Chapitre 7

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— Emori, écoute-moi...

— Oh, mais je ne fais que ça, t'écouter, encore et encore, depuis que nous sommes revenus de Polis... Vas-y, va rejoindre Wanheda, fait ton boulot de Fleimkepa.

John se redressa.

— Mais ?

— Mais ne compte pas revenir comme une fleur quand j'aurais mis au monde ton enfant.

La jeune femme se détourna alors en emportant un panier de linge et John demeura immobile dans la lingerie. Les mains sur les hanches, il soupira profondément. Depuis qu'ils étaient revenus de Polis, bientôt huit mois en arrière, tous aussi éborgnés les uns que les autres, ils avaient pu lécher leurs plaies ensemble, se morfondre sur un futur plus qu'incertain pour les Skaikrus et surtout, médire sur l'abandon de Clarke qui avait préféré leur fausser compagnie encore une fois et s'exiler dans un coin paumé de ce continent. Annoncer donc qu'il était demandé à ses côtés avait du mal à passer...

Baissant le nez, John quitta la pièce et traversa la station pour en sortir. Il rejoignit l'Infirmerie où il trouva Abigail, occupée à soigner une bosse sur le front d'un des rares enfants ayant survécu au retour sur Terre.

— Je peux vous déranger, doc ?

— Je finis avec Mathias, tu peux attendre quelques minutes ?

— Bien sûr, ça ne presse pas, je vais attendre dehors.

Le jeune homme tourna les talons et ressortit, quand la bâche fermant l'infirmerie retomba, il entendit le petit garçon demander à Abigail si John était vraiment Fleimkepa. Il n'entendit pas la réponse, mais il la connaissait déjà ; aucun Skaikru ne croyait en ces inepties que propageaient les Terriens sur un esprit qui vivait dans une « flamme » pour guider le commandant suprême de leur peuple... Tous avaient bien vu ALIE, cependant, et vécu dans la Cité des Lumières pendant quelques temps, et beaucoup en voulaient à Clarke de l'avoir détruite, et encore plus à lui, John, pour l'avoir aidée et avoir ensuite eut l'audace de revenir vivre à Arkadia avec sa compagne Trige...

La bâche s'ouvrit soudain et le petit garçon en jaillit en courant, suivit par sa maman adoptive. Abigail suivit et croisa les bras, le sourire aux lèvres, en l'observant sauter les deux pieds dans une flaque. Elle se tourna ensuite vers John.

— Tu veux me parler de Clarke et sa demande, je suppose ? demanda-t-elle.

— Oui. Écoutez, je sais que vous allez sans doute me répondre la même chose que la moitié des nôtres, que ce sont des inepties tout ça, etc, mais peu importe ce qu'on en pense, Roan d'Azgeda a jugé que Clarke était la personne la mieux placée pour redresser son peuple et je lui fais confiance.

— Pourquoi ? Elle a assassiné trois cents personnes dans la montagne sans une once de remords pour sauver Octavia et Jasper.

— Oh non, doc, elle le regrette, croyez-moi ! Cependant, elle n'a pas eu le choix ; si Dante était sorti, il vous aurait tous tués ! D'ailleurs, au passage, en faisant ça, elle voulait vous sauver vous aussi, sa mère, et Kane, et Raven et nous autres...

Abigail serra les mâchoires et souffla par le nez.

— Si tu acceptes de partir avec ces messagers, tu abandonneras Emori et votre enfant pour plusieurs semaines, sinon mois, est-ce que tu te rends compte que tu ne verras pas ce bébé naître ?

— Oui. Oui, je le sais, mais Emori comprend. Écoutez, si elle était restée à Polis, elle serait morte ou réduite en esclavage parce que c'est tout ce que méritent les Wastelanders. Grâce à moi, doc, elle a enfin la vie dont elle rêve ! Je l'ai épousée, j'en ai fait une Skaikru et elle est désormais enceinte d'un enfant qu'elle n'aurait jamais été autorisée à avoir en temps normal.

⏳ RijantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant