Dernier salut

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  Le temps était particulièrement triste en ce dimanche d'automne : les nuages exaltaient sous un ciel grisâtre une colère noire et le soleil fuyait ailleurs pour en être épargné. Mais après tout, peut-être qu'il voulait seulement échapper à une tempête encore plus menaçante que la colère des cieux elle-même ?

  L'écume blanchâtre dévorait le sable terne et englobait les innombrables coquillages isolés sur la plage. Les vagues moroses noyaient les mollets blancs de la jeune femme, ses pieds maigres s'enfonçaient plus profondément à chaque pas qu'elle entamait dans cet amas d'eau. C'était le chemin menant tout droit aux portes de l'enfer, une longue et pénible route interminable. Le vent mordait son cou dénudé et le temps semblait filer entre ses longs doigts fins comme la bourrasque matinale. L'odeur salée de la mer emplissait ses narines coulantes, mais elle n'arrivait à sentir que le parfum écœurant du dégoût des années passées. Elle errait seule sur le rivage déserté avec sa conscience machiavélique et ses pleurs résonnant tels un écho inaudible. Dans son être, le déluge s'était réveillé, agacé. Le flot claquait sur les falaises rocheuses abîmées par le temps, le tonnerre grondait fort et les éclairs s'écrasaient contre les entassements de terres verdâtres. Cependant, les cris stridents des goélands survolant à travers les frontières terrestres réussissaient à accaparer son attention pendant un bref instant. Ce qu'elle pouvait les envier, les détester si férocement ces oiseaux, Océane... Elle n'avait que ce désir poignant de vouloir s'envoler loin, si loin, toujours et encore plus haut dans le ciel.

  Un torrent de pluie s'était soudainement mis à perler sur son visage éclaté et sa chevelure éteinte attaquée sans scrupule par l'agitation de l'air marin. Et puis les hurlements brusques de la ménesse se sont embrassés violemment contre le contact tranchant de l'eau ; c'était brute, violent, glacé, comme un hiver infernal déchaînant toutes ses forces pour figer le dernier éclat des beaux jours restants. Une suite éprouvante disgraciée par d'épouvantables sanglots, des gémissement déchirants, d'incontrôlables battements de cœur qui menaçaient de transpercer sa poitrine à chaque instant... Puis l'orage s'était calmé. Le silence, un calme irritant régnait sur cette atmosphère sinistre, sauf qu'il n'y avait rien, plus rien.

  Les ténèbres s'étaient vouées à la lumière, et Océane s'était offerte à l'océan.

OcéaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant