Jenny Blackmoon

Chapitre 5

Dans la bibliothèque, le silence n'était pas parfait mais Jenny se sentait parfaitement dans son élément. Si bien, qu'elle en oublia presque la présence dérangeante d'Hélène qui racontait son dimanche des plus banals à ses amies.
Soudain, elle fut secouée par Adam qui lui dit :
« Regarde qui voilà.
-Quoi de si intéressant pour oser interrompre mon moment de tranquillité ? », répliqua-t-elle, froidement .
Il lui montra d'un signe de tête, la porte. Hanna venait d'entrer, quand leur regards se croisèrent, la jeune blonde le détourna avec dédain et continua son chemin tranquillement.
« Waouh, souffla Jenny, bouche bée.
-J’ai raté un épisode, non ? », demanda Adam, en plissant les yeux.
Jenny l'ignora et suivit du regard, le chemin d'Hanna.
La jeune fille s'assit à la table d'une fille que connaissait particulièrement Jenny, elles avaient été amies mais il y avait eu une dispute qui en avait engendré d'autres et à présent elles n'échangeaient que quelques mots de politesse très rarement. Pendant cette période, Jenny avait été assez seule ,tous ses anciens amis préférant rester avec Nora.
Nora en fut également surprise mais garda contenance comme à son habitude. Elle aborda Hanna, le plus naturellement du monde, et elles se mirent à discuter sur les cours.
« Tranquille elle! Elle s'est posée, sans pression, tout baigne !, marmonna Adam, ses yeux prenant une teinte bleu plus foncée qu'à l'accoutumée.
-Gaminerie, puissance dix attention, ajouta Jenny, sarcastique.
-Viens, on s'en va, suggéra Adam, déjà debout.
-Tu rigoles ! Ça reviendrait à capituler, je ne capitule jamais. Tout le monde pense que je suis une fragile, une hypocrite, une fille qui se plaint, pleure et ne persévère pas, juste à cause de ladite période de solitude. Je tiens bien à changer ça et en commençant par maintenant. Je ne capitule jamais, déclara la rousse, outrée.
- Calme-toi enfin ! Tu relies tout ! Je voulais qu'on s'en aille parce que je dois aller voir Thomas, il m'a prêté un truc et je dois lui rendre. Respire, répliqua le jeune garçon en ouvrant la porte de la bibliothèque afin de s'en aller.
-Ah. Dans ce cas, vas-y, je reste.
-Jen' ! Cette attitude immature ne te ressemble pas, assura-t-il, les bras croisés. D'habitude tu te fiches de ce que les autres peuvent penser.
Après fais ce que tu veux...Mais voilà », soupira-t-il après une longue pause.
Jenny fronça les sourcils mais fourra ses livres et cahiers dans son sac à la va vite et le suivit, sans pour autant dire clairement qu'elle avait eu une attitude déplacée et qu'elle était en tort. Elle ne le faisait quasi jamais lorsqu’elle était de mauvaise humeur comme ce jour-là. Cependant, les gens qui la connaissaient, savaient quand elle admettait ses erreurs silencieusement, comme c'était le cas à ce moment-là. C'est pour cette raison qu'Adam eut un léger sourire amusé.
« Je vois pas ce qui a de drôle », releva-t-elle en haussant les sourcils.
Le garçon fit une révérence et déclara de son ton le plus sérieux :
« Désolé, duchesse, vous m'en voyez navré. »
Il eut une sorte de silence puis il éclata de rire devant la mine mécontente et boudeuse de Jenny. Malgré tous ses efforts pour préserver sa dignité, elle ne parvint pas à se retenir et éclata de rire à son tour, sans savoir pourquoi. Cet accès de rire passé, ils descendirent les marches et Jenny laissa Adam s’entretenir avec Thomas.                                                                                                                                                             La rousse s'assit sur un banc, patientant quand soudain elle vit son amie Deborah, qu’elle n'avait d'ailleurs pas vu ce matin en cours, qui venait à sa rencontre.
"Hi,little pumpkin ,la salua-t-elle comme à son habitude de manière décontractée.
-Tu arrives toujours à trouver quelque chose, et c'est de plus en plus humiliant, rit Jenny assez nerveusement.
-Gardons celui-ci, il te va comme un legging, décréta la jeune fille, d’un ton sans appel.
-Comme un legging ? L'expression fait référence à un gant, il me semble, corrigea Jenny en fronçant les sourcils.
-L'expression originale,  oui, mais qui a décidé qu'on devait se tenir à ce gant, de quel droit ? Pourquoi un gant ? Parce qu'il colle parfaitement à la peau en épousant les contours des doigts ? Dans ce cas, je ne vois pas pourquoi je ne pourrais pas parler de legging si cela me chante. Pourquoi la personne aurait-elle eu le loisir de décréter un beau jour que l'on devrait à partir de ce moment, mentionner un gant ? C'est totalement absurde, répondit la brune, d'un trait.
-D'accord, va pour le legging alors, rit Jenny. Pourquoi n'étais-tu pas en cours, tout à l'heure ?, demanda-t-elle ensuite, sourcils froncés.
-Oh...eh bien...mon réveil n'a pas sonné, bégaya Deborah, pâlissant légèrement.
-Ah d'accord. La récréation va bientôt se terminer, montons en cours", conclut Jenny, toutefois peu convaincue par la réponse de son amie.
Deborah tendit la main à Jenny, la tira brusquement pour qu'elle se lève et lui lança son sac à dos qu'elle avait posé à ses pieds en pleine tête.
La rousse poussa un long soupir mais n'hoqueta pas de surprise contrairement à ce qu'aurait fait n'importe qui d'autre qui n'était pas habitué à fréquenter Deborah.
"Go !, lança la brune par-dessus son épaule ,ayant déjà dépassé Jenny de trois enjambées.
-J’arrive, j’arrive, je suis le guépard incarné, plastronna faussement la rousse.
-Hilarant, little pumpkin.
-Désopilant, Miss legging révolutionnaire", rétorqua Jenny.
Deborah leva les yeux au ciel et elles continuèrent leur petit bout de chemin en silence.
"Oh, on a quoi comme cours déjà ? , questionna tout à coup la brune en rougissant légèrement de honte.
-Mathématiques," marmonna Jenny en haussant quelque peu les sourcils de surprise.
Arrivés devant la salle, elles patientèrent tranquillement que la sonnerie se déclenche puis entrèrent dans la classe.
S'asseyant à côté de Deborah, la rousse entreprit de sortir son cahier quand soudain le professeur l'interrompit dans son élan:
"Mademoiselle Blackmoon, vous n'avez quand même pas oublié que vous êtes en contrôle aujourd'hui.
-Oh...non...non, bafouilla-t-elle, rouge pivoine, je...je sortais juste ma trousse, mentis-t-elle en tortillant le pan de son chemisier.
-Hum, marmonna Monsieur Partzeav, en retournant à ses copies qu'il corrigeait.
-Nom de...il y a contrôle ?! , chuchota Deborah, tout aussi prise au dépourvue que son amie.
-Apparemment», murmura Jenny, abattue.
Comment avait-elle pu oublier qu'elle avait un contrôle qui portait sur trois chapitres !
Elle n'avait plus qu'à espérer que sa mémoire serait performante.
Jenny jeta un coup d'œil à Adam qui paraissait parfaitement détendu...Si elle avait été à côté de lui...Non, elle ne se l'autoriserait jamais.
Jenny secoua la tête comme pour chasser cette idée de tricherie qui lui avait traversé l'esprit malgré elle et le professeur se mit à distribuer les sujets.