« Je l'ai !!! Ça-y-est ! »
Je crie dans toute la maison à qui veut bien l'entendre. Il faut dire que ça fait un petit moment que je suis dessus : le permis. Toutes mes amies l'ont passé avant moi alors même que je suis du début d'année. À 16 ans et dans les États-Unis d'Amérique, ce n'est pas trop tôt pour l'avoir ce fichu diplôme. Je vais enfin pouvoir conduire et ficher la paix à mes parents pour les diverses conduites chez les copines, au lycée ou au sport.Miss Aimie, notre concierge, me regarde l'air de dire « Ce n'est pas trop tôt ! ». Bien sûr, elle rigole tout de suite après mais c'est vrai que j'y ai passé un sacré bout de temps, à apprendre les règles de conduite, la mécanique, la sécurité routière... je préfère nettement les cours du lycée qui m'ont toujours passionnée. J'ai toujours eu de bonnes notes et été une élève disciplinée et attentive. Malgré un emploi du temps chargé ; musique car je fais du saxophone, self-défense, natation et deux fois par semaine course à pied, et malgré ça, je ne me suis jamais sentie accablée par le travail. Mais je tiens sûrement cette ténacité des mes parents qui la tiennent eux-mêmes de leurs aïeux.
Chez nous tout le monde est parfait.
Je ne dis pas ça parce que je suis orgueilleuse ou fière, mais parce que tout est ordonné de façon méthodique par nos parents pour donner une image parfaite de notre riche petite famille américaine. Ma mère est née à Philadelphie dans le New Jersey. Fille d'une avocate et d'un marchand de matériel de cuisine luxueux, elle a peu reçu de démonstrations d'affection de la part de ses parents. Elle a vécu toute sa jeunesse entre New York et Washington, d'où son côté préservateur à ne pas vouloir quitter notre grande demeure familiale. C'est pendant ses études qu'elle a rencontré mon père, à Cambridge. Son caractère de bourgeoise Londonienne s'est d'ailleurs forgé à cette époque d'après Papa. En ce qui le concerne, il est né de l'union d'une métisse des Antilles et d'un portugais. Lui est le portrait typique de l'homme d'affaire américain : toujours en costume-cravate de travail, souriant et bienveillant mais distrait en famille, souvent à partir tôt le matin et rentrer tard le soir. Néanmoins, il aime ce qu'il fait ; il dirige une boîte de vidéo-surveillance au service du gouvernement, et prend le temps de partager des moments complices avec ses enfants. C'est un homme à la peau hâlée, grand, brun et svelte qui fait se retourner des femmes envieuses sur son passage. Papa est également gentil et attentionné envers tous, et c'est avec lui qu'Alva, Jehan et moi nous nous entendons le mieux. Car ma mère est peu démonstrative et a du mal à communiquer ses émotions avec sa progéniture. Je la plains : ce doit être dur de ne pas pouvoir dire ce qu'elle a sur le cœur juste par peur d'abimer son image. Heureusement, elle a Papa, le seul à qui elle se confie, son âme sœur, sa moitié, et sans doute sa raison de vivre, plus que ses enfants.Je descends au rez-de-chaussée, dans la pièce où se situe le bureau de ma mère. Elle est assise, stylo-plume à la main, et écrit sans doute je ne sais quel courier à tel ambassadeur pour tel service. Elle a rassemblé ses jolis cheveux blonds en une queue-de-cheval, coiffure qui met en valeur son teint beige de même que son jupe-tailleur bleu marine souligne sa silhouette élégante. Elle pose sur moi ses yeux noisettes en attendant mon annonce.
« J'ai réussi l'épreuve écrite du permis. J'ai pris rendez-vous pour passer le test de conduite demain après-midi. Est-ce que je peux emprunter ta Mini rouge s'il te plaît ? Je te promets que je serai prudente, et puis je suis avec l'instructeur donc... »
Je laisse traîner ma phrase en l'air histoire de sous-entendre que sa précieuse voiture ne risquera rien de grave demain. Elle y consent en me sermonnant quand même sur la valeur des objets. Je la remercie poliment, prends congé et me dirige vers le deuxième étage, réservé principalement aux jeunes. Alva et Jehan vont me féliciter et c'est bien pour ça que je vais leur annoncer la bonne nouvelle : j'ai besoin d'encouragements car je stresse pour l'épreuve de conduite de demain, ce qui n'est pourtant pas dans mes habitudes. Pour une fois, les jumeaux sont dans la même pièce ; avec l'âge, ils deviennent de plus en plus indépendants l'un de l'autre. Il faut dire qu'ils ne sont pas de vrais jumeaux, de un et que, de deux, ils ont déjà 20 ans. L'époque où nous jouions tous les trois ensemble me paraît lointaine désormais et j'aimerai les avoir près de moi plus souvent.
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Afynn Winslo - Chroniques d'une Outlander
ActionDécouvrez comment Afynn Winslo, membre à part entière d'une équipe d'agents un peu spéciaux, est devenue une Outlander. (Préquelle)