Chapitre 4

12 0 0
                                    

Lorsque je me réveillais, il me fallut un moment pour me rappeler ce qu'il s'était passé. Quand les souvenirs me revinrent, je fus partagé entre la joie d'être encore en vie et la peur : si j'étais en vie, pourquoi ? Agathe n'était qu'une psychopathe, si j'étais encore vivant, c'est qu'elle souhaitais tirer quelque chose de moi vivant. Je me redressais -en vain. Je n'étais pourtant pas attaché à la chaise de métal sur laquelle j'étais assis, mais il m'était impossible de bouger. Je luttais un moment avant de déclarer forfait. Je regardais autour de moi, essayant de déterminer où j'étais. C'était un très grand hangar désaffecté visiblement. Il y avait un trou dans le plafond et des tas de détritus jonchait le sol. Un mouvement attira mon regard. Elle était là.

Agathe avait pris possession d'une table branlante et elle semblait nettoyer ce qui était un couteau, assise sur une chaise semblable à la mienne. Son attitude était différente, son apparence aussi ; Ses longs cheveux étaient détachés, formant une crinière épaisse autour de son visage. Elle semblait nonchalante, et quand elle se tourna vers moi, elle semblait apaisée.

- Tiens, tu es réveillé, dit-elle, comme si elle présentait la météo.

- Détache-moi, grondais-je. Laisse-moi partir !

- Continue, dit-elle, presque en ronronnant. J'adore quand ils essaient de se défendre.

- C'est totalement stupide ! Dis-je, en ignorant sa remarque. M'en vouloir à ce point parce que je n'ai pas voulu venir à ce concert avec toi ... !

Elle partit dans un rire sonore, et si je n'étais pas pétrifié par la peur, j'aurais pu trouver son rire beau.

- Mais ça n'a rien à voir, Ismaël. Le concert n'était qu'un prétexte pour t'attirer ici.

Je restais interdit. Elle avança vers moi avec un poudre noire dans un bocal en verre. Son sourire était sincère et ses yeux rieurs. Si la situation n'était pas ambiguë, j'aurais enfin vu le vrai visage d'Agathe.

- Voyons, Ismaël, s'amusa-t-elle. Si j'avais voulu te posséder, j'aurais réussi. Il suffit d'un bon philtre d'amour et tu m'aurais suivi comme un brave petit chien jusqu'à la fin de tes jours.

J'ignorais si elle plaisantait, mais dans tous les cas, je sentais qu'elle avait raison sur un point : si elle m'avait voulu, elle aurait réussi.

- Alors qu'est-ce que tu veux faire de moi ? Demandais-je, la bouche sèche.

Elle se baissa devant moi et traça un cercle autour de ma chaise avec la poudre noire.

- Te tuer, répondit-elle tranquillement. Un jeune homme vigoureux et fort comme toi m'apportera beaucoup de puissance, encore plus qu'avant.

- Je ne suis ni vigoureux ni fort, protestais-je faiblement.

- Oh, tu crois ça ? Sourit-elle. Si ça avait été le cas, tu m'aurais suivi ici de ton plein gré. N'as-tu pas remarqué le charme qui opérait chez tes amis ? C'est de mon fait. Mais sur toi, il n'a pas agi.

Je commençais à croire qu'elle ne disait pas que des absurdités.

- Qu'est-ce que tu es ? Demandais-je, lentement.

Elle acheva son cercle et me regarda, avec un sourire cruel :

- Je suis la dernière personne que tu verras avant de mourir, je suis la démonne qui va t'envoyer aux Enfers, rejoindre le Diable !

Elle continua de tracer ses traits, mais le dessin devint trop complexe pour que j'en prenne le sens. Je réfléchissais à ses paroles, cherchant vaguement un moyen de sortir de là.

AgatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant