CHAPITRE 2

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Bizarrement j'ai plutôt bien dormi. Je m'attendais à me tourner et me retourner dans mon lit toute la nuit, mais dès que je suis tombée sur mon matelas, je suis aussi tombée dans les bras de morphée. Au réveil, je vais immédiatement dans la salle de bain, pour me brosser les dents et attacher mes cheveux, puis je descends les escaliers totalement réveillée, prête à aller chercher mes affaires dans la voiture. Je me connais, si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais. Et ce sont mes parents qui devront s'y coller. Je trouve mon père dans la salle à manger, absorbé par son téléphone. J'ai beau l'appeler dix fois, avec ses fichus écouteurs il ne m'entend pas. Alors je vais directement en enlever un, le faisant sursauter.

- Maman dort encore ?
- Non elle est dehors. Elle discute avec une voisine.

C'est bien ma mère ça. Elle a dû aller harceler les nouveaux voisins avec des gâteaux bien avant que le déménagement ne soit complètement fini.

- Où sont les clés de la voiture ? Je vais chercher mes affaires.
- Dans cette tenue ?

Qu'est-ce qu'elle a ma tenue ? Oui je suis en pyjama. Un pyjama avec des dizaines de Minnie et Mickey représentés dessus. Mais qu'est-ce que ça peut faire ?

- Je suis chez moi maintenant non ? À ce que je sache je peux m'habiller comme je veux.

Mon père se met à rire en regardant à nouveau son téléphone.

- Dans l'entrée sur le meuble.
- Merci.

Je passe ma main sur sa tête, je vais chercher les clés, et je suis dehors. C'est bien plus beau ici de jour. Je vois mieux les maisons, à peu près toutes identiques, les jardins fleuris avec des pelouses parfaitement coupées, l'atmosphère rassurante qui règne...on voit tout de suite que ce n'est pas le genre d'endroit où beaucoup de choses intéressantes se passent. Ce qui est à la fois décevant et rassurant. Je vais rejoindre ma mère, en grande discussion avec la voisine sur le trottoir. Une femme assez petite, avec des cheveux blonds attachés grossièrement, qui doit comme ma mère, avoir dans la quarantaine. Elle porte une chemise à carreaux et un pantalon lâche. En fait...si on était dans Desperate Housewives, elle serait une vraie Lynette. Et ma mère serait une très bonne Susan. J'espère ne pas voir débarquer Eva Longoria alors que je porte un pyjama aussi ridicule. Ma mère s'arrête de parler quand j'arrive près d'elle.

- Voici ma fille, tu ne l'as jamais rencontré.

Elle se tourne vers moi, fière d'avoir une nouvelle amie à me présenter.

- Avery je te présente madame Ingram notre nouvelle voisine.
- Mais appelle moi Sonia, s'empresse d'ajouter la femme en me tendant sa main. Ta mère m'a beaucoup parlé de toi.

Je sers sa main poliment, en affichant un grand sourire.

- J'espère qu'elle ne vous en a pas trop dit.
- Seulement le plus flatteur.
- Tant mieux.

Bon ce n'est pas que je m'ennuie avec ce parfait petit duo, mais je n'ai pas très envie d'entrer dans leur conversation.

- Excusez-moi je dois aller chercher mes affaires dans la voiture.
- Oui bien sûr.

Je saisie l'occasion de m'enfuir en allant ouvrir le coffre. Je décide de sortir les cartons un par un, de les déposer par terre, et ensuite de les emmener à l'intérieur. Pourquoi j'ai autant de vêtements moi ? C'est un miracle qu'ils aient tous tenu dans quelques cartons. J'en suis au troisième déposé par terre, quand :

- Joli pyjama.

Je sursaute en me retournant, manquant de perdre l'équilibre sur les cartons derrière moi et de tomber. Heureusement, je crois, une main me rattrape pour me tirer et me plaquer contre un torse plus que musclé. C'est humain d'être aussi bien foutu ? Je lève la tête une fois sûre que le danger est écarté, et je me retrouve face à un garçon que je pourrais trouver atrocement mignon si je cherchais toujours l'amour. Un regard de braise intense, qui lui donne un air strict, mais qui est en même temps contredit par ce mince sourire qui forme des fossettes, qui étrangement me met hors de moi. Il se moque de moi là ? Monsieur croit qu'avec ses cheveux en bataille et sa mâchoire carrée de bad boy, il peut venir me faire peur et jouer au chevalier servant juste après ? Je comprends maintenant. C'était lui hier soir, lui que j'ai vu fumer et qui m'a saluée par sa fenêtre. Lui qui a des goûts en matière d'amis qui laisse à désirer. C'est lui que j'observais. Qui m'intriguait. Et maintenant que je l'ai en face de moi, contre moi, même, je me rends compte qu'il n'y avait rien d'autre qu'une belle gueule à voir.

Salut Voisine !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant