Chapitre deux

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"Vingt-trois mars deux mille dix-huit,
Stade de France, vingt-deux heures cinquante-cinq„

Omniscient.

Les footballeurs couraient à vive allure,-même avec quatre-vingt-dix minutes de jeu dans les pattes- vers le vestiaire. Kylian Mbappé était le plus rapide d'entre eux et arriva en premier. Tous étaient inquiets par la situation, personne n'était au courant de ce qu'il se tramait dans leur vestiaire.

Il vit une jeune femme à terre entrain de faire un massage cardiaque à quelqu'un.

Il eut un haut le cœur quand il découvrit son coéquipier et ami, et bloqua tout mouvement. Il ne put que crier, s'appuyant contre le mur le plus proche, ce qui alerta ses coéquipiers.

Antoine Griezmann, suivi de Paul Pogba et de Thomas Lemar, arriva, et les trois joueurs eurent la même réaction que le cadet de l'équipe. Thomas fut le premier à s'exprimer face à cette situation. Ils ne se souciaient même pas qu'une inconnue était dans leur vestiaire. Ils étaient tant chamboulés qu'ils ne se sont pas dit une seule seconde qu'ils pouvaient aider la jeune femme. Cette dernière criait d'appeler une ambulance, et Benjamin Pavard fut le premier à attraper son téléphone, En tremblant, avant de composer le numéro du SAMU.

Samuel Umtiti était le plus bouleversé d'entre eux. Ousmane n'était pas seulement son coéquipier en Équipe de France, il l'était également au FC Barcelone, et était donc très proche de celui ci. Il est un meilleur ami.

- C'est qui cette fille ?

- Franchement Presnel, on s'en fout royalement. Ce n'est pas le moment.

- Alphonse a raison, je te jure Presnel, pour la première fois de ta vie tu ne peux pas la fermer ? Il y a plus important je pense à ce moment précis.

Le capitaine des bleus se précipita vers louna. Aucun joueur n'avait osé bouger.

Ils étaient tous paralysés par cette scène oppressante, digne des plus grands films d'horreur. Du sang partout, même sur la table centrale. Louna avait dû poser ses mains dessus malencontreusement. Mais elle s'en fichait, ce qui l'importait le plus était la vie de cet homme.

- Tu veux de l'aide ?

- Est-ce que tu peux resserrer les bandages sur ses poignets, et bien appuyer pour faire pression sur la plaie s'il te plaît ?

À ce moment là, être entourée de tous les joueurs n'était pas important du tout pour la jeune femme. Elle continua de faire un massage cardiaque au numéro onze, Et prit même les défibrillateurs présents dans le couloir. Son cœur avait redémarré, mais il s'était de nouveau arrêté dans les deux minutes qui suivirent.

Paul était le second à avoir le courage de s'approcher, il avait remarqué un bout de papier dans la main de son coéquipier, toujours entre la vie et la mort. Il lisait attentivement la dite "bande dessinée", présente sur la feuille chiffonnée.

- Les gars venez voir, je sais pourquoi il a fait ça. Je pense que si je retrouve les personnes qui ont fait ces dessins, je les envoie aux portes de l'enfer.

Lucas arracha le dessin des mains de Paul, et tout le monde se réunit autour de lui.

- On n'a rien remarqué, on est vraiment nuls en tant qu'amis, si on l'avait su on aurait pu l'aider.

- On aurait pu l'en empêcher.

N'golo Kanté et Florian Thauvin se lamentaient de l'état sur l'état de leur ami.

Ils n'avaient rien pu faire pour lui, que ce soit maintenant, ou même il y a quelques jours, quelques semaines, quelques mois.

Le SAMU arriva dans les vestiaires et ils prirent en charge le jeune homme. Les médecins urgentistes amenèrent le pauvre garçon à l'hôpital le plus proche, en soin intensif. La jeune femme souffla un bon coup et se laissa glisser contre la table centrale de la salle, essayant de contrôler ses émotions. Ses mains ne cessaient de trembler, et son corps était parfois secoué de spasmes plus ou moins violents.

- Bon, les gars, écoutez-moi, commença le sélectionneur. Ce qu'il s'est passé dans ces vestiaires n'est en aucun cas de votre faute, vous n'êtes pas responsable de cela. La cause principale, c'est ce bout de papier que Paul a dans les mains. C'est le racisme, toutes les personnes ayant entonné des cris de singes dans les tribunes, dans le seul but de le blesser intérieurement, et c'est réussi. Je sais que tout le monde ici est sous le choc, et c'est pour cela, pour lui, que nous devons impérativement agir pour que cela cesse.

Louna avait emprunté une bouteille d'eau sans demander la permission.

Tout le monde la voyait comme une sauveuse, qui n'avait tout de même aucune gêne à rester écouter la conversation entre le coach et les joueurs.

- Je pourrais vous conseiller d'agir par le biais des réseaux sociaux, notre génération est connectée alors ça sera plus simple pour atteindre un maximum de personnes. Évidemment il faudrait le faire en plusieurs langues, pour que tout le monde puisse comprendre, avec en amont, le dessin chiffonné en photo. Il faudrait mettre un titre qui donne envie de lire cet article. Pour que les gens prennent conscience des abominations qu'ils engendrent par de simples mots.

Tous les regards se posèrent sur la jeune femme, qui n'avait pas parlé depuis le départ du SAMU.

- Excuse-moi mais qui es-tu ?

Louna regarda Blaise Matuidi du coin de l'œil avant de reprendre la parole.

- Je suis la femme qui a tenté de maintenir votre ami en vie.

Ils l'écoutèrent attentivement.

- Je sais que ce n'est pas facile, nous sommes tous en état de choc, moi la première. Mais il faut divulguer tout cela à la presse. Les personnes fautives vont culpabiliser, et vous expliquerez à quel point le racisme peut anéantir des vies. Plus il y a de vues, plus notre post aura un impact, c'est mal mais ça s'appelle du marketing.

- Tu as quel âge pour parler de problèmes si importants ?

- J'ai dix-huit ans, cependant l'âge ne définit ni la mentalité, ni la maturité de chacun. Peu importe notre âge nous devrions être conscient de ce qu'il se passe dans le domaine du football, et même à l'extérieur, c'est pour cela qu'il faut divulguer tout cela sur les réseaux sociaux. Par contre, je suis désolée mais je vais devoir m'en aller, mon petit frère doit s'inquiéter pour moi. Je vais sûrement me rendre à l'hôpital ensuite, si quelques personnes souhaitent m'accompagner ils peuvent le faire, enfin si votre président ou votre sélectionneur le souhaite.

Tout le monde était impressionné par la vivacité de la jeune femme, qui restait calme malgré ce qu'elle venait d'effectuer. Elle était surtout très autoritaire et n'hésitait pas à dire les choses.

Tout le monde se portait volontaire pour savoir si l'état de leur ami s'était amélioré, mais elle n'avait que trois places dans sa voiture.

Didier choisit par affinité et par maturité de faire partir Samuel et Kylian, avec qui Ousmane était très proche, ainsi qu'Hugo, le plus mâture d'entre eux.

- Les autres, je vous accorde un bon jour de repos demain pour aller le voir. Des voitures vous attendront demain devant clairefontaine pour rendre visite à Ousmane, si c'est possible.

Louna était partie se laver les mains, pleines de sang. Le calme et le sang froid de la jeune fille avaient impressionné tout le monde, des joueurs aux membres du staff.

Elle appela son frère, Antoine. Il l'avait déjà appelé cinq fois et était très inquiet.

- Putain Louna où es-tu ? Je croyais que tu allais juste aux toilettes.

- Je me suis perdue, c'est une très longue histoire je t'expliquerai tout en détail dans la voiture, Attends-moi là-bas et prépare-toi mentalement, d'accord ? Bisous petit frère.

Elle raccrocha sur le champ.

- Mon frère est fan de vous à tel point qu'il en a des posters dans sa chambre. Je suis désolée s'il vous demande une photo, je sais que ce n'est pas le moment pour cela.

Fin du chapitre deux !

-trenteseptkm

racisme» OUSMANE DEMBÉLÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant