Chapitre III | Jour -2

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Cher Journal,

Je suis au bout du rouleau, je n'en peux plus, je suis fatigué de tout ça. Depuis que j'ai croisé la route de David il y a quelques jours, ma vie est encore plus un enfer qu'avant. J'ai recommencé à me faire des entailles, je ne mange presque plus, ne dort qu'une ou deux heure par nuit. J'ai l'air d'un zombie, et encore là, je suis généreux.

Julie s'inquiète beaucoup pour moi, encore plus que d'habitude. J'essaie de la rassurer en lui disant que c'est bientôt fini, mais en fait, je crois que c'est moi que j'essaye de rassurer. Bien entendu, elle a vue les nouvelles marques à mes poignets, je n'ai pas pus lui cacher, j'en étais incapable, et elle l'aurait remarqué tôt ou tard.

Maman et papa sont inquiets eux aussi. Ils se demandent ce qui ne va pas. Maman pense à une peine d'amour. Si seulement ce n'était que ça. Papa lui pense que c'est plus grave et que je devrais peut-être aller voir un psychologue pour m'aider. Il m'en a parlé, mais il est hors de question que ça arrive.

Je les ai entendu discuter hier soir. Le ton a monté, maman a pleurée, papa l'a consolé. Je m'en veux de leur faire vivre ça, mais c'est bientôt fini, il n'auront plus à s'en faire bientôt.

J'ai peur pour mes examens. Je suis tellement une larve en ce moment que je n'arrive pas à me concentrer convenablement, alors les études... Je me croise les doigts pour avoir une bonne journée aujourd'hui, un petit moment de repos.

Merci de ton écoute
A.

Je regarde la photo que j'ai prise d'Olivier en cachette. Elle est toujours dans ce petit cadre en bois depuis que je l'ai. Je la sort chaque fois que j'écris dans mon journal, sans jamais l'oublier. C'est un peu comme si c'était à lui que je me confiais, malgré tout ce que lui ou ces amis m'ont fait. Je caresse la photo du bout des doigts en soupirant, range mon cahier sous le bureau, et la photo dans ma bibliothèque entre deux livres, essuyant une larme qui a coulé au passage..

- Didi, c'est l'heure du petit déjeuner, me crie ma sœur comme chaque matin au travers de ma porte de chambre.

- J'ai pas faim, je dis a mon tour d'une voix faible.

À ces simples mots, ma porte de chambre s'ouvre dans un grand fracas pour laisser apparaître Julie, les poings sur les hanches.

- Écoute moi bien parce que je vais pas le répéter une seconde fois. Tu as 15 minutes pour prendre une douche parce que tu sens le mort, attacher tes cheveux et t'habiller convenablement, est-ce que je me suis bien fait comprendre?

Je baisse la tête et la hoche légèrement.

Parfois je me demande si ce n'est pas elle ma mère. Elle agit souvent ainsi. Elle sait que je vais faire ce qu'elle m'a exigé, parce qu'elle sait que je ne peux rien lui refuser. La preuve, je me dirige justement vers la douche en me traînant les pieds. Je me lave rapidement, sors, attache mes cheveux, et enfile un jogging et un gros sweat à capuche avant de me traîner les pieds jusqu'à la cuisine.

- Wow, 13 minutes et 43 secondes, c'est un record frérot, je suis fière de toi, elle me sourit.

- T'es vraiment entrain de me dire que tu calcules le temps que je met ?

- Totalement !

J'embrasse ma mère et mon père, et m'asseois à ma place. Ma mère me dépose une assiette d'oeufs brouillés et de bacons, et à la simple vue de la nourriture, j'ai envie de vomir.

- Manges !

On pourrait croire que c'est ma mère qui me dit cette phrase, mais c'est ma soeur qui me fait signe avec sa fourchette de manger.

Mon père referme son journal, et ma mère prend place, alors que je prend ma fourchette en main, et que je commence à jouer avec mes œufs sans jamais en manger. Ma soeur me fait de gros yeux, et j'en prend une minime bouché pour lui faire plaisir.

- Ta mère et moi on a beaucoup discuté hier soir et...

Mais ma mère ne laisse pas mon père terminer sa phrase qu'elle enchaîne.

- On est vraiment inquiet mon lapin. Ça ne peut plus durer comme ça. On a donc pris l'initiative de t'envoyer chez ta tante à Montréal.

- QUOI? MAIS...

- Pas de mais, me coupe mon père. Ça te fera du bien de t'éloigner d'ici pendant l'été, et ça va te permettre de te remettre en forme. C'est ça ou le psy, et tu m'as très bien fait comprendre que tu n'en voulais pas.

Je ne veux pas partir tout l'été au Québec loin de ma soeur. Déjà qu'à la rentrée je pars étudier à Londres et que je ne la verrai plus autant que je veux, si en plus je dois partir tout l'été, ce sera l'enfer.

Je regarde ma petite soeur avec des yeux suppliant pour qu'elle m'aide à m'en sortir, mais sa seule réaction est de me faire un petit signe de négation pour me dire de ne pas répliquer.

Le reste du repas se passe dans le silence complet. Mon père part travailler, suivi de ma mère, et moi je me lève pour aller mettre à la poubelle le contenu de mon assiette que j'ai à peine touché. Une fois seul dans la cuisine, j'éclate en sanglots. Deux bras encerclent ma taille, et une tête se pose dans mon dos.

- Ça va aller Didi, ne pleure pas.

- Mais je vais être loin de toi tout l'été, et à la rentrée... Mes sanglots redouble.

- Hé, regarde moi, me dit-elle en me faisant tourner sur place. Elle prend mon visage à deux mains et plante son regard dans le mien. Ça va aller fréro, tu as besoin de t'éloigner d'ici. Je sais qu'on ne se verra pas beaucoup, mais je te promet qu'on va s'appeler tous les jours, et je viendrai passer une semaine ou deux avec toi à Montréal d'accord?

Pour simple réponse je hoche la tête et la pose dans le cou de ma petite soeur qui me sert fort contre elle. Je renifle son parfum qui me calme assez rapidement.

Ma soeur est tout pour moi, c'est mon monde, mon repère, ma bouée de sauvetage. Ces deux mois loin d'elle vont être un enfer, ce sera comme si on m'arrachait ma moitié, une partie de mon cœur et de mon âme.

- Allez, tu as un examen ce matin, on se retrouve se soir, me dit-elle en essuyant mes joues remplient de larmes avant d'embrasser ma joue.

Je hoche la tête et vais prendre mon sac à dos avant de sortir de la maison.

Sur le chemin, quelques larmes s'échappent encore de mes yeux, et je ne fais rien pour les chasser. Je m'en moque que les autres me voient pleurer, autant qu'ils se foutent de moi. Personne ne viendra me demander pourquoi je pleure, sauf peut-être Alex qui est sensé être mon meilleur ami, mais qui a plutôt l'air de s'éloigner de moi depuis quelques jours.

✒✒✒

Je vous avais promis de publié un chapitre rapidement, eh bien, promesse tenue 😊

Un Adam qui souffre beaucoup en ce moment.

Un Adam qui ne peut rien refuser à sa petite sœur.

Un Adam qui devra partir pour l'été.

Un Adam triste et complètement perdu.

Une soeur qui aime son frère et qui ne veut que son bien.

J'espère que ce chapitre vous aura plu 😊

Bisous bisous
Elie -xXx-😘

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