Bouteille à la mer

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  La matinée était arrivée plus vite que prévu, à son grand soulagement. Les vagues bleues ondulaient à travers le sable fin sous un ciel orné d'une teinte grisâtre pour s'écraser sur une terre languissante. Elle pouvait apercevoir des bateaux tanguer puis passer furtivement sur le courant clair, avant de disparaître derrière des rochers amochés par les années.

  « Belle journée pour mourir. », songeait-elle.

  L'odeur marine poussée par la brise fraîche venait flatter son nez rougeâtre et coulant. Son visage était peint par des yeux fulminés, marqués de grotesques traces de mascara ayant coulé sur ses joues pâles. Son maigre corps n'était couvert que par une fiche robe blanche attaquée par la bourrasque matinale. Le première contact de ses pieds nus embrassés par l'eau froide et picoré par les grains dorées provoquait une plainte presque inaudible chez la jeune femme. Elle entreprenait à s'avancer encore plus loin dans l'océan alors que les nuages colériques commençaient à se battre en eux. La toile de tissu immaculé qu'elle portait s'alourdissait de plus en plus et la marée avait déjà enlacée sa taille fine. La pluie commençaient à perler sur son visage fade et sa longue chevelure enfumée. Le tonnerre grondait sous les pleurs des oiseaux et les vagues claquaient férocement contre les hautes falaises.

  Une première tentative.

  Elle plongeait violemment sa tête dans la baille austère. Ses hurlements s'introduisaient dans l'eau glacée pendant qu'elle tentait de se débattre sous cet amas massif. Les secondes défilaient, les minutes passaient, et un silence de plomb octroyait les ondes figées sous le tonnerre déchaîné. Un cri strident venait tanguer l'espace éloigné lorsque Océane ouvrait finalement les yeux. Les battements de son cœur s'étaient accélérés et son corps tremblait comme il ne l'avait jamais fait. Elle n'avait pas réussi à s'ôter la vie et elle en soupirait de déception, mais inconsciemment, de réel soulagement. Néanmoins, elle n'allait pas reculer devant son échec et était prête à recommencer, malgré les souvenirs s'entre-tuant dans sa tête. C'est alors que le contact d'une main chaude venait se poser délicatement sur son épaule tremblante. Elle s'était retourné, et ses yeux menaçaient de sortir de leurs orbites. C'était bel et bien lui. La silhouette athlétique du jeune homme n'était qu'à quelques centimètres d'elle. Ses yeux d'émeraude se noyaient éperdument dans ses iris écroulées. Le regard de la jeune femme brillaient d'étonnement, mais aussi, de fureur. Mais après tout, elle s'en fichait. Elle l'avait pris dans ses bras, comme si la douleur s'apaisait, comme si son passé s'engouffrait et glissait sur son torse trempé. Ses paupières s'étaient closes, et elle souhaitait à ne plus les rouvrir.

  Un vent violent assénait le corps fragile de la faible jeune fille qui tombait subitement dans l'eau salée. L'océan semblait lui aussi être de mèche et déterminé à prendre ce qui lui appartenait. Elle se relevait toutefois après avoir bu involontairement la tasse... et puis plus rien. Il avait disparu. Des rires trémulant venaient prolonger les vagues de la mer lorsqu'elle se moquait de cette absurde illusion à laquelle elle avait réellement crue. La triste femme allait recommencer sa tentative de suicide sous la tempête enragée et les éclairs menaçants. Elle s'apprêtait à replonger sa tête dans l'eau dure lorsqu'elle sentait de nouveau un contact brute s'échouer sur son bras.

  Une bouteille.

  Le tube de verre accaparait l'attention de la demoiselle. Elle pensait que ce n'était encore qu'une autre et stupide illusion, avant qu'elle ne réalise qu'un morceau de papier était enfermé à l'intérieur.

  Ce n'était pas qu'un simple bout de papier plié, c'était une lettre.

OcéaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant