L'écran affiche en premier lieu une tasse de thé. Une main la porte à ses lèvres, conduisant l'angle de vue vers son visage.
Yo.
Assit sur une chaise de café, son visage est maussade, sa peau, pâle, mais peut-être est-ce dû à l'éclairage ? Du coin de l'œil, il assiste à une scène se déroulant à quelques mètres de lui, au comptoir, comme si il était un spectacteur lointain, coupé du monde et collé à sa place par un maléfice irrévocable.
- J'ai dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? s'inquiéte un blond, désolé.
- Non. Ça va. Merci bien, répond sur un ton sec son autre interlocuteur aux cheveux verts, avant de s'en aller.
Shindo baille face à cette scène, à s'en décrocher la mâchoire. L'ennui le terrasse de jour en jour, et les secondes sont d'autant de balles qui le touchent en plein cœur.
C'est stupide, quelque part. On aurait dit qu'en partant, il s'attendait qu'on le retienne.
Pauvre déchet.
La vie ne marche pas comme ça.
Sa tasse de thé à peine entamée, il la repose, elle et sa tête, contre le bois de la table. Son corps le tiraille, et son seul moyen d'oublier sa peine se résume à dormir, passer de l'autre côté du rêve, gâté par les insomnies qui remettent en cause sa vie.
Là, il est juste trop fatigué pour être sympathique et bien-pensant. Il veut juste sauter le pas, laisser son âme glisser dans ces abîmes qui l'acceuillent avec tendresse, telle les bras d'une personne à qui il aimerait avouer.
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- On fait la sieste pendant que le monde bouge ?
Ses oreilles vrillent, non pas à cause de la voix, mais... merde, ce serait trop demandé de baisser la musique ?! Les pulsions sauvages des batteries et les bizarreries électroniques qui servent de fond sonore lui donnent l'impression d'avoir un marteau-piqueur à la place du cerveau. Ça, et la foule, si oppressante qu'il est persuadé qu'elle souhaite l'écraser.
Il se redresse en partie, toujours épuisé, si ce n'est plus qu'avant. Son regard remarque d'abord avec douleur les flashs multicolores, véritables poignards occulaires dans cette quasi-obscurité, avant la brunette -et ses vêtements-.
- C'est quoi ce bordel... souffle t-il en se frottant les yeux, plus pour lui-même que par une volontée de se faire entendre. Cependant, l'autre devait l'avoir entendu, car son petit rire fit bondir son cœur.
- Tu ne sais plus où tu traînes, le soir ?
Yo bat des cils, avant de lâcher un rire amer. Cette personne, il la connait.
- Et toi ? Tu me parais bien jeune, pour sortir en boîte... Ça ne te suffit pas, d'être serveuse ?
- Oh, mais je ne suis pas ici pour m'amuser. J'ai du travail, moi !
Là-dessus, elle s'éloigne, et Shindo remarque enfin le caractère de sa tenue.
Ce pourquoi, quelques instants plus tard, elle danse, sous une lumière tamisée.
Sexy comme on ne devrait jamais l'être à cet âge, le corps attiré à cette barre de fer, elle joue avec le vide.
Elle joue avec le vide, et le noiraud n'arrive qu'à prononcer un prénom :
- Ochako...
Il la revoit, en costume de serveuse, son sourire et la manière dont elle se mouvait avec grâce, sans pour autant être ballerine de son état.
Ce n'était pas sa seule piste de danse.
Ni son seul public.
Et il voir celle qui lui servait son thé, certains jours. Celle qui lui souriait, avec qui il parlait à chacune de ses visites, ses silences... Cette image se superpose à ce qu'il a sous les yeux, cette foule qui ne semble venir que pour elle, ce lieu qui lui est inconnu, la manière dont il a attérit ici, tout se mélange dans son incompréhension, dans cette noirceur assasinée à coup de lumières disparates.
Il n'en retient qu'une vertigineuse sensation d'attraction pour celle qui s'élève au rang de reine, même dans la plus sale des misères. Que les dieux se taisent, un ange déchu du Paradis viens vous offrir sa danse.
Où sont passées ses ailes ?
Uraraka a remarqué qu'il continue de la regarder, et elle détourne la tête, comme gênée.
Yo se sent sombrer.
Comment est-ce possible d'être si différent de soi, tout en restant la même personne ?
Pourquoi fait-elle cela ? Quelle dettes doit-elle payer ?
Il ne sait pas, mais à la fin du numéro, lorsqu'il va la voir, un étrange éclat brille dans ses yeux.
Celui d'une infinie tristesse.
Alors, il lui propose de la raccompagner, la nuit comme le jour, parce que personne ne devrait rester seul comme elle. Cent-et-une fois, il lui prouve qu'il l'aime, entre le café et le club, passant de l'un à l'autre sans savoir comment.
Elle refuse. Cent fois, et un baiser volé.
Chargement terminée.
- Parfois, je me demande si t'es pas une sorcière.
Il est blottit contre elle, sa tête contre sa poitrine, sent son souffle contre son cou, en frissonne.
- En voilà, une drôle d'idée.Elle resserre sa prise sur lui.
- Yo, lui chuchote t-elle à l'oreille. Je n'ai pas l'impression d'être moi, en ce moment. Je suis quelqu'un d'autre que moi-même, sans être mon propre reflet.
Le noiraud soupire contre sa peau, les paroles de la brunette l'embaumant dans un étrange cocon, à la fois confortable, doux et chaud, mais en même temps anxyogène.
♡ : Rassurer.
☆ : S'inquiéter.
♡ : Rassurer.
Yo relève sa tête et la regarde dans les yeux, lui sourit.
- Bien sûr, que tu es toi ! Qui pourrais-tu être d'autre ?
- Certainement pas une stript-teaseuse qui viens de faire l'amour à son petit-ami. À notre âge.
L'adolescent rit.
- À notre âge, certains ont déjà tué. On est dans la légalité, donc, qui est-ce que ça regarde ?
Il redescend sa tête, embrasse le haut d'un de ses seins.
- Et comme on a pensé à tout, on ne sera pas parents à seize ans !
Trop occupé à aimer, il ne remarque pas la légère grimace défigurant le visage de la brune.
- À seize ans, certains ont déjà détruit des mondes.
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De : Iida
48294.
08h12, lu.
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Shinkû
Fanfiction"On restera amis ?" "Ne fais pas confiance aux adultes : c'est un piège." "Et aujourd'hui, mes mots sont morts." Le vrai cauchemar ne fait que commencer. //ATTENTION// Thèmes sérieux abordés, violence psychologique et autres horreurs. MHA ne m'appar...