chapitre six

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vingt-quatre mars 2018 — hôpital.

omniscient.

Ousmane fixa intensément la jeune femme, qui, à cet instant précis, souhaitait juste s'enfoncer six pieds sous terre.

     — Ma sauveuse me rend visite ? Fit le footballeur dans un éclat de rire.

Il fit décrocher un sourire à la jeune femme, qui s'approcha timidement avant de lui faire poliment la bise.

     — Qu'est ce que tu fais ici ?

     — Je viens aux nouvelles. En tout cas, ta famille est adorable.

     — C'est gentil que tu viennes me voir, je ne pensais pas que tu prendrais de mes nouvelles après ce qu'il s'est passé.

     — À vrai dire toute cette histoire m'a tellement perturbé que mes pieds m'ont instinctivement mené jusque ta chambre, un rictus se forma au coin de ses lèvres. Tu, tu veux parler de ce qu'il s'est passé ou non ?

Le français passa sa main sur son visage avant de se redresser sur son lit d'hôpital.

     — Pour commencer, les insultes envers moi se sont répandues dès mon départ de Dortmund, quand je suis arrivé en Espagne. Au départ, j'en discutais énormément avec mes coéquipiers, que ce soit dans mon club ou en équipe de France, comme Samuel, Thomas, même Blaise. J'ai commencé à me poser des questions quand ils m'ont annoncé qu'ils ne vivaient pas la même chose que moi. J'ai commencé à paniquer, me renfermer sur moi-même, et un jour tu craques, c'était évident que ça allait m'arriver. Je crois que les dessins sur la feuille, ça m'a achevé. Je n'avais jamais eu autant envie d'en finir quand j'ai reçu ça dans la figure.

     — Tu as vu le message que le staff a posté sur Instagram ? Fit-elle pour changer un peu de sujet, voyant les larmes perler aux coins de ses yeux.

     — Ouais. J'ai su que c'était toi qui l'avais fait, avec le reste du staff.

     — Effectivement, nous sommes restés jusque très tard dans la nuit, pour que ces textes touchent un maximum de personnes. Nous avons même dormi dans les vestiaires ! Si un jour je m'attendais à ça. En tout cas Kylian semblait comme un gamin devant un magasin de bonbons, il donnait l'impression d'avoir toujours rêvé de dormir là-bas.

Ils rirent tous les deux de la bêtise du cadet de l'équipe.

     — Tu viendras au match de tes coéquipiers contre la Russie ?

Il se gratte énergiquement l'arrière de la nuque, semblant réfléchir.

     — Je ne sais pas, imagine ça recommence, je n'ai pas envie de subir ce que j'ai subi de nouveau.

     — Je pense que tu devrais quand même y aller, pour montrer au monde entier à tel point tu es courageux de revenir là-bas.

     — J'y songerai alors. Merci de m'avoir tenu compagnie, il argumenta ses dires d'un immense sourire.

Les deux jeunes adultes se sourient mutuellement, avant que la lycéenne ne quitte la chambre d'hôpital.

racisme» OUSMANE DEMBÉLÉ Où les histoires vivent. Découvrez maintenant