Les mois passèrent, laissant place au printemps. Agathe continuait de rester volontairement aveugle à toutes ces petites choses qui me prouvaient que je lui plaisais. Elle me demandais mon avis, me montrais ses découvertes, me parlait de tout et de rien juste pour capter mon attention, elle s'occupait de moi. Elle était la première à voir quand j'étais en colère, elle souriait bêtement quand je lui souriais. Le plus frustrant, c'était de constater tout cela, mais de n'être vraiment jamais sûr. Et de toute façon, plus je posais des questions, plus je faisais des sous-entendus, plus elle se fermait comme une coquille. J'ignorai ce qui la bloquait, mais je n'étais visiblement pas apte à le découvrir, encore moins à le faire disparaître. Une autre tactique aurait constitué à m'éloigner d'elle, mais j'en étais tout bonnement incapable et quand bien même, elle restait H24 avec moi, de peur que la sorcière rencontrée au bar ne cherche à me trouver. Cette dernière ne se manifesta pas une seule fois, et c'était tant mieux. Agathe prétendait néanmoins qu'une traque de sorcière prenait des mois. Bizarrement, elle retrouvait des forces. J'ignore de où elle les puisait, mais Agathe recommençait des petits actes de magie anodins. Elle effaçait nos traces derrière nous, un acte de magie avancé qui consistait à détruire notre aura « vitale » de ce que l'on avait touché. Elle jetait des sorts de protections sur ma maison, marmonnant des paroles inintelligibles -sûrement du latin. Mais jamais elle ne m'imposa sa Marque, jamais.
Un jour, nous arrivions à fac. Agathe était partie faire son habituelle ronde pour récolter les chocolats chauds et les cafés pour moi et les gars. Nous l'attendions dans le hall, et je remarquai soudainement sur le mur d'en face un avis de disparition. En regardant de plus près, j'en vis un deuxième, et un troisième. Je devins pâle, je le sentis, mais surtout, une colère irrépressible m'envahit. Voilà pourquoi Agathe retrouvait de la force, voilà pourquoi elle arrivait à faire de la magie. Elle avait recommencé. Sans prendre le temps de dire quoi que ce soit à Ben et à Tim, j'arrachais un des avis et partais en quête d'Agathe. Je la trouvais devant la machine à café. Elle avait posé deux gobelets dessus, et un troisième était en train de se remplir. Elle me vit arriver du coup de l'oeil, mais ne vit pas mon air orageux.
- Tu tombes bien, me dit-elle. J'ai besoin que tu m'en prennes un peu.
Puis, elle nota franchement mon air, mais avant qu'elle puisse me poser une seule question, je lui pointai un avis de recherche sous les yeux. Elle demeura interdite.
- Il y en a plusieurs comme ça, grondais-je. On dirait une épidémie.
- Comment ça se fait que l'on est pas au courant ? Dit-elle. Autant de disparitions, ça devrait faire jaser !
- Je sais pas peut-être que la sorcière en question ne tient pas à ce que ça se sache. Tu sais, histoire de ne pas briser la confiance des gens qui l'entoure.
Elle me regarda sans comprendre.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? Demanda-t-elle, incertaine. Au contraire, je pense que la sorcière qui te poursuit aimerait bien que tu flippes.
J'eus un rire mauvais.
- Bien sûr. La sorcière. Celle dont on n'a pas vu l'ombre depuis des mois, ce serait elle la responsable. Évidement. Mais tu me prends vraiment pour un imbécile en plus.
- Mais ça pourrait être qui d'autre ? s'énerva-t-elle.
Je la regardais avec un air mauvais.
- Tu penses que ce serait moi ? s'outragea-t-elle. Tu n'es pas sérieux !!
- Je sais pas, tu trouves ça impossible ? Sans cadavres, pas de magie, et bizarrement, là, tu réussis de nouveau des exploits magiques. Alors explique-moi !
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Agathe
FantasiaIsmaël rentre en deuxième année de licence anglais. Il reprend l'habitude de ses amis, de ses cours, de ses sorties. Pourtant, il rencontre Agathe, la mystérieuse, Agathe, que tout le monde semble apprécier, Agathe, qui semble à l'aise au milieu des...