Oh mon dieu!Il était là, appuyé nonchalamment contre le mur en train de boire un café fumant. Il avait un style particulier, et un peu vieillot pour son âge. Son long manteau noir lui arrivait au dessus du genoux et sa sacoche semblait débordé de dossier important.
- Tu crois qu'il est nouveau? Me fait une amie.
- J'espère!
- J'en connais une qui est pas indifférente à son charme!
- Chut! Regarde, le prof de maths vient lui parler!Personne n'utilisait vraiment cette machine à café, elle était plus là pour les profs ou pour les gars qui voulaient se la jouer un peu.
Mes yeux ne se décrochaient pas de son visage au teint assez pâle, ses yeux bleus m'attiraient mais ses fines lèvres étaient ce qui me donner le plus envie d'aller l'accoster.
Le prof de maths, Mr Chevreuil se mit alors à lui parler. De là, où j'étais avec mes amies, je n'entendais rien, et rapidement mon attention fût détourner par une paire de bras qui virent m'enlacer.- Nico! Ça va?
- Oui et toi? Me répond-t'il en me claquant la bise.Il acquiesce et fais la bise aux autres en gardant toujours un bras posé sur mon épaule. Mes yeux trouvent ceux de deux de mes copines qui me lancent des regards bien équivoques.
Nicola est du genre très tactile, je n'y peux rien, malgré cela elles sont certaines qu'il veut se mettre avec moi.
Je secoue la tête et lève les yeux au ciel pour faire la bise aux autres garçons.
Malheureusement durant ce court instant, mon inconnu de la machine à café a disparu. Je cache ma déception en reprenant le fil de la conversation et en lançant une blague qui fait rire un peu toute la bande.()()()
Midi vient de sonner. Un troupeau de bovins, qui aurait eu l'air d'avoir été affamé pendant trois semaines, se dirigent à grande vitesse vers la cantine. Je fais partie de cet amas de bêtes morfalles, et à grands pas, nous allons dans la queue pour éviter de devoir manger un long quart d'heure plus tard. La faim est plus forte que tout, même si à l'arrivée, un pauvre poisson pané et du riz pas si cuit nous attendra en guise de repas.
Dans le rang, c'est la bousculade, chacun joue des coudes pour pouvoir gagner ne serais-ce qu'un malheureux centimètre. Des insultes pas très belles à propos des mamans fusent, puis le pion est obligé d'intervenir. Sans grand charisme, il ne fait rien bouger du tout.
Après quelques minutes, cela avancent enfin. Mon amie me serre la main pour éviter que nous nous fassions emporter loin l'une de l'autre. Je me prends un sac d'une petite grande seconde et grogne en me massant la joue. Ce qu'ils sont grands cette année! Ils me dépassent presque tous.
Mes maugréés sont interrompus par la vision d'une silhouette qui m'est familière. Le blond de l'autre fois est en train de suivre un groupe de professeurs et devancent donc toute la file.
Depuis quand les élèves ont des passes-droits?
Je fronce les sourcils tout en continuant de le suivre du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière la porte menant au self.()()()
L'après-midi, mes heures de siestes vont commencer dans mon cours d'histoire-géo. Le prof est d'un ennui...
Au premier rang, je m'installe près de la porte qui reste ouverte pour que nous ayons de l'air.- Tiens, toi tu pourrais aller me chercher mes photocopies dans la salle des profs?
Je dodeline de la tête en me redressant et en ignorant le fait que après bientôt deux ans, ce prof ne sait ni mon nom, ni mon prénom.
- Tu verras, les feuilles sont posés sur la photocopieuse.
J'acquiesce à nouveau et sort de la classe pour descendre plusieurs escaliers jusqu'à arriver au rez-de-chaussée dans la salle des profs.
Je frappe, entre et me retrouve nez à nez avec le blondinet.Ma respiration se coupe un instant. Surprise, je n'ose pas dire un mot, je ne sais plus quoi penser non plus.
- Bonjour..
Oh mon dieu! Un accent américain - ou peut-être anglais, je n'y connais rien- fait rougir mes oreilles. Quel doux son. Un sourire niais se dessine sur mes lèvres.
- Salut.
Il s'efface pour me laisser passer et je m'exécute en baissant la tête sur mes pieds. En me voyant fouiller sur l'étagère près de la photocopieuse, il s'approche.
- Tu as besoin de quelque chose?
- Tu parles français?Répondre à une question par une autre. Cela peut paraître impolie mais au moins cela fera peut-être durer la conversation.
- Je suis bien obligé, sinon je serai perdu et je n'aurai pas de travail.
- Tu travailles ici? Fais-je en abandonnant mes recherches.
- Je ne suis qu'un correspondant étranger pour l'instant. J'espère devenir professeur de français chez moi.
- Chez toi? C'est où?
- United States of America.Je transpire l'admiration devant son accent si parfait, si vrai. Pas comme l'accent tout pété de notre gentille madame Martine, professeur d'anglais.
Je lui fais un signe de tête puis nous échangeons un sourire en silence.
Mes joues rougissent peu à peu et je me rappelle que j'ai cours. Je me retourne alors et me remets à chercher.- Tu cherches quelque chose? Demande t'il.
- Euh.. des documents d'histoire. Sur la première guerre mondiale.
- C'est un sujet très intéressant.Il m'aide et je me rend compte de la chance que j'ai d'être aidé par un si beau blond tout droit sortie d'une série américaine niaise où danserai des cheerleaders à chaque coin de couloirs.
- Tu te nommes comment?
- Milah.Je le vois réfléchir après avoir entendu comment je m'appelais donc j'ajoute:
- Ma grand-mère est italienne.
Il sourit comme si j'avais trouvé la clef de sa réflexion.
- Et toi?
- Andrew.
- Nice to meet you!Je lui tend la main, enjouée et il met un peu de temps avant de la serrer doucement comme s'il avait peur de me faire mal.
Ensuite, il pouffe de rire, et dans l'incompréhension totale je ne peux qu'ouvrir ma bouche comme une carpe.- Very good accent.
Soudain la porte s'ouvre dans un grand fracas et mon professeur d'histoire débarque une grosse ride entre les deux sourcils.
- Alors? Mlle Thomson! Ces papiers!
Je panique, sursaute et mon coude vient heurter la grosse photocopieuse grise qui se met en marche.
- Merde!
La feuille qui sort de la photocopieuse fait en fait partie des nombreuses que je cherche. Mon excuse est trouvée.
Andrew ne comprend rien à la situation et passes de ma tête à celle de l'autre en colère.- Je faisais des photocopies, il n'y avait pas le nombre exact. Répliquais-je.
Je récupère tout les documents présents, et les serre contre ma poitrine.
Mon prof soupire et me fait signe de le suivre ce que je fais rapidement. Avant de partir, je me retourne une dernière fois et adresse un clin d'œil à ma nouvel connaissance.()()()