- Depuis combien de temps es-tu là ?Je lui demande.
- Depuis le début. Pourquoi, tu me cherchais ? Il me sonde d' un air provocateur avant de reprendre une taffe de sa cigarette.
- Pas du tout, détrompe toi, je fais sur le même air tout aussi dédaigneux que lui précédemment, ce qui le fait sourire.
- Tu n'y retournes pas? Tu sais qu'il y a probablement Steven qui te cherche partout en ce moment ? Il m'informe sur le ton de la blague.
- Hum... merci, mais non merci, sans façon, je m'octroie une petite pause là, lui dis-je.
- De qui donc? De Steven ? Me demande-t-il avec un sourire.
- Oui... Enfin non ! Je prends un peu l'air c'est tout, je me rattrape.
- Tu le trouves si étouffant que ça Steven ? Il m'interroge, comme s'il n'en revenait pas. Non... plutôt comme si j'étais une princesse de château de sable qui en faisait trop pour trois fois rien.
Éternelle soumise aux opinions d'autrui, ma réaction est immédiate :
- Désolée, pardon. Je ne voulais pas être insultante, surtout que c'est ton ami, lui dis-je comme si j'en prenais enfin conscience. C'est juste que, c'est ma première soirée depuis très longtemps, j'ai besoin de reprendre mes marques et de m'habituer à vous, c'est vrai, je ne vous connais pas. Là ça fait un peu trop d'un coup. Et malgré toutes ses qualités, je ne compte pas aller plus loin avec Steven, je m'entends dire.- C'est à lui qu'il faut le dire pas à moi, me répond Raf avec son éternel ton calme, inébranlable, le regard toujours rivé sur la ville.
- Je pense qu'il a compris le message, je dis alors doucement.
- Si tu le dis. Mais sache que si tu as à lui réitérer le message, un conseil : évite de le lui dire avec ton air "entretien d'embauche", ça pourrait le rendre fou.
- D'accord... je lâche, n'étant pas sûre de comprendre. J'ajoute tout de même :
- C'est noté.
Un silence s'installe entre nous, ponctué par la musique et le brouhaha des clubbers. Depuis notre brèf échange visuel au Martha's, Rafael ne m'a plus accordé aucun regard. Je me suis surprise à remarquer que ça m'avait manqué. Un sentiment indescriptible s' anime en moi lorsque je sens son regard me brûler. Quand il me regarde je ne veux plus jamais me cacher. Il me donne l'impression d'être vue. D'exister. Et bizarrement, d'être digne d'intérêt.
Ciel, tu es ridicule ma pauvre, s'indigne la partie rationnel de mon crâne.
Il se retourne soudain vers moi comme ayant entendu mes pensées, Seigneur, faites que non. Il écrase son mégot dans le cendrier au milieu de la table basse, puis il me demande muni de son regard brûlant :
- Qu'est ce qui ne va pas avec Steven ?
- Ce n'est pas Steven le problème, c'est moi, je réponds du tac au tac.
- Toi, tu es un problème ? Il me demande avec un sourire en coin et un air incrédule, tout ça saupoudrer d'une apparence détachée, accentué par ses mains qu'il cache dans les poches de son slim noir.
Ses lèvres sont rosées et incroyablement attirantes. J'adore comment elles se mouvent au gré de ses paroles et des mots qui en découlent. Je ne les ai pas encore goûté et pourtant, elles m'ont l'air si tendres. Oh ciel ! Et dites moi que c'est l'alcool qui me fait aimer sa voix, sinon je vais commencer à croire que je pars à la dérive.
Dieu du Ciel, on va encore la ramasser à la petite cuillère celle là, me souffle une voix sournoise. Sournoise mais rationnelle. Je ne suis pas encore totalement foutue.
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You're My Cure
RomanceDeux ans après sa rupture, malgré sa réelle volonté à aller de l'avant, Joy McGreen 22 ans a toujours autant de mal rien qu'à l'idée de s'imaginer avec un autre homme. Se réfugiant ainsi dans ses études de Droit pour faire abstraction de ce trou béa...