CHAPITRE 7

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Je vais rejoindre Reed dans la salle à manger. Il examine le mobilier comme s'il était un professionnel.

- Ils ont laissé la table à manger ici ?
- Reed rentre chez toi.

Il frappe deux coups sur la table qui produit un son assez fort, puis continue de marcher sans prendre la peine de me regarder.

- J'ai dit à ma mère que tu étais toute seule. C'est elle qui m'a dit de venir te tenir compagnie. Je n'ai absolument rien à voir avec ma présence ici.

Je vois. Il n'a rien à voir, laissez-moi rire. Il continue de regarder les murs, comme un touriste dans un musée.

- Je peux savoir ce que tu fais ?
- Je cherche la cuisine.
- Te fous pas de moi. Tu sais où elle est. Tu connais la table à manger, alors tu connais la maison.

Son regard se pose sur moi.

- Très perspicace.
- Ou juste plus maligne que tu le crois.
- Oh mais je sais que tu es maligne. C'est une des choses que j'apprécie le plus chez toi d'ailleurs.

Il sort de la pièce sur ces mots pour se rendre dans la cuisine. Je dois arrêter de le combattre. C'est ce qu'il cherche. À chaque fois que je vais le repousser il va juste...me courir après encore plus. Je connais ce genre de mec. Je le retrouve en train de sortir des œufs du réfrigérateur.

- Une omelette ça te dit ? me demande-t-il bien que je sache que je n'ai pas le choix.
- Tu veux me faire croire que tu sais cuisiner ?

Il pointe un œuf vers moi, d'un air menaçant.

- Alors ça c'est offensant. N'offense pas le gars qui a des œufs dans les mains et qui n'a pas peur de s'en servir.
- Qu'est-ce que j'ai peur. Et si tu arrêtais de mettre le bazar dans ma cuisine ?
- Et si tu me laissais cuisiner tranquillement ?

Il pose tout ce qu'il avait dans les mains pour venir les poser sur mes épaules et me pousser vers l'extérieur de la cuisine.

- Je vais préparer à manger, contente-toi d'attendre sagement et de me laisser en paix.
- Dans ma propre maison ?
- C'est là que ça devient vraiment drôle.

Il me force à m’asseoir sur le canapé, puis il repart, aussi vite qu’il m’avait emmenée. Il est vraiment taré celui-là. S’il croit qu’il va me faire faire ce qu’il veut sous mon toit, il se met le doigt dans l’œil. Je me relève donc au bout de quelques secondes, complètement bornée, pour aller lui enlever sa tranquillité si précieuse.

- Je vais faire mieux que te laisser la paix, je vais te tenir compagnie.
- Dans ce cas tu pourrais au moins m’aider.
- C’est toi qui tenais tant à préparer à manger. Pas moi.

Il continue de mélanger les ingrédients dans un bol en levant les yeux au ciel, un mince sourire sur les lèvres. Je sais bien que ça lui plaît que je ne me laisse pas faire aussi facilement. Je vais m’installer sur une chaise haute face au comptoir, pour le regarder faire.

- Alors si tu veux me tenir compagnie, soie efficace.
- Je veux juste te poser une question.
- Qui est ?
- Pourquoi tu dis que tu n’es pas fréquentable ?

Je n’ai pas oublié ce qu’il m’a dit tout à l’heure. A vrai dire ça me trottait dans la tête depuis. Je ne comprends pas vraiment ce qui cloche chez lui à ce point. Oui il est bizarre, et collant, et beaucoup trop narcissique pour le commun des mortels, mais il est aussi plutôt drôle et attentionné. De ce que j’ai pu voir en tout cas. Je vois bien que le sujet ne le tente pas énormément, Mais je veux savoir, et je suis têtue quand je veux savoir quelque chose.

- Je te l’ai dit, je ne veux pas que tu le saches.
- Pourquoi ?
- Parce qu’après tu ne voudras plus me voir.
- C’est ridicule.
- Non, c’est réaliste.

Salut Voisine !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant