Chapitre 6

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«J’en ai profité pour ajouter d’autres questions sur les chapitres précédents, ce contrôle est donc coefficient cinq. Bonne chance à tous. », ajouta le professeur, un rictus mauvais sur les lèvres.  A l’entente de cette information, même ceux qui avaient eu l’air le plus sûr d’eux perdirent un peu de leur superbe. Jenny paniqua alors plus que ce que le bon sens exigeait et elle ne l’expliquait d’ailleurs pas. Son teint déjà si blanc devint d’une pâleur cadavérique et tout son corps se mit à être secouer de tremblements incontrôlables, une boule semblait lui obstruer la gorge et sa respiration se fit difficile. Mais pour quelle raison se mettait-elle à paniquer de la sorte ? Elle, d’un tempérament si calme, prudent et maîtrisé d’habitude. Une partie d’elle était consciente de cette panique étrange et souhaitait l’arrêter, malheureusement sans succès. C’était comme si son esprit ne contrôlait plus rien et était seulement animé par cette brusque émotion qui semblait faire ce qu’elle voulait de son corps et arrivait à agrandir la panique plus qu’il ne l’était permis pour un simple examen. Elle n’était quand même pas devant un monstre surnaturel qui s’apprêtait à la dévorer ! Octave, une table plus loin, lui jeta un regard curieux, comme plongé dans ses pensées. Il ne semblait même pas si surpris que cela et ne la regarda pas de manière moqueuse contrairement à l’accoutumée. Pourtant, cette réaction chez elle aurait dû éveiller en lui une remarque railleuse, narquoise ou au moins une petite lueur amusée dans les yeux. Jenny, trop occupée à tenter d’arrêter cette « crise » ne parvint pas à soutenir son regard, ce qui l’irrita au plus haut point mais la panique la submergeait d’ores et déjà et la rongeait tellement qu’il n’y avait plus de place pour la honte ou l’irritation. Là encore, Octave n’afficha pas de mine triomphante comme il aurait dû.  Se détournant, Jenny se confronta au visage préoccupé de Deborah, qui la fixait, inquiète et interloquée. Soudain, M. Patzeav, posa le sujet sur la table de Jenny, sans lui jeter le moindre coup d’œil. Tout à coup, la tasse de café glissa de manière incongrue de la main du professeur si habile d’accoutumée et se renversa sur le sujet, le rendant illisible. L’excès de panique quitta Jenny subitement, aussi rapidement qu’il était apparu. M.Patzeav hoqueta et déclara, assez remonté :
«  Bien, malheureusement je n’ai pas fait de sujets supplémentaires…Puis avec un rictus mauvais, il compléta, Monsieur Admelan voulez-vous bien accompagner Mademoiselle Blackmoon avec votre sujet afin d’en faire une photocopie, je vous prie. » Deborah et Adam lancèrent un regard compatissant à Jenny, cette dernière qui d’ailleurs  avait des yeux qui lançaient des éclairs et semblait  prête à imploser à n’importe quel moment. Octave se leva posément et tous deux sortirent de la salle de mathématiques. Jenny serrait les poings et la mâchoire avec force, cependant elle n’en était même pas consciente, c’était comme la panique qui l’avait submergé en classe.
« Maîtrise toi, même si c’est compliqué, tu ne voudrais quand même pas attirer l’attention, je suppose. », murmura le blond, calmement qui la jaugeait du regard depuis qu’ils étaient sortis comme s’il craignait qu’il ne se passe quelque chose.
Jenny écarquilla les yeux, il avait dit « même si c’est compliqué » ! Comment pouvait-il savoir que cela était contre son gré ? Non, elle se faisait sûrement des idées, il parlait juste de la colère qui était une émotion compliquée à contrôler, c’était juste une réplique de généralité. Mais alors qu’entendait-il par « tu ne voudrais quand même pas attirer l’attention » ? Elle n’en avait aucune idée et décida de ne pas y penser. Ils étaient arrivés devant l’imprimante et sa colère se mélangea à de la panique, ce qui fut très violent. Elle voyait flou, ses poumons semblaient se consumer et elle était ronger par l’envie irrépressible d’hurler, des larmes de panique et de nerfs se mirent à couler en lui brûlant les joues. Elle vacilla et deux bras la soutinrent pour qu’elle reste droite, elle entendait une voix lointaine mais le bourdonnement de ses oreilles couvrait tout son. Tout à coup, elle s’appuya sur l’imprimante qui émit un son qui semblait à Jenny assez fort malgré le bourdonnement de ses oreilles. Quand elle retira sa main, le haut de l’imprimante paraissait légèrement calciné et le boitier qui contenait l’encre avait explosé en répandant l’encre dans tous les sens, le tout agrémenté d’une légère fumée blanchâtre. Soudain, la voix d’Octave résonna dans sa tête « Respire, calme toi ». Elle sursauta et aurait juré que les lèvres du blond n’avaient pas bougé ou sorti le moindre son. Pourtant, et cela elle en était certaine, elle avait clairement entendu sa voix. Elle n’eut pas le temps d’y réfléchir plus longtemps car la panique et la colère disparurent alors soudainement et elle prit conscience de ce qui venait d’arriver. Elle poussa un cri étouffé puis mit son visage entre ses mains, ce qui la brûla légèrement, elle s’empressa alors de retirer ses mains.
« Tu…tu as vu…ce…ce, commença-t-elle mais Octave la coupa en hochant la tête, un petit sourire sur les lèvres mais toutefois les yeux graves.
-Tu as de légers traits rouges sur le visage », marmonna-t-il, mécontent.
Le blond poussa alors un long soupir et Jenny sentit son visage se refroidir brusquement puis il s’approcha et pointa son doigt sans la toucher vers ses joues et dit :
« Tu as encore des larmes »
Jenny les essuya prestement, pourtant elle aurait juré les avoir toutes essuyé et d’ailleurs celles-là étaient glaciales contrairement aux larmes brûlantes qui avaient coulé précédemment.
« On devrait y aller »,déclara Octave.
Jenny opina du chef mais elle craignait de se retrouver face au professeur, elle se demandait surtout ce qu'elle allait pouvoir trouver comme excuse. Une imprimante qui explose…que dire de sensé pour justifier cela ? Elle suivit Octave dans un silence électrique, elle avait une myriade de questions à lui poser mais elle se retint, ce n’était sûrement pas le moment.
Arrivés devant la salle, Octave lui lança un regard comme pour vérifier si les nerfs de Jenny n’étaient pas sur le point de craquer. Cette dernière fixait la porte, la tête complètement ailleurs ,le regard vide. Octave toqua alors à la porte et attendit                                             quelques secondes puis entra, suivie d'une Jenny au teint blafard. M.Partzeav sembla ravi de les voir puis il baissa les yeux et remarqua l'absence de copies dans leur mains.
《Où est...
   - Nous avons trouvé l’imprimante détruite, le coupa Octave.
- Détruite ? S’étrangla le professeur.
- Nous n’avons aucune idée de comment cela est arrivé, peut-être une réaction chimique…》, expliqua le blond d’un ton si calme et assuré que Jenny y croyait presque.
Le professeur les fixa un instant, eberlué puis reprit contenance.
《Asseyez vous , j'irai voir après le contrôle.》
Les visages qui s'étaient illuminés d'un vague espoir reprirent  alors leurs stylos en soupirant.
Jenny s’assit à sa place et jeta un coup d’œil à la ronde, elle constata alors que Ethan fixait Octave intensément même si celui-ci ne semblait pas l'avoir remarqué.
Deborah lança un coup d’œil inquiet à Jenny puis continua d’écrire sur sa copie.
《Mademoiselle Blackmoon, vous êtes priée de ne pas déranger les autres qui travaillent et de regarder devant vous.》,lança M.Partzeav, acide.
Jenny se ressaisit alors et se contenta de fixer le bois de la table durant le reste du cours.
Enfin, la sonnerie retentit. Jenny mit sa trousse dans son sac avec un empressement non-dissimulé dans son sac, le jeta par-dessus son épaule et sortit à grands pas de la salle, sans attendre ses amis. Elle hésita un instant mais finit par décider de mettre sa fierté de côté et attendit que «  le blond insupportable » daigne se montrer. Octave sortit enfin de la classe avec une nonchalance qui la déconcerta. Il passa également devant elle sans un regard, ce qui finit de la perturber. Était-il amnésique ?!
Jenny, pour une fois, agit sans réfléchir. Elle se précipita pour le rattraper, arrivée à sa hauteur, elle lança :
《Hé toi !》
Ce dernier haussa un sourcil amusé.
《On se languit de ma compagnie ?
-Jamais, le monde ne tourne pas autour de ta petite personne , marmonna-t-elle,exaspérée par la façon dont il avait de se comporter comme s’il ne s’était rien passé.
-Qu'est- ce que tu fais là alors ?》,dit-il sans répondre au pic de Jenny ,contre toute attente.
Jenny était médusée, tout bonnement médusée. Était-elle devenue folle et avait-elle tout imaginé ? Non, sûrement pas. Il s'amusait juste à la faire tourner en bourrique.
《J’exige des explications, déclara-t-elle alors avec fermeté.
- De quoi tu parles ? Questionna-t-il,sa main se crispant légèrement.
- Arrête de te moquer de moi. Tu sais très bien de quoi je parle et tu vas m’expliquer, parce que je sais que tu sais mieux que moi ce qui s'est passé》, s’impatienta Jenny.
Il demeura silencieux un instant et la sonda avec ses pupilles. Jenny ne se laissa pas déstabiliser et resta immobile,attendant qu’il ouvre la bouche.
《Jenny ! 》l'interpella Adam qui sortait de cours.
Octave en profita et murmura :

《Je ne vois pas de quoi tu parles.》

Puis il s’en alla sans plus de cérémonie, laissant une Jenny particulièrement frustrée au milieu du couloir.

Jenny BlackmoonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant