Chapitre 26

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Tout paraît s'écrouler autour de moi. Les nuages perdant peu à peu leur couleur claire pour devenir aussi sombre que mon cœur. Comment tout cela a t-il pu arriver ? Pourquoi moi ? Pourquoi le sort s'acharne sur l'être que je suis ? Pour me tester ? Je n'en ai aucune putain d'idée.

Devant la prison où Elièse est enfermé, je mets la capuche de mon sweet gris sur la tête, et j'avance. Le regard perdue devant moi, je peine à savoir où je marche, l'esprit noyé par des questions sans réponses. Devrais-je faire marche arrière ? Non, c'est impensable. Je dois franchir cette porte.

Soupirant un grand coup, j'avance plus vite et plus sure de moi.

-Aller ! Tu peux le faire ! Me dis-je à vois basse pour que personne ne me prenne pour une folle.

Je franchis la porte, un homme aux cheveux blanc assis sur une chaise de bureau se retourne vers moi l'air agacé, surement par son travail vue la multitude de dossiers éparpillés sur le bureau en face de lui.

-Vous venez pour les visites ? Me dit-il, le visage toujours ridé par la fatigue.

-Oui. Je viens voir Elièse...

A ce moment, je me rend compte que je ne connais même pas son nom. Qu'est ce que je fou ici au juste ? Ah, oui. Demander pardon à un homme dont je ne connais le nom, et d'ailleurs je ne sais absolument rien sur cette personne. Comment peut-on aimer une personne inconnue ?

L'homme se lève et me fait signe de le suivre. Apparemment il sait de qui je veux parler, un soulagement. Nous traversons l'immense hall d'entré grisâtre, tout me semble étrangement calme et bien trop beau. Mais en arrivant devant une porte plus petite, je suis stupéfaite du changement radical d'atmosphère. Un long couloir sombre et plusieurs portes à gauche et à droite, de celle-ci on entendant des conversations parfois animés et d'autres plus calmes. L'homme aux cheveux blanc s'arrête devant l'une de ces portes, il se retourne et me fait un signe de tête. Elièse est derrière. Je n'arrive pas à le croire, deux mois que j'attends ce moment. Mon cerveau tourne à mille à l'heure, je ne cesses de trembler et appréhende ce moment. Et s'il me rejette ? Qu'est ce que je vais faire s'il ne veut pas de moi ?

-Vous avez une heure. Me dit-il en partant dans la direction opposée.

Ma main sur la poignée, j'hésite un long moment avant de réaliser que le temps m'est compté. Alors j'ouvre doucement la porte, retenant ma respiration et j'ose lever les yeux vers lui. Il est là, assit sur une chaise la tête baissée. Un soulagement immense m'envahit.

-Elièse... Dis-je en refermant la porte.

Le concerné lève la tête et je suis stupéfait de voir son visage plus mince et ses traits plus fermés. Une boule se forme au creux de mon ventre en le voyant. Il a souvent était joyeux, il me redonnait le sourire quand j'en avais besoin, et le voilà enfermé et amaigri. Ses yeux me fixent mais il ne dit rien, mettant ses mains sur la table en face de lui. Seule une vitre nous sépare et j'ai envie de tout faire voler et de le prendre dans mes bras. Maintenant, j'ai envie de sentir sa chaleur et d'entendre ses paroles me réconforter. J'ai besoin de lui.

-Parle moi, s'il te plait.

-Tu ne devrais pas être ici. Dégage.

Je ne sais plus quoi dire. Jamais il n'avait été aussi froid avec moi, mais comment puis-je lui en vouloir ? Il sait que je l'ai séduit pour sortir des griffes de mon frère, j'espérais naïvement qu'il m'aimerait assez pour me faire sortir de ce bâtiment et m'emmener loin de mon frère. Mais j'étais idiote de croire ça, il ne l'aurait jamais fait. Même pour moi.

Je plonge mon regard dans le sien, ça me paraît durer une éternité. On ne dit rien, on se fixe. Ne dit on pas que les yeux sont l'ouverture sur l'âme ? Et bien je crois que j'ai trouvé la sienne, perdue dans le flot de ses pensées.

-Tu ne devrais pas être ici... Pourquoi me faire ça ? Pourquoi me faire autant de mal en venant me voir alors que je ne peux pas t'avoir ? Dit-il en continuant de me fixer, sans jamais faillir.

Stupéfaite, je m'approche et pose mon front contre la vitre blindée, je ferme les yeux et attends quelques secondes avant de me redresser. Je pose ma main à l'endroit où était mon front, c'est froid, comme cet endroit. Une larme solitaire coule le long de ma joue, il se lève et pose sa main en face de la mienne.

-Je t'aime, je ne pouvais pas te laisser ici, seul. C'est à cause de mon frère que tu es là et je ne peux pas lui pardonner, pas après tout ce qu'il m'a fait et ce qu'il te fait en ce moment.

Il ne dit rien, la tête toujours sur la vitre.

-Pardonne-moi. Dis-je dans un murmure.

Doucement, il lève la tête et me regarde de ses grands yeux claire.

-Pourquoi moi ? Alors que je t'ai enfermé...

Un sourire se peint sur mon visage humide.

-Je t'aime, c'est tout. Je veux être avec toi et je t'attendrais.

Elièse continue de me fixer, l'air étonné par mes paroles. Je vais l'attendre et faire tout ce que je peux pour le rendre heureux, je lui dois bien ça. Sa tête fait un mouvement de haut en bas.

-Tu n'as pas besoin de me demander pardon. Après tout ce que j'ai fais pour Nico... Son visage se crispe à ce nom, puis il continue. Ne m'attends pas, je vais rester au minimum 5 ans en prison.

J'écarquille les yeux de surprise, autant de temps enfermé. Qu'est ce que je vais faire ? Je vais rester seule, avec mes parents qui ne sont jamais à la maison et un frère lui aussi enfermé.

Mais seul le temps pourra me dire si je vais réussir à vivre sans lui, aussi longtemps. Je n'ai pas le choix je dois l'attendre et veiller sur lui.

-Je viendrais te voir chaque semaine, j'attendrais ton retour.

Un sourire vient illuminer son visage, ça fait du bien de retrouver l'ancien Elièse, celui que je connais. Celui que j'aime.

Sauve-moi de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant