Chapitre 11

4 0 0
                                    

POINT DE VUE D'ISMAËL

Quand je me réveillai de ma torpeur, il me fallut un moment pour comprendre où j'étais. Je m'attendais à me retrouver dans mon lit, aux lueurs de l'aube, comme d'habitude. Mais j'étais assis sur un banc de bois, complètement vermoulu et défoncé. Je regardai autour de moi : j'étais dans une église désaffectée. Plus glauque, tu meurs. A travers le toit, je voyais le jour se lever. Cela me rassura. Mais qu'est-ce que je faisais là ? Je tentai de me lever. Je restai bloqué, il m'était impossible de bouger.

- Agathe, ce n'est pas drôle, dis-je, avec colère. Tu n'as pas le droit de me forcer à rester tranquille !

- Si elle t'avait imposé sa Marque, tu n'aurais jamais dit ça.

Je reconnus la voix avant même de la voir. La sorcière était là. Elle avait une lueur sanguinaire sur le visage. Dans sa paume, un éclair aiguisé m'apprit qu'elle tenait un couteau. J'étais dans la merde. Je tentai de faire le même cinéma qu'avec Agathe, mais j'étais moins sûr de moi. Contrairement à Agathe, je ne connaissais pas suffisamment cette sorcière pour analyser sa personnalité. Et quelque chose me disait que ça ne me serait d'aucun secours ...

- Tu n'es pas obligée d'être mauvaise, tu sais, dis-je, sans grande conviction.

- Mauvaise ? Rit-elle. A force de rester avec cette sensible d'Agathe, te voilà niais comme un enfant. Les sorcières ne sont pas méchantes, elles sont délétères !

- Agathe n'a jamais été comme ça avec moi, contrai-je.

- Ce n'est pas une vraie sorcière, pesta-t-elle. Elle n'a jamais pu se remettre complètement de la mort de son ami, cela l'a empêché d'accomplir de grandes choses.

- Et pourtant, vous avez peur d'elle !

Les yeux de la sorcière rougeoyèrent et elle fut soudain près de moi, une étincelle terrible dans le regard.

- C'est seulement parce qu'elle a beaucoup travaillé qu'elle est puissante, mais elle n'a pas de don. La preuve, elle n'a jamais été capable de se créer un compagnon !

- Elle n'en a jamais voulu, ripostai-je.

- Tu tiens à elle, visiblement, ricana-t-elle. Tu n'as de cesse de la défendre. Mais elle ne veux pas de toi, n'est-ce-pas ? Agathe n'a jamais voulu de compagnon, c'est vrai. Ne crois pas qu'elle fera d'exceptions avec toi !

J'ignorai ses paroles qui me transpercèrent et la fixai dans les yeux. Quand elle comprit que je n'allais plus répondre, elle esquissa un doux sourire de triomphe.

- Alors, Ismaël, veux-tu échapper à la mort ? Susurra-t-elle. Si tu as peur de mourir, je veux bien que tu me serves de compagnon ... Tu es fort et intelligent.

Son doigt se promena sur ma clavicule et j'eus un frisson.

- Je préfère mourir, crachai-je.

La sorcière perdit son sourire.

- Je vais te retirer le coeur, dit-elle. Te l'arracher vivant. Est-ce vraiment ce que tu souhaites ?

Je déglutis avec difficulté. Comme je ne répondis pas, elle dit lentement :

- Je te laisse un avant-goût ...

Elle me planta le couteau dans la jambe, avec une telle force et une telle violence que la douleur me transperça et je luttai contre l'évanouissement. J'hurlai le nom d'Agathe, avec l'espoir insensé qu'elle m'entende. Puis, je vis mon sang couler à flot de la plaie et je sombrai dans l'inconscience.

Quand je me réveillai de nouveau, le soleil était bien haut. J'esquissai un mouvement mais la douleur de ma jambe me paralysa et je compris que je n'avais pas rêvé. La sorcière s'approcha de moi en m'entendant hoqueter de douleur.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Mar 09, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

AgatheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant