteuils est placé au centre du salon, entourant une table basse. Contre le mur se trouve un très grand écran mural. A côté du coin salon, se trouve une table à manger. Pas très grande mais qui laisse quand même un large espace entre chaque chaise.

Après m'avoir fais visiter le rez-de-chaussée, mon père monte à l'étage avec ma valise. Je n'ai d'autre choix que de le suivre. Une fois le tour de la salle de bain, du bureau et de la chambre principale fait, il ouvre la porte e ce qui doit être ma nouvelle chambre.

-"J'ai tout préparé ! Ton lit est fait, tu as une armoire vide où ranger tes vêtements et j'ai fait livrer un bureau pour que tu puisses travailler dans de bonnes conditions. Sur ton lit je t'ai posé des affaires de toilettes. Bon pour la déco je n'ai rien fait ne connaissant pas tes goûts. Tu peux la décorer comme tu le souhaites, accrocher des posters au mur ou des photos, coller des tickets ou je ne sais quoi comme font les ados normaux. Je te laisse un peu seul pour que tu prennes tes marques et que tu ranges tes affaires pendants que je prépare le dîner.

-Merci monsi.... Merci, je dis en guise de réponse.

-De rien, pas de quoi ! Et pas de "monsieur" avec moi. Si tu ne veux pas m'appeler "papa", appelle moi au moins Carl. Bon ! J'y vais ! Si tu ne veux pas descendre manger ce soir ce n'est pas grave reste ici. Demain tu vas devoir te lever tôt, je n'ai pris qu'un jour de repos et il faut que je te montre ce qu'il y a d'intéressant à Amsterdam, qu'on te prenne une carte de bus et que je te montre ton nouveau lycée."

Sur ce, il quitte la pièce me laissant seul. Je défais ma valise et range le peu d'affaire que j'ai emporté, sur des étagères ou dans l'armoire. Puis, je m'affale sur mon lit. J'ouvre mon sac à dos, pose mon ordinateur sur la table de chevet à côté de mon lit et branche mon téléphone à une prise que je trouve près de la porte. Ma mère m'a envoyé un message que je n'ai pas encore ouvert. Je le lirais demain.

Je plonge une nouvelle fois la main dans mon sac et sors le seul livre que j'ai emmené pour le voyage : Les âmes vagabondes. Une vieille édition que m'avait offert mon père avant de partir de la maison quand j'étais enfant. Les pages sont jaunies et cornées à force d'avoir été tournées et la couverture est partiellement déchirée par le nombre de fois où je l'ai ouvert.

Enfin, je prends la boule à neige de ma tante et la pose doucement sur le bureau, oui je retourne m'allonger sur mon lit. Je m'endors en quelques instants, sans pouvoir descendre partager le 1er repas de ma nouvelle vie avec mon père.



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⏰ Dernière mise à jour : Nov 10, 2019 ⏰

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