Métro, boulot, dodo... la boucle continuelle de ma vie. Dans le monde d'aujourd'hui, sans argent, sans rien qui puisse payer un logement et à manger, tu te retrouves envoyé le plus loin possible d'Amsterdam pour travailler au compte de l'état, sans gêner l'image du pays. Alors forcément, tu prends le 1er job qu'on te propose sans rechigner. L'argent que tu arrives à gagner est presque instantanément dépensé pour acheter ce dont tu as besoin pour vivre. Tu n'as pas le temps pour toi et pas d'argent pour les loisirs. Notre vie se limite à se lever, aller travailler et rentrer chez sois pour attaquer ensuite une nouvelle journée. Vie de merde, enchainés comme des chiens, sans aucune solution qui puisse nous aider à nous libérer de nos chaînes.
BOUM! BOUM! BOUM!
Les coups sourds donnés à la porte de la salle de bain me tire de mes pensées.
-"Aller ! Bouge toi ! Jvais plus avoir d'eau chaude moi ! C'est comme ça tous les jours! Pire qu'un gonzesse me crie Bianca.
- Arrête de raller c'est bon je sors, je sors !"
Je décide donc de quitter mon cocon de chaleur et de douceur, la protection futile et éphémère de l'eau qui coule sur le corps. J'éteins l'eau, attrape ma serviette et sors de la douche. Je me prépare en vitesse, me rase de près et déverrouille la porte pour permettre à Bianca de rentrer.
-"Ha bah c'est pas trop tôt ! J'ai faillit me momifier sur place ! Bon vite vite ! Jvais être en retard!"
Je regarde l'heure sur mon téléphone. 8h15! Je vais moi aussi être en retard si je tarde trop. J'attrape mon blouson sur le canapé, met mon sac sur mon dos et vais chercher en vitesse une pomme dans la cuisine. Avant de partir je retourne à toute vitesse dans la salle de bain. Ouf, Bianca n'est pas encore sous la douche. Je l'embrasse rapidement, lui souhaitant une bonne journée et pars de l'appartement au pas de course. Hésitant à prendre l'assesseur, je me décidais finalement à emprunter les escalier. Ca irait serment plus vite de descendre les 5 étages à pieds plutôt que d'attendre le vieil ascenseur. Arrivé en bas de l'immeuble, j'enjambe mon vélo et commence à pédaler en direction du "4 108 Bagg' ", le coffee shop dans lequel je travaille. La montre que je porte au poignet m'indique qu'il est actuellement 8h25. Il me reste donc 5 min pour traverser la ville et être derrière le comptoir avant que les premiers clients arrivent.
Après quelques virages, feux et piétons bousculés, j'arrive à bout de souffle en vue du "4 108 Bagg' ". J'attache mon vélo à un poteau et me dépêche d'entrer dans le coffre shop.
DRIIIIIIIIIIIIIIING!
La clochette placée au dessus de la porte annonce mon arrivée. Une tête aux cheveux bleus surgit de l'arrière de la cuisine. Ses deux yeux noisettes me fixent et me détaillent comme s'il voulaient comprendre pourquoi je suis si essoufflé, pourquoi le haut de mon front est humide, pourquoi mes gestes sont si pressés. Des sourcils se froncent dans l'incompréhension, puis, n'ayant pas plus d'explication, ce visage se fend d'un large sourire et Molly, mon binôme lors de nos journée de travail explose de rire.
-"Comment peux-tu espérer vendre ne serait-ce qu'un bagel en arrivant tous les jours essoufflé, en nage et rouge comme une tomate !"
Je passe devant elle après lui avoir déposé un bisou sur la joue, pose mon sac dans le petit vestiaire mis à notre disposition au fond de l'arrière cuisine et enfile le tablier marron sur lequel est imprimé le nom du coffre-shop.
-"Tu sais Zol', je ne sais jamais si je te verrai passer la porte du 4 108 Bagg' tous les matins. A partir tous les jours aussi tard de chez toi, tu va finir par te faire renverser par une voiture ou créer un accident avec des piétons me crie-t-elle depuis l'avant de la boutique.
-Arrête de t'inquiéter va! Tu vois bien que je suis entier et à l'heure !"
De retour au comptoir, j'active les robots serveurs, les programme pour la journée et allume l'écran mural. Enfin j'active l'ouverture automatique de la porte d'entrée et met à pré-chauffer les fours pour servir les gâteaux, pancakes et baggles servis chauds. En attendant l'arrivée des premiers clients, je prépare les traçages et les décorations à mettre sur les desserts qu'on a reçu ce matin.
A 8h40, un premier groupe de clients arrivent, sac de cours sur le dos, les écoliers doivent venir commander le petit déjeuner qu'ils n'ont pas eu le temps de prendre chez eux. En s'avançant vers moi, je perçois quelques bribes de leur conversation:
-"Allemagne...blablabla...Palais de la Municipalité...blablabla...morts...blablabla...GDM..."
Quoi ? Les "Limiés" auraient donc attaqué une nouvelle fois le symbole de la puissance terrienne ? Les ados arrivés à ma hauteur passent commande et vont s'assoir à une table dans un coin du café. Une fois la préparation des chocolats et des cafés lancés, et les viennoiseries déposées sur un plateau, je changes la chaîne de l'écran mural actuellement sur une chaîne de musique pour chercher des émissions d'informations. Je trouve enfin un journal où placé devant le PMMT (palais mondial de la municipalité terrienne) entouré d'une bande blanche et rouge utilisée habituellement par les secouristes et les forces de l'ordre pour baliser une zone. L'homme filmé, micro à la bouche, revient sur les évènements qui se sont produits le matin même.
Derrière lui, des hommes en uniformes courent dans tous les sens pendant que des civières sont amenées aux ambulances. L'image se coupe brutalement pour revenir sur le clip d'une musique qui passe actuellement à la radio et à la télé. Je me retourne et vois Molly la télécommande à la main, l'autre main sur la hanche qui me regarde toujours sourcils froncés.
-"Zoliert ! Arrête de regarder les infos et occupants toi plutôt des clients avec moi ! Je peux pas tout faire toute seule" me chuchote-t-elle en me montant la queue de personnes qui commencent à s'impatienter.
Encore sous le choc de ce que j'ai appris je retourne prendre la commande des clients interdits, muet et inquiet. Je travaille toute la journée comme un robot. Le travail, prendre les commandes à la chaîne et les préparer me change les idées. C'est quand même étrange que cet évènement me secoue à ce point. Lorsque les PMMT de Los Angeles, de Melbourne et de Séoul avaient été détruit par les Limiés je n'avais pas été autant touché.
Je finis la journée dans un total état second. Je n'ai même pas entendu Molly me dire au revoir et je ne sais pas comment je suis rentré chez moi. Je me souviens seulement d'avoir pédaler et pédaler encore.
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Il était temps
Aventura5 jeunes que tout sépare, 5 vies différentes, 5 villes différent, 1 seul et même destin.