Le barman

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- Cul sec ! M'écriais-je en reposant mon verre à shooter vide sur la table.

Mes meilleurs amis crient après m'avoir imité. Il n'est que 21h30 mais nous entamons déjà notre seconde bouteille. Mais j'ai une excuse à ce non respect de mon foi et toute autre partie de mon système gastrique: l'amour de ma vie, la chair de ma chair depuis 3 ans, mon fiancé, m'a trompé avec ma soeur.

Le pire étant que mes parents la défendent, ce n'est pas sa faute, ils la décrivent fragile, naïve et me vois comme ayant choisi la mauvaise personne, comme à chaque fois.

Mon regard vitreux se pose sur le barman qui essuie nonchalamment des verres. Enfin plus précisément sur son jean noir moulant un postérieur qui m'a l'air tout à fait à mon goût.

- Lolaaa! Viens danserrr!

Bourré, mon ami d'enfance me tire sur le bras en manquant de tomber du tabouret sur lequel il était perché. Mon autre amie éclate de rire en le retenant.

- Je crois que c'est tout pour toi Quentin!
- Merde! Les filles il faut que j'aille aux toilettes!
- Attends on t'aide.

Bras dessus, bras dessous, à trois comme depuis la maternelle, les seuls amis qui ne m'ont jamais trahis, nous nous dirigeons à trois vers les toilettes des hommes.

- Ce qui est bien avec toi c'est qu'on a pas besoin de te tenir les cheveux! Ricanais-je.

Sa réponse se perd permis le doux son de son estomac qui rejette le mélange d'alcool et d'insultes que nous avons ingurgité toute la soirée.

- Lola, tu peux aller lui chercher un verre d'eau? Il est en train de se dessécher le pauvre.

J'acquiesce en ressortant des toilettes alors que j'aurai simplement pu ouvrir l'un des robinets pour avoir de l'eau, et me dirige vers le bar encore bondé. J'abandonne l'idée de me frayer un chemin parmi tous ce monde et passe directement par le coin des employés. Quelqu'un d'emphatique me donnera bien un simple verre d'eau. L'alcool me désinhibe et me fait monter sur mes grands chevaux, comment ça faire la queue pour un verre d'eau?! Je le veux tout de suite moi.

Après avoir passé une porte « accès réservé au personnel », je finis par me retrouvé dans un espace de stockage des boissons. L'endroit est réfrigéré et me provoque des frissons. À l'aide de mes bras, je me frictionne les épaules.

- Qu'Est ce qu'tu fous là toi?

Je sursaute et me retourne vivement. Un grand molosse typé mafieux italien en costume noir me fait face les bras croisé sur son torse, ressemblant à une énorme armoire à glace. Loin d'avoir l'air de vouloir faire gentiment connaissance avec moi, il s'approche l'air presque agressif, j'ai donc tout intérêt à trouver une bonne excuse.

- Je me suis perdue... je cherche les toilettes.

Il me grogne dessus en guise de réponse.

- t'as pas vu le panneau !?
- Le panneau? Quel panneau? Non, j'ai rien vu.

Je souris nerveusement en jouant les potiches. Bizarrement mon ébriété diminue de façon drastique.

- Allez casses toi d'ici !

En me retournant vers la sortie, je manque de me cogner contre une nouvelle armoire à glace. Enfin moins épais que le mafieux grincheux derrière moi cela dit.

- Jon, on amène pas ses plans à l'arrière. Surtout celles qui sont pas sobres.

Je fronce les sourcils, non seulement parce que ce mec vient clairement de m'insulter, mais aussi parce que la pénombre m'empêche de bien distinguer ses traits de visage. Il s'avance un peu plus vers moi, et je reconnais immédiatement le barman que je m'amuse à mater depuis mon arrivée dans ce bar. D'accord, je comprends qu'il ait pu me trouver lourde, mais l'alcool n'a pas arranger les choses.

- Je ne suis pas son « plan », comme tu dis. Bon est ce que quelqu'un ici aurait un verre d'eau à me dépanner? Fais-je posant mes poings sur mes hanches...

...en manquant de trébucher sur un câble au sol. De nouveau, l'alcool me rend fébrile et il est vrai que je commence à tituber.
Les deux hommes me regardent bizarrement. Je peux avouer que ma demande peut paraître absurde surtout après tous les verres que je me suis enchaînée.

- Alors?
- Tu peux pas aller au bar et commander comme tout le monde?
- Je ne fais pas les choses comme tout le monde.

Je fixe le barman qui me lance un regard énigmatique et en fronçant légèrement les sourcils.

- Allez! Ramène toi!

Il m'emboîte le pas vers la porte de sortie. Je n'attends pas une seule seconde pour le suivre. L'autre gars me faisait un peu flipper.

Le beau brun aux fesses bien bombées me tend un verre d'eau. Je le remercie puis me dirige vers mes amis revenus s'installer au bar.

- T'en a mis du temps! Merci!
- Les gars ? On rentre? J'en peux plus là..

J'acquiesce en remettant mon blazer en cuir sur mes épaules. Mon meilleur ami attrape un papier qui s'était collé à son verre d'eau et le jette au sol avec un air dégoûté.

- C'est quoi ce vieux ticket?! Errk!

Je ricane puis n'y prêtes pas plus attention. Mes amis et moi nous dirigeons  alors vers la sortie quand tout à coup une main retient mon épaule. Je me retourne surprise, et prête à recaler celui qui ose me draguer.

- Hey! T'as passer la soirée à insulter ton ex et t'as recaler tous ceux qui ont osé t'approcher...

Le barman! Le cul de Captain America version ma petite ville de banlieue! Oh merde, et l'alcool qui me fait lui montrer mes côtés les plus ridicules et les moins attirants. J'ai du passer pour une névrosée!

- .. Mais même si ma technique est merdique et que, de laisser mon numéro sur le ticket n'a pas marché, et que t'as quand même l'air vachement irritante, ça n'enlève pas le fait que tu suscites ma curiosité.

Waw ! Le mec m'adresse carrément un discours.
Je papillonne plusieurs fois des paupières pour tenter de bien assimiler ce qu'il vient de me dire, et même si tout ce qu'il a dit m'a l'air pas mal cool, je ne peux m'empêcher de fixer ses lèvres charnues.
Oh merde je vais faire une connerie!

- Oh merde, elle va faire une connerie! S'exclament mes deux amis en coeur.

Le beau brun glisse ses mains dans ses poches arrières, l'air nerveux, guettant la moindre de mes réactions.
Quelques secondes plus tard, je lui adresse un grand sourire et m'avance vers lui les bras grands ouverts.
Mon front se heurtent en même que nos lèvres. Ma maladresse me passe complètement au dessus et je profite de ce baiser, qu'il me rend, avec le peu de neurones encore fonctionnelles qu'il me reste.

D'abord surpris il esquisse un mouvement de recul mais se laisse rapidement convaincre par notre action. Ses mains restent dans ses poches comme s'il me laissait gérer la situation. J'apprécie.

Lorsque je me recule, une sorte de sourire niais sur le visage, il en est de même pour lui et tout à coup, mon esprit reprend confiance en la gente masculine immédiatement, enfin juste en lui, enfin juste pour cette soirée et parce qu'il est mignon et qu'il embrasse bien.
Rougissante et prenant conscience de ce que je viens de faire, surtout dans l'état dans lequel je suis, je lui tend la main l'air faussement pressée.

- Donnes moi ton numéro! Vite je dois y aller, mon ami ne se sent pas bien.
- Tiens, viens là.

Il prend mon poignet et y note une suite de chiffres. Je glousse puis me ravise en cachant ma bouche de ma main, ce qui le fait sourire.

- À bientôt, alors. Fais-je en me raclant la gorge.
- Attends, tu ne sais même pas mon nom.
- Dis le moi alors!
-

Rencontre, le temps d'un instant Où les histoires vivent. Découvrez maintenant