Overdose

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  Les lumières errantes des fenêtres colorées de la grande maison venaient éblouir leur vue. Le chahut qui provenait de l'intérieur tapait dans leurs oreilles intriguées, puis c'était avec un sentiment d'inhibition mélangé contre un inconscient d'excitation que le couple se rendait rapidement dedans.

  La musique pénétrait directement dans leur audition, accordée au tapage vivant d'une population échauffée. Les corps se touchaient et se collaient entre eux, la sueur dégoulinait sur leur visage insensé. Le grand blond et la petite brune s'imprégnaient vite de l'ambiance folle de la nuit et n'étaient pas près de s'arrêter à quelques pas de danse.

  Une gorgée, un verre, une bouteille entière.

  Il faisait une chaleur étouffante et le corps entier de la jeune femme tremblait sous la pression de l'alcool. Elle réalisait ensuite qu'elle venait de perdre de vue son compagnon. C'est en bousculant une moitié de gens éméchées et sans manquer de tomber qu'elle réussissait enfin à parvenir jusqu'aux escaliers crasseux. L'effort pour monter les nombreuses marches salies se faisait ressentir de plus en plus à chaque pas tremblant qu'elle s'engageait de faire. C'est en arrivant finalement à l'étage principal qu'un palier au plancher blafard hébergeait de longs couloirs aux portes closes. Néanmoins, un bruit provenant de l'une d'entre elles absorbait particulièrement l'attention de la jeune fille.

  Un grincement de porte, une pièce bariolée, un silence de pierre.

  Ses yeux brillants fulminaient de faire couler un long fleuve en détresse. Ses jambes nues menaçaient dangereusement de s'écrouler sur le sol froid. Le temps s'était arrêté, les cris devenaient du brouillard impossible à dissiper et son cœur avait loupé plusieurs battements à la suite. 

  Un claquement violent, un concert de sanglots, des fragments brisés en mille morceaux.

    La mélodie avait subitement changé de nuance. Les corps semblaient se balancer comme des pantins sur une chanson démunie de rythme. Les yeux dans le vide, du stupéfiant coulant à flots dans ses veines, un poignard aiguisé dans sa poitrine déchirée.

  C'est en bougeant son corps désarticulé que l'amante se rendait vite compte que tout cela n'était qu'une scène artificielle, et cette soirée, un voile de mensonges rempli par la tristesse et la haine qui venaient de percer son cœur. 

  Cette fois, la jeune femme avait froid.

OcéaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant