Chapitre final : Le Rouge & le Noir

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Le cœur de Nathaniel battait sans s'arrêter. Les deux garçons se fixaient, les yeux dans les yeux, et rougissaient. Le dessinateur avait gardé sa main sur la joue de Marc, et leurs deux visages se faisant face, ils ne bougeaient pas.

- Marc... murmura Nathaniel.

Celui-ci sursauta à l'entente de son prénom. Tout son corps était en alerte. Son cœur explosait, battait avec furie dans ses tempes, sa respiration était devenue saccadée et le rouge avait envahi ses joues d'une façon si exagérée qu'il avait la tête qui tournait. Il ne pensait plus à rien. Juste à Nathaniel, qui le dévorait des yeux.

Tout se passa très lentement. Les deux approchèrent leurs visages, attirés comme deux aimants. Ils n'avaient plus que les lèvres de l'autre dans leur champ de vision.

Leur bulle d'intimité éclata soudain. Ladybug venait de tomber du ciel dans un gros bruit et d'atterrir près d'eux, touchée par une attaque. Nathaniel se ressaisit et cria en la voyant :

- Ladybug !! Est-ce que ça va ?

Il courut l'aider à se relever, osant la prendre dans ses bras. Celle-ci touchait son front où elle avait reçu l'égratignure. Elle rassura le rouquin et se releva avec lui.

- Merci Nathaniel, fit-elle avec son sourire d'ange. Je ferais mieux d'y retourner, je ne peux pas laisser mon chaton se battre tout seul.

- Pas de problème, murmura Nathaniel, subjugué par la présence de la jeune héroïne si près de lui.

Elle lui fit un clin d'œil et utilisa son super-yoyo pour s'élever en l'air. Elle quitta la cage de verre par en haut et on la vit de loin rejoindre une silhouette noire. Nathaniel la suivait des yeux avec fascination.

Derrière, Marc avait observé la scène de loin. Il avait envie de pleurer. Il le savait pourtant, que Nathaniel était attiré par la super-héroïne coccinelle. C'était bien normal après tout, elle était si charismatique et si forte, si belle et si optimiste ! Il ne se sentait pas de taille. Quand il vit son ami revenir près de lui, il cacha sa peine et lui sourit.

- Bon allez, on s'y remet ? fit-il d'une voix qui essayait de ne pas trembler. Alors... On avait dit que tu dessinerais Julien Sorel comme ça, une facette de son visage rouge et l'autre noire, en train de regarder son portrait de Napoléon Bonaparte et...

- Marc.

- Comme ça, avec derrière les deux visages de Mme de Rênal et Mlle de la Mole, l'une derrière la facette rouge et l'autre noire, puis...

- MARC !

L'écrivain lâcha son crayon. Il se cacha le visage avec les mains. C'en était trop. Il pleurait à chaudes larmes, et ça ne s'arrêtait pas. Il était si triste qu'il ne pouvait s'empêcher de gémir à voix haute. Il avait si mal au cœur. C'était trop dur de voir Nathaniel regarder quelqu'un d'autre comme ça.

Lui, de son côté, eut aussi les larmes aux yeux en voyant son ami pleurer ainsi. Marc était au sol, sur ses genoux, les mains au visage et suffoquant tant il pleurait. Il était si vulnérable ainsi, si inoffensif, si... attendrissant.
Nathaniel vint l'enlacer. Il enfouit sa tête contre son épaule et caressa ses cheveux tendrement.

- Que se passe-t-il, Marc...?

Malgré le ton doux et compatissant qu'il avait pris, Marc se sentit révolté de l'intérieur. Comment ça, que se passe-t-il ? Comment ça, Nath, tu ne voies rien ? Comment ça, tu ne voies pas que je brûle d'amour pour toi depuis la première fois où je t'ai vu...!

- Idiot... murmura simplement le noiraud sous un ton de reproche.

- Idiot ? répéta Nathaniel, surpris.

Le rouquin s'écarta de Marc, mais garda ses épaules dans ses mains. Celui-ci avait enlevé les mains de son visage, et ses yeux verts pétillants étaient teintés de désespoir.

- Marc... Dis-moi ce qui se passe.

- Ce qu'il... se passe ? trembla Marc. Mais tu ne le voies pas ?

Il recula, effaça ses larmes d'un revers de manche et planta son regard dans celui de Nathaniel :

- Mais je t'aime, Nath ! Nathaniel ! Je t'aime depuis trop longtemps, et toi tu ne regardes que Ladybug ! Je souffre, comme un ver de terre amoureux d'une étoile trop haute et trop brillante pour lui ! Tu es la personne la plus extraordinaire à mes yeux, et je t'aime. J'aime quand tu me regardes, quand tu me souris, quand tu es concentré sur tes dessins, j'aime chaque facette de toi, j'aimerais que toutes n'appartiennent qu'à moi ! Mon être tout entier s'enflamme quand tu es là ! J'aime tant être à tes côtés, imaginer avec toi, avoir l'impression que nos esprits ne sont plus qu'un lorsque nous travaillons ensemble ! Je...

Il se coupa. L'émotion était trop forte. Il repartit en sanglots. Il avait mal, si mal, comme un héros romantique, écrasé d'une passion trop grande pour lui, pour son corps et son esprit si fragiles.Nathaniel était resté interdit, soufflé. Il avait les yeux qui tremblaient et quelques larmes s'en échappèrent même.

- Marc... Oh, Marc...

Il l'attrapa et le serra de toutes ses forces. Marc lui rendit timidement l'étreinte, occupé à pleurer. Nathaniel laissa ses larmes couler sans y faire attention.

- Marc, écoute. Je suis désolé d'avoir été si aveugle. Pardonne-moi... J'observe, j'analyse tout, sauf ce qui est à côté de moi...

Il redoubla l'étreinte en serrant les dents.

- S'il te plaît, écoute-bien ce que je vais te dire. Il y a... une autre personne qui retienne mon attention, et ce n'est pas Ladybug.

Une autre épine vint se planter dans le cœur de ce pauvre Marc. Les larmes se multiplièrent.

- Nath, je...

- Non, s'il te plaît, écoute-moi. Ladybug... Ladybug est quelqu'un de formidable. Elle sauve Paris tous les jours, c'est une fille forte, volontaire... Sans doute trop bien pour moi...

Marc hoqueta.

- Mais je ne suis pas idiot... Elle est inatteignable pour moi, et Chat noir la dévore des yeux. C'est évident qu'ils sont faits pour être ensemble. Ce que je ressens pour Ladybug s'arrête à de l'admiration et à de la sympathie.

- Alors... C'est Marinette, c'est ça...?

- Marinette... fit Nathaniel en caressant les cheveux de Marc. Elle aussi, c'est une fille extraordinaire. Je l'ai aimée, mais c'était il y a très longtemps. Et je crois qu'elle aime déjà Adrien.

- Qui est-ce alors... Nath...

Il sourit tendrement.

- Tu ne devines pas...? C'est toi, Marc, évidemment que c'est toi... Dans le noir, je vois du rouge ; je te vois toi... Je t'aime aussi.

Entendre une telle déclaration de l'être aimé est un sentiment merveilleux. Marc pleura encore, mais de joie. Jamais il ne s'était senti heureux. Il comprenait alors mieux Mme de Rênal, elle qui ressentait un bonheur démesuré quand elle apprenait les sentiments de Julien à son égard. Il serra avec délice Nathaniel, son Nathaniel. Leurs lèvres se touchèrent enfin et chacun goûta au fruit interdit. Leurs deux couleurs s'entremêlaient, l'un en rouge, l'un en noir, et ce rouge et ce noir se touchaient, se découvraient, s'appréciaient.

Près d'eux par terre, malicieux, on pouvait voir Le Rouge et le Noir resté ouvert à la page de la rencontre entre Mme de Rênal et Julien Sorel. C'était la page de l'amour naissant, des passions écloses qui se tournaient vers le soleil pour s'épanouir au mieux.



A suivre dans Le Rose & le Vert ~

Le Rouge & le Noir - Marcaniel (MLB)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant