Chapitre 2 - Francis Edward Sabael

3 0 0
                                    

Le Journal de Francis Edward Sabael

9 Janvier 1913

Cet ouvrage est la remise en forme des différentes notes et feuillets que j'ai réalisé après les étranges événements qui m'arrivèrent en l'année 1890.

Tout a commencé le 6 avril 1890 lorsque je reçus un courrier de Maître F. Kinley, notaire à l'Hamilton County Courthouse Complex de Lake Pleasant City. Cette missive m'indiquait en termes concis que mon oncle Hezekiah Sabael avait disparu sans héritier direct et, qu'étant son plus proche parent, les possessions du défunt me revenaient. J'héritais donc de soixante-et-onze dollars, de quelques terres boisées et d'une propriété sur les bords de l'Indian Lake.

Il va sans dire que je fus ravi de recevoir ces quelques richesses alors qu'à l'époque je ne gagnais que cinq ou six dollars par mois avec les articles, lettres ou poèmes que j'arrivais à faire publier. Ce plaisir de recevoir un héritage était d'autant plus fort que je ne connaissais pas, pour ainsi dire, cet oncle Hezekiah Sabael.

Le 7 avril, je pris mes dispositions pour me rendre à Lake Pleasant et j'envoyais une lettre à Maître F. Kinley pour l'avertir de ma venue dans les jours suivants.

Je partis donc le 8 avril au matin, je me rendis à la gare de Boston pour prendre un train jusqu'à la ville d'Albany, de là je pris une voiture hippomobile qui m'emmena jusqu'à Johnstown NY.

Le lendemain, le 9 avril, je pris une nouvelle diligence qui me conduisit à travers les sombres forêts des monts Adirondack, je longeais différents lacs dont je ne connaissais pas le nom, puis la diligence finit par suivre un chemin pierreux et cahoteux. Durant cette partie du voyage je ne fus guère rassuré par la mine délabrée et peu avenante des quelques hères que nous croisions. Quoi qu'il en soit j'arrivais en début d'après-midi dans la petite ville de Lake Pleasant.

L'Hamilton County Courthouse Complex de Lake Pleasant était un ensemble de bâtiments administratifs à colonnes ciselées et frontons monumentaux donnant à l'ensemble un style pseudo-grec, surtout pompeux selon moi. Enfin, je demandais à voir Maître F. Kinley à l'accueil, je n'eus qu'à attendre quelques instants avant de découvrir un grand échassier à la mine austère. Nous nous saluâmes et ils m'emmena dans son bureau encombré de nombreux dossiers, livres et papiers divers. L'homme de loi m'apprit que mon oncle avait disparu avec certitude depuis une dizaine d'années, et qu'il avait fallu attendre le délai légal avant de déclarer la succession.

Maître F. Kinley se leva et alla ouvrir un coffre-fort derrière son bureau, il en sortit un coffret ouvragé et couvert de hiéroglyphes d'une sorte qui m'était inconnue et dont la seule vue me fit frémir. Il se rassit à son bureau et posa le coffret qu'il poussa vers moi en m'indiquant que celui-ci contenait les soixante-et-onze dollars. J'ouvris le coffret avec l'étrange petite clef qu'il me tendit et je découvrit un véritable trésor de pièces en or, soixante-et-onze pièces rutilantes en or de un dollar. J'étais ébahi, car même si ces pièces étaient frappées comme valant Un dollar, la réalité était tout autre, la spéculation et la rareté du précieux métal leurs donnaient une bien plus grande valeur. Alors que j'étais comme hypnotisé par l'éclat émanant du petit coffret Maître F. Kinley me tendit un papier. Je refermais vivement le coffret comme surpris au sortir d'un rêve ensorceleur. Je lus rapidement l'acte de succession, et signais sans poser plus de question. Il me donna alors un plan topographique de la région avec le tracé de ma propriété et le chemin pour m'y rendre. Il finit par me tendre un énorme trousseau de clefs en cuir sombre dans lequel se trouvait plusieurs clefs en fer forgé ouvragé.

Le Journal de Francis Edward SabaelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant