Néïma ne savait pas depuis combien de temps ils roulaient. Il faisait à présent nuit noire dehors. Elle était assise dans une espèce de fourgon entouré de cartons et de couvertures sales. Elle tanguait à chaque secousse du véhicule ou chaque virage pris trop serré. On lui avait ligoté les mains et les pieds avec une solide corde, ce qui réduisait considérablement tous ses mouvements et l'empêchait de fait de s'échapper en ouvrant les portes arrière de l'intérieur. Les deux hommes étaient installés à l'avant. Ils ne faisaient même pas attention à elle et semblaient en grande conversation. Une vitre séparait les deux compartiments ne laissant filtrer aucun son. Le silence régnait dans l'habitacle et Néïma n'aimait pas cela du tout, contrairement à son habitude. La jeune femme sentit la peur monter en elle. Elle ne comprenait rien. « Que me voulaient-ils ? Pourquoi m'avoir enlevée ? Que feront-ils de moi ? Vais-je mourir aujourd'hui loin de ma mère ? » A cette dernière pensée, la jeune femme sentit sa gorge se nouer. Elle ne voulait pas mourir maintenant alors qu'elle veniat d'atteindre sa majorité. La vie lui réservait encore bien des choses, elle en était sûre. Ses interrogations tournaient en boucle dans son esprit depuis le début du trajet qui semblait interminable. Elle ne voyait absolument pas la route ce qui ne lui donnait aucune information sur leur position. Son angoisse grandissait au fil des minutes. Elle avait l'impression d'être assise dans ce véhicule depuis des heures, ce qui n'était d'ailleurs probablement pas le cas, elle en avait conscience.
Son esprit commença à divaguer. Elle sentait bien qu'ils n'étaient pas prêt d'arriver. Elle se remémora tous les événements plutôt étranges de ces derniers jours. A peine avait-elle eu ses 18 ans que tout avait basculé : la fête avec tous ces inconnus, ce garçon trop gentil dont elle complètement oublié le prénom mais pas le visage, ce rêve bizarre et la rencontre avec Elin, la peur panique de la classe face aux nouvelles créatures. Néïma ne comprenait pas. Elle replia avec maladresse et difficulté ses jambes contre son torse, y déposait ses bras et enfouit sa tête dedans. Elle ferma les yeux. Si elle dormait peut-être qu'elle oublierait tout ceci et serait tranquillement réveillée par le son de la voix de sa mère. Elles en avaient eu des disputes toutes les deux mais elle restait malgré tout et en dépit de son mauvais caractère sa mère et elle l'aimait. Elle aurait tout donné pour que tout redevienne comme avant. Elle ne savait pas dans quoi elle allait se retrouver, et ce n'était certainement pas quelque chose de positif.
Finalement, elle n'avait pas pu s'endormir mais avait quand même gardé les yeux fermés. Elle avait perçu tous les sons de la nuit, le cri d'une chouette, le vent se frottant sur les parois de la voiture, le bruit des cailloux ricochant sur les roues en mouvement. Ils l'aidaient un peu à oublier le lieu dans lequel elle se trouvait. Soudainement, le véhicule se stoppa, elle crut reconnaître le grincement d'un portail qui s'ouvrait. Elle essaya maladroitement de se relever. Elle tangua mais réussit tout de même. Elle arrive malgré l'absence d'ouverture à aperçoit par le pare-brise, une longue allée bordée d'arbres. Ils avaient un air menaçant avec toute cette obscurité. Elle contemplait le paysage lorsque la voiture se stoppa net. Elle bascula en avant et étala de tout son long sur le ventre. Les portières avant s'ouvrir puis celle de l'arrière.
- Aller viens-là toi ! Ordonna la même voix que celle qui lui avait parlé tout à l'heure.
Neïma complètement impuissante face à ses deux armoires à glaces se laissa emmener. Ils prirent chacun un bras de la jeune femme et la porta en se dirigeant vers une grande et belle maison. Elle ressemblait à un manoir de film d'horreur, un peu comme celui de la famille Adams. D'une hauteur impressionnante, plongé dans les ténèbres. Ils montèrent les trois marches du perron et sonnèrent. Une jeune femme en tablier de domestique vint leur ouvrir. Elle avait attaché ses cheveux bruns dans un chignon serré et arborait le stéréotype parfait du petit chemisier noir avec le tablier blanc. Elle devait sûrement avoir des origines espagnoles ou portugaises. Sans un mot, elle invita les trois personnes à entrer. Les hommes connaissaient probablement la maison car ils se dirigèrent directement vers l'escalier. Ils bifurquèrent et ouvrirent une porte à moitié cachée sous l'escalier. Ils allumèrent la lumière qui aveugla un peu la jeune femme, ses yeux s'étant habitué à l'obscurité de la nuit noire. Ils descendirent un escalier en pierre plutôt raide et arrivèrent cette fois-ci devant une porte blindée. L'un des hommes sortit une seringue de sa poche et piqua le bras de la jeune femme. Néïma reçut une douleur au contact de l'aiguille qui s'enfouissait sous sa peau. Elle essaya de résister mais elle était impuissante face à ces gardes.

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Némésia
Science FictionNéïma vient de fêter ses 18 ans lorsqu'elle se rend compte qu'elle a la capacité de donner vie aux personnages de ses rêves. Très vite, ce don va être convoité par la plus grande puissance de la planète afin de créer une armée ayant pour but de détr...