Chapitre 24

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Au réveil, Elièse n'est plus là. Je décide alors de sortir du lit, m'habille et vais en direction du salon. Je le vois assis sur une chaise, la tête entre ses mains.

-Elièse ? Qu'est ce qu'il y a ?

Pas de réponse, alors je m'approche avec inquiétude et découvre des photos d'Isaak et moi sur la table. Ma respiration se coupe et je commence à paniquer. Comment a t-il eu ces photos ?

Quand j'approche ma mains de son visage, il me rejette d'un coup brusque, me fixant comme si j'étais son pire ennemi.

-Ne me touches pas ! Tu t'es bien foutu de ma gueule !

-De quoi tu parles ? Je fais semblant de ne pas comprendre mais mon cœur saigne.

-Tu sais très bien de quoi je parles ! Prends moi pour un imbécile ! Tu joues avec moi depuis le début ! Tu t'es rapprochée de moi seulement pour t'échapper !

Mes larmes commencent à couler. Je n'en peu plus, c'est trop.

Je tente une approche et m'avance vers lui prudemment, mais il m'évite et recule de plusieurs pas, faisant tomber la chaise dans un fracas assourdissant. Mon cœur se déchire et mes poumons se vident. Non ! Il ne peut pas me détester ! Mes larmes coulent, mais pas de tristesse, juste de colère. C'est à cause de Nico si tout cela m'arrive, à cause de lui si je suis enfermée et triste. Je ne peux plus continuer comme ça. Il faut que je sorte d'ici.

Je me tourne et aperçois un couteau qu'Elièse avait oublié. Je cours vers l'objet en question et le prend en main. Sans réfléchir une seconde de plus je l'enfonce profondément dans mon ventre et recommence l'opération trois fois. Je vois Elièse courir vers moi et me crier d'arrêter mais je continue, c'est la seule façon de me faire sortir d'ici. Si Nico apprend que je souffre il me laissera sortir.

Ma vue se trouble peu à peu, je ne vois plus qu'une tâche sombre avançant vers moi devant un espace blanc. La seconde d'après mes genoux sont à terre et bientôt mon corps entier se retrouve allongé sur le sol froid. Comment ais-je pu en arriver là ? Tous ça à cause d'une seule personne. La même personne qui, quelques semaines auparavant, était la plus précieuse à mes yeux. Celui pour qui j'aurais donné ma vie pour le sauver. Mon frère.





Quand je me réveille je suis dans un lit d'hôpital, tout autour de moi est blanc. Une personne est au bout de mon lit, assise sur une chaise et endormie. J'ouvre difficilement les yeux et découvre Isaak...

-Isaak !

Je me lève en position assise et je crie son prénom. Je regrette immédiatement mon geste et plaque mes mains contre mon ventre qui me fait souffrir. Comment diable ai-je pu me faire autant de mal ?

Il se réveil en sursaut et mets quelques secondes à réaliser que je suis là, puis il se lève et vient vers moi. Il me prend doucement dans ses bras rassurant. Le soulagement envahit mon corps. Je ne suis plus qu'émotions. Je pleure à chaudes larmes et je ne peux m'arrêter. C'est enfin terminé ?

-Tu m'as tellement manqué !

Il pose ses mains sur mon visage et relève ma tête pour que je le regarde dans les yeux. Il pleure lui aussi.

-Les policiers étaient à ta recherche depuis plusieurs semaines, ils ont contacté tous les hôpitaux, postes de police, gendarmes... Et ils ont finalement réussi à te trouver grâce à Elièse. Je suis tellement heureux que tu sois en vie. J'ai eu tellement peur de te perdre.

Il lâche mon visage et me prend dans ses bras encore une fois. La culpabilité prend rapidement le dessus mais je l'aime et ça ne changera pas. Je m'en veux pour Elièse mais il va comprendre, j'étais enfermée et seule. J'espère qu'il comprendra.

Mais est ce vraiment ce que je souhaite ?

-Je suis content que tu sois réveillé.

Cette voix... Elièse... Il est juste derrière nous et nous regarde intensément. Je me détache d'Isaak et baisse la tête. Je suis fichue, jamais Isaak me pardonnera. Pourquoi a t-il fallu qu'on en arrive là ?

Ça me fait beaucoup de peine pour lui mais que faire ? Je l'apprécie pour ce qu'il est, le sortir de ma vie serait vraiment désagréable à vivre.

-Je suis désolée...

-T'inquiète pas pour moi, j'ai arrêté toutes ces conneries. Ton frère va aller en hôpital psychiatrique et moi je vais faire un  peu de prison, mais dans quelques années je sortirais et je continuerais ma vie normalement et reprendrais mon travail.

Il s'avance vers moi et me tend un papier.

-C'est l'adresse de l'hôpital où est ton frère. Si, un jour, tu te décides à lui pardonner.

-Merci... Ce n'est qu'un souffle.

Il me sourit tristement et tourne les talons. La porte franchie je ne sais quoi dire. Je fixe le papier dans mes mains, pourrais-je un jour lui pardonner ? Je ne sais pas. Le papier se retrouve alors chiffonné dans ma main, je le pose sur la petite table à ma gauche. Je pleure encore et encore. Isaak me prend la main et la mène à sa bouche pour y déposer un baiser. Ses lèvres douces m'ont tellement manquées. Je m'approche et l'embrasse d'un chaste baiser.

Je ne veux pas me l'avouer, mais je ne ressens pas les mêmes sensations au creux de mon ventre. Non ! Arrêtes de penser à lui. Il t'a gardé enfermé pendant des semaines, c'est normal que des sentiments naissent entre deux personnes après autant de temps, non ? Cela s'appelle le syndrome de Stockholm. Oui, c'est sûrement ça...

Laisse toi du temps, ça va passer...

-Je t'aime Isaak. Ce n'est qu'un murmure pour me réconforter.

-Je t'aime Lili.

Sauve-moi de mon frèreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant