Chapitre 35 ✔

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PDV de Stan
A peine rentré à la maison, j'appelle ma sœur en arrivant dans le salon. Mais je n'ai aucune réponse de sa part. Je m'enfonce un plus dans la pièce et découvre ma sœur à côté du mur et ma fille qui dort juste à côté dans son lit parapluie. Je prends mon téléphone et compose le numéro des pompiers. En attendant leur arrivée, j'essaye de réveiller ma sœur. Mais aucun signe de sa part. Je lui prends son téléphone. Avant de le fourrer dans ma poche je mets rapidement un manteau à Léa, tout en appelant Marina. Je reste à côté de ma sœur tout en essayant en vain de la faire revenir à elle. Les pompiers sont arrivés rapidement. Ils lui font quelques examens principaux avant de la mettre sur un brancard et de l'emmener dans le camion en direction de l'hôpital. Je les informe des derniers éléments de santé de Lina avant de monter à mon tour dans la voiture.
Marina doit me rejoindre à l'hôpital. En attendant, beaucoup de questions me passent par la tête. Mais surtout de l'incompréhension et de l'inquiétude. C'est vrai qu'avec l'arrivée de Léa nous faisons moins attention à elle. Mais je pensais que ça allait. Bryan ne m'a rien dit. Il a pourtant passé une grande partie de son temps avec notre sœur.
A peine arrivés, je suis interpellé par une infirmière qui s'occupait de ma sœur quand elle venait ici. Elle me dit de la suivre. Chose que je fais rapidement. Je découvre rapidement ma sœur semi-éveillée avec le cancérologue. Je me fige à cette vue. Je vis un retour en arrière de plusieurs mois. Je vois ma sœur hocher de la tête sans comprendre tout ce qu'il se passe. Je m'approche du lit. Je pose Léa à côté avant d'embrasser le front de ma sœur, inquiet.
Le médecin se lève. Il me fait signe d'avancer alors que Marina rentre dans la chambre inquiète. Elle s'approche rapidement de moi en prenant la main, en signe de soutien, de me faire sentir sa présence.
Nous nous approchons du lit de ma sœur. Rapidement je prends la main de ma sœur et la serre fortement lui faisant comprendre qu'on est là. Lina me regarde tristement, désolée. Je lui fais un petit sourire. Après plusieurs minutes d'attente le médecin nous parle des derniers résultats de Linou. Ils ne sont pas bons, mais je déconnecte rapidement. Je n'arrive plus à suivre le fil de la conversation. Je n'arrive plus à réfléchir correctement, je ne suis plus dans la réalité. J'ai l'impression d'être dans un monde parallèle.
La vie s'acharne sur nous. La maladie de maman a mis à mal notre famille. Elle s'est battue, elle a tout fait pour s'en sortir. Mais elle a eu beau tout faire, la maladie nous l'a enlevé. Papa n'a pas su surmonter sa perte. Et maintenant voilà que c'est au tour de ma petite sœur. On ne peut pas la perdre elle aussi, je ne sais pas si je m'en relèverais, je ne peux pas perdre aussi ma petite sœur. Je lâche la main de ma sœur et celle de ma fiancée avant de partir dehors. C’en est trop. Je n'arrive plus à soutenir cette pression, je n'arrive plus à garder tout ça en moi. Je n'arrive pas à rester dans la même pièce que ma sœur, en face de la réalité.
Celle qui me ramène des années en arrière. Celle qui me rappelle tant de mauvais souvenirs. J'ai vu le sourire de ma mère s'éteindre un peu plus chaque jour, perdre son sourire, perdre sa joie de vivre, perdre la vie. Je sors une cigarette, un vieux paquet que je traîne depuis des années. J'essaie d'évacuer la pression, mais rien y fait donc j'appelle Bryan, il doit savoir. C'est trop grave pour le laisser de côté, pour ne pas le tenir informer. Je n'arrive pas à le joindre. C'est seulement après plusieurs minutes que je réalise qu'il doit dormir.
Je sors une autre cigarette, et décide de d'appeler mon meilleur ami, John. C'est un des seuls qui connaît tous les moindres détails de ma vie. Je sais qu'il sera toujours là quoi qu'il arrive.
"- Allo, décroche mon meilleur ami.
- John... lâchais-je lourdement.
- Stan' qu'est-ce qu'il se passe ? S'inquiéta-t-il.
- C'est Lina, elle a fait une rechute. Lui dis-je abattu.
- Tu veux que je vienne ? On se pose et on en parle. Me propose John.
- Je suis à l'hôpital, j'ai quitté sa chambre. Elle doit être inquiète. Elle doit m'en vouloir de la laisser seule face à ça.
- Hey Stan calme-toi. Elle doit comprendre ta réaction. Tu es son frère. Tu as toujours tout fait pour elle et Bryan. Tu as juste besoin de digérer ce qu'il se passe. Tente de me rassurer mon ami.
- Marina doit être autant perdue, je l'ai laissée seule avec Léa dans la chambre.
- Reste dans l'entrée j'arrive, je suis dans la voiture. Je suis là dans à peine dix minutes."
Je le remercie avant qu'il ne raccroche. Je ressasse le passé. Des Flashs Back font leur apparition.
Flash-Back quelques années en arrière.
Je suis dans le jardin à jouer avec mon petit frère et ma petite sœur au foot. Lina vient de s'emmêler les pieds et est tombée au sol. Elle pleure un peu en se frottant le genou. Bryan cours vers elle tout comme moi. Il tombe sur elle et lui fait plein de bisous. Ils ont toujours été très proches, comme des jumeaux. Lina le pousse lui disant qu'elle avait mal. Je lui dis de s'asseoir pendant que je regarde son genou, il est tout égratigné et ça saigne un peu. Je la rassure lui disant que ce n'est pas très grave.
"Je vais chercher de quoi nettoyer ça. Bryan pas de bêtises !
- Bah non, me regarde-t-il ne comprend pas trop. Eh Lin' regarde moi aussi je m'étais fait mal, maintenant, c'est partie, je vais te faire un bisou magique.
- Ouiii, Lui sourit ma sœur heureuse."
Je rentre dans la maison un sourire scotché aux lèvres. En rentrant j'entends mes parents qui discutent dans la cuisine. Ça a l'air sérieux. Je tends l'oreille pour savoir de ce qu'il parle. Visiblement, ils parlent de maman.
"- Il faut qu'on leur disent Éric. Je ne veux pas que les enfants s'inquiètent. Je veux profiter des derniers moments avec eux. Je veux les voir sourire, les préparer. Je ne veux pas qu'ils se sentent abandonnés.
- Mais .... On ne sait même pas si tu vas mourir. C'est trop tôt.
- ..... Il faut leur dire maintenant, on ne peut pas les tenir à l'écart. Tu sais comme moi ce que cette rechute signifie. "
Je fais tomber un objet sous le choc. Mes parents se retournent, je leur fait un sourire comme si de rien était. Mes parents me le rendent.
"- Lina s'est fait mal. J'allais chercher de quoi désinfecter. Leur dis-je rapidement.
- Je m'en occupe mon grand. Me sourit ma mère.
- Je vais le faire maman t'inquiète pas, lui dis-je en la devançant pour aller à la salle de bain. "
A peine ais-je pris de quoi soigner ma sœur que je repars dans le jardin. Je retrouve les deux petits en train se chatouiller l'un l'autre. Je souris franchement en voyant cette vue.
"- Allez les loulous, on soigne Lin' et on va manger le goûter.
- Ouiii, moi je veux un gâteau au chocolat avec des fraises ! S’exclama d'enthousiasme ma sœur.
- Et moi aussi, avec de la chantilly!  Compléta Bryan.
- Et avec de la glace à la vanille, disent-ils en même temps avant de rire.
- On va voir ça, riais-je en mettant un pansement sur le genou de ma sœur."
J'en mets un loulou sur chaque épaule avant de partir en courant dans la cuisine, avec les deux petits en fou rire.
Fin du Flash-Back.
C’était notre vie d'avant entre les hauts et les bas, mais nous étions toujours unis, toujours solidaire, là, les uns pour les autres quoi qu'il arrive. C'était notre force comme notre faiblesse. Maintenant nous ne sommes plus que tous les trois. Je ne veux pas perdre encore quelqu'un. Je ne veux pas retourner dans l'enfer de la maladie.
C'est à ce moment-là que John arrive. Il me salue avant de me faire signe de m'asseoir sur le banc non loin de là.
Point de Vue de Lina
Voilà ce qui devait arriver arriva. Mon grand frère est au courant. Mon corps n'a pas réussi à tenir face à la maladie, face à la chimio. Je n'aurais pas réussi à les préserver jusqu'au mariage. Ils auront au moins pu profiter de la naissance de Léa. Le médecin vient de finir d'expliquer tout ce que doit savoir Marina. Moi je me suis renfermée dans ma bulle. Stan est parti. Je l'ai déçu. J'aurais dû lui dire plutôt. J'aurais dû écouter Tom, j'aurais dû dire la vérité à tout le monde. Je n'aurais pas dû attendre. Stan va m'en vouloir, comme il en veut à papa. Les larmes coulent toutes seules sans que je ne puisse les contrôler. Je ne veux pas perdre mes frères, ni mes amis. Mais je sais que j'ai fait des mauvais choix. Alors que je suis pleine de remords une main se pose sur mon épaule.
"- Hey Lina, ne t'inquiète pas. Ton frère va revenir. Tu vas te battre et tu verras la maladie ne sera plus qu'un lointain souvenir dans peu de temps."
Marina se veut rassurante mais au fond de moi je n'y crois pas. Je n'y arrive pas. Je suis perdue, abattue, tout se mélange dans ma tête et je n'arrive pas à raisonner correctement. Ma belle-sœur me prend dans ses bras en me chuchotant des mots doux. Mais à ce moment-là c'est ma maman que je veux. Et jamais elle ne pourra être là. J'ai besoin de ses paroles rassurantes de maman, de son réconfort, de ses bras, de sa chaleur, de sa force. Mais c'est impossible. Marina se sent impuissante face à mon état. Léa se met à pleurer. Je ne pourrais peut-être jamais la voir grandir. J'ai l'impression de sombrer. De ne plus réussir à me relever. Mes yeux me font mal, ma gorge est sèche. Marina, en plein désarroi, me lâche pour aller s'occuper de sa fille. Je l'entends parler au loin. Mais je ne suis plus dans la réalité, je n'arrive pas à distinguer ce qu'elle dit. Je suis seule, seule dans ma bulle, dans ma peur.
Alors que je n'arrive pas à me calmer deux gros bras viennent m'entourer. Sa chaleur me fait un bien fou. Il essuie mes larmes, tente de trouver les bons mots pour me rassurer, et réussit peu à peu. Il me berce comme lorsque j'étais enfant. Il réussit à m'apaiser après de longues minutes. Je finis par m'endormir épuisée dans ses bras.
PDV De Stan
John a réussi à trouver les mots juste comme souvent. Nous finissons par rejoindre la chambre de ma petite sœur. Dans les couloirs nous continuons de parler de Lina. Il me rappelle à quel point ma sœur est forte. Qu'elle a toujours réussi à se relever après chaque obstacle de la vie, et qu'elle réussirait, encore, même si cela prend du temps. Je lui fais un petit sourire avant de la prendre dans mes bras et de la remercier d'être toujours là pour moi. Il me rend mon accolade avant que nous ne rentrions dans la chambre. A peine la porte ouverte je cours vers ma sœur. Elle est en pleine crise de larmes. Marina est assise dans la chaise avec Léa, qu'elle nourrit. Elle a le regard fixé sur ma sœur, triste et en plein de désarroi ne sachant plus quoi faire.
"- Elle était inconsolable, elle avait besoin de son grand frère, me dit-elle avec un petit sourire triste. "
Je hoche de la tête avant de rassurer longuement ma sœur qui finit par s'endormir dans mes bras. La voir comme ça me brise le cœur. C'est ma sœur et ça me fait mal. John parle avec nous de tout et de rien essayant de nous changer les idées. Léa s'est rendormie après son biberon et Lina dort toujours. Je réessaye d’appeler Bryan étant plus tard il ne devrait pas tarder à se lever. Il décroche. Après la troisième sonnerie.
"- Stan qu'est-ce qu'il se passe ? Il n'est que 5h en France.
- Je sais je suis désolé Bryan. C'est Lina, il faut que tu rentres, je t'ai pris un billet pour un avion à 9h.
- Qu'est-ce qu'elle a ? C'est grave ?
- Elle a fait une rechute, sa leucémie est revenue. Lui expliquais-je en essayant d'être le plus diplomate possible.
- ...
- Bryan, il ne faut pas que tu t'inquiètes elle va bien, elle a commencé la chimio il y a 15 jours.
- Quoi ? Tu le savais depuis 15 jours et c'est maintenant que tu me préviens. Tu aurais dû me le dire quand j'étais à la maison, je ne serais pas reparti, j'aurais mis fin à mes études en France. S'énerva mon frère.
- Je viens de le découvrir... Lui dis-je lourdement.
- Qu... Quoi ? Bègue Bryan.
- Elle nous l’a caché, je ne sais pas tous les détails. Elle s'est endormie après avoir beaucoup pleuré.
- Je prépare mes affaires et je rentre, envoie moi le billet. Dit-il avant de raccrocher."

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