La faim ne venait point. La fatigue non plus. Cela faisait bien des heures qu'elle écrivait. Gâchis d'encres et de feuilles certains penseront. Torture d'esprit pour elle. Elle devait lutter contre toutes ces voix dans sa tête. Soudain une douce pensée printanière lui traversa l'esprit et apparurent de jolies fleurs : des jaunes, des roses, des violettes, de toutes les couleurs. Leurs parfums atteignirent les narines de l'adolescente et cela l'apaisa instantanément. Lorsqu'elle était plus jeune, elle se promenait dans la forêt avec sa mère et elle cueillait des fleurs pour la tombe de sa grand-mère qu'elle affectionnait tout particulièrement. Toute cette période de bonheur revenant dans sa mémoire lui grava un sourire sur son visage à présent calme.
Bien détendu, la jeune fille repensa aux fleurs apparues après leur manifestation dans sa tête. Ces fleurs venaient de son esprit et ensuite la main a écrit sur elles et pour finir elles ont atterries ici, devant elle. Ce pourrait-il qu'elle puisse reprendre le contrôle de sa main grâce à son esprit ? Elle essaya. En vain. Son esprit avait été trop affaibli, il était au plus faible. Pourtant il résistait encore, il y avait toujours des miettes d'espoirs.
Des lueurs d'espoirs brûlaient dans les yeux de Lise mais la peur du danger toujours présent éteignait peu à peu ces flammes d'espoirs. Cruelle est cette peur qui fige la fille. Elle la ronge de l'intérieur en mangeant ces miettes d'espoirs qui réanimait portant son esprit si souvent attaqué par ses émotions. Car oui, les émotions et même les sentiments peuvent détruire l'esprit et cette adolescente a beaucoup subi dans le passé et c'est difficile de se reconstruire. Alors, pour elle, cette épreuve est une suite dans sa vie, voire même une fin. Elle se disait qu'elle ne pouvait pas résister sans faim, qu'à un moment elle devrait arrêter de combattre l'incontrôlable et laisser la fin l'emporter loin de cette prairie d'écrivain.
Le désespoir l'emmena dans une tristesse semblant sans fin. Cependant une légère colère prenait racine. La rage contre la cruauté avait sa place. Malgré elle, des pleurs s'échappèrent des yeux de la jeune fille. Ils remontèrent et arrosèrent la plante de rage qui ne cessait de pousser, venant envahir son corps. Cela ne venait plus de la main, c'était elle-même qui engendrait cette croissance. Elle arrosait sa perte.
Les larmes coulaient encore mais c'était à présent des pleurs de rage. La couleur des larmes changeait, elles devenaient rouges. C'était du sang qui sortait de ses yeux. Goutte par goutte dégoulinant sur ses joues, le long de son visage puis tombant sur ses vêtements et sur le sol. Tâche après tâche, l'ambiance était rouge. Clignement d'œil après clignement d'œil, ses yeux se colorèrent de rouge, un rouge vif et profond. La lumière face au rouge sombre ne faisait qu'éclore. Les ténèbres s'installaient à merveille dans ce rouge. Ils s'emparaient d'elle plus vite que la lumière et le regard flamboyant elle continuait son interminable écriture. Elle n'arrêtait pas d'écrire, sa main continuait contre sa volonté. Les pages, elles aussi tâchées de rouge, n'empêchaient pas l'encre de se poser. L'atmosphère pesait plus que sa douleur, elle pesait plus que les mots.
Le sang séchant sur ses yeux, des croûtes se formèrent. Plus possible d'ouvrir les yeux, plus possible de voir. Pourtant elle continuait d'écrire. Jamais elle ne s'arrête. Sa vie était de plus en plus en danger.

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Écrire ou mourir ?
ParanormalDécouvez le pouvoir de la plume entre les mains d'une jeune fille