You're My Cure

11. Mise En Garde

       Une fois sortis de l'appartement de Rafael, nous nous dirigeons ensembles vers l'ascenseur. À peine atterri dans le petit espace, je fais la grossière erreur de vérifier mon reflet dans la glace qui se trouve à ma droite. Mon regard horrifié rencontre l'état désastreux de mes cheveux qui ne sont plus ce qu'ils étaient la veille c'est-à-dire lisses et soyeux. Ce matin, j'ai comme des épis indisciplinés sur le crâne qui partent dans tous les sens et mes pointes reviennent doucement à leur état ondulés naturel. J'ai l'impression de ressembler à un personnage de dessin animé qui est tombé dans le nid d'un animal sauvage.

À l'aide de mes mains j'essaie comme je peux de me recoiffer, mais décidément, mes cheveux ne veulent pas coopérer ce matin et le regard curieux que pose sur moi Rafael me dissuade de poursuivre tout mouvement.  Lorsqu'il se retourne sans un mot face à la porte je reprends enfin le cours de ma respiration. Et au passage je maudis intérieurement mon cerveau de faire jaillir sans prévenir des bribes d'images de Rafael et moi durant nos ébats de la veille. Il faut vraiment que ma matière grise intègre le fait que cette soirée soit terminée. Raf c'est terminé, et je suis sur le point de reprendre le cours de ma vie d'étudiante en Droit trépidante. Alors inutile de me rejouer ces scènes que j'ai déjà vécu. C'était extra certes, mais tout de même, je ne veux pas que cette soirée occupe mon esprit de la sorte.

Je veux dire même de dos ce garçon est envoûtant, il me domine amplement avec son mètre 80 et je me laisserai volontiers dominer comme hier soir ici même dans cet assenceur, là tout suite. Ses lèvres sur la peau sensible de mon cou, ses mains de part et d'autre sur mon corps puis...STOP!

Joy reprends toi je t'en prie, pour l'amour du ciel !  

En moins de deux le carillon retentit et l'ascenseur s'ouvre sur le pallier du sous sol, non sans m'avoir fait sursauter. Nous prenons ensuite une porte sur la droite qui conduit au parking où est garée la voiture de Raf. Je ne m'y connais que très peu en voiture, mais pour la faire courte c'est une voiture grise métallisée 4 places qui fait vintage. Je trouve qu'elle lui correspond vachement bien, on dirait une de ces voitures qu'on voit souvent dans les films des années 90, très classe. 

Une fois confortablement installée à l'intérieur de l'habitacle, je ne peux m'empêcher de poser mes yeux partout dans la voiture. Des papiers de taille A3 qui ressemblent à des plans sont disposés partout sur la banquette à l'arrière de la voiture, . J'aperçois également un sac de sport. Trois bouteilles d'eau presque vides jongent le sol, à mes pieds tandis qu'un chapelet en bois capte rapidement mon attention. Il semble orner son rétroviseur intérieur en guise de protection. J'en déduis alors qu'il est chrétien. Rare sont les jeunes qui assument leur appartenance religieuse de nos jours.

- C'est ma mère qui a insistée pour le mettre là, me fait Rafael me sortant de ma contemplation de l'objet de dévotion religieuse qui au toucher est fait d'une matière lisse et douce.

Lorsque Rafael ôte le mode nuit de son rétroviseur, sa main effleure la mienne à qui je trouve rapidement une autre occupation à savoir : garantir ma sécurité en bouclant ma ceinture. 

Alors que Rafael débute sa manœuvre pour sortir du parking je lui lance : 

- C'est bienveillant de sa part. 

- Ah ouais tu trouves ? Il me demande rhétorique, avec un rire bref qui en dit long sur sa relation avec sa mère alors qu'il fixe son regard vers l'arrière du véhicule, le bras calé derrière mon appui tête.

Et je ne sais pour quelle raison je regrette immédiatement d'avoir abordé ce sujet et je lutte pour que la culpabilité qui se forme dans ma poitrine ne me monte pas à la gorge. Après tout, je ne pouvais pas deviner que c'était un sujet délicat pour lui.