mer - taekook

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Tu y crois toi? Quand nos regards se croisent, là, maintenant. Quand il n'y a plus que le délicat son des mouettes qui volent. Quand il n'y a plus que la douce odeur de l'écume qui nous envahit. Tu y crois? Est-ce que tu y crois? Moi j'ai du mal. Mais est-ce vraiment important? Je ne sais pas. Ce que je sais c'est que tu es là et que la seule chose en laquelle j'accepte de croire, finalement, c'est que je t'aime.

On court et on rit. Tu vérifies que la voiture est bien fermée, car tu es stressé, partout, tout le temps. Mais c'est ce que j'aime. C'est ce qui te rend tellement toi. Et ce tellement toi c'est ce qui me fait me sentir tellement moi. Parce que je t'aime tellement. Tellement.

Mes pieds sont nus et le gravier me fait mal au début, mais il est bientôt remplacé par ce qu'on appelle nos larmes dorées. Nos larmes séchées. Toutes ces larmes de joie, et toutes celles de douleur qu'on s'est évités. Elles sont à nos pieds, elles jouent avec nos orteils, elles se glissent partout mais surtout pas entre nous. Rien ne se glisse entre nous.

On s'imagine que le sable est chaud et qu'il nous brûle, alors là tu commences à faire des gestes bizarres, tu sautilles et tu cries un peu. Moi je rigole et ensemble on respire la brise marine. On se sent si bien. Les quelques nuages nous saluent et nous on les envie. On se dit qu'on serait si bien, si on était des nuages. Et tu me dis que je suis ton nuage. Je te dis que ça n'a pas de sens. Et tu me dis que ça t'est égal. Tu me dis d'autres choses. Tellement d'autres choses. Avec ton regard. Tes yeux. Ces yeux qui m'immobilisent à chaque fois. Ces yeux dont sortent tous les oiseaux de notre amour. Tu mêles tes yeux aux miens par je ne sais quelle magie, et tout ce que je peux faire c'est sourire et me laisser emprisonner.

Tu ramasses un coquillage au sol et l'emmènes à mon oreille. C'est doux, la mélodie de l'amour. Oh et comme je m'acharne, quand tu le baisses et que tes lèvres sont si proches des miennes. Je me lance comme dans une tempête. Je brise chaque vague pour prolonger ce baiser et ton souffle léger frappe mes pensées comme les rafales du Mistral. Le navire de notre vie va peut-être s'échouer, qui sait, mais au moins, ce sera dans la tornade de notre baiser.

Tu retires ta chemise. Alors tu me regardes, tu me souris, tu m'aimes, tu me fais vivre, tu braves toutes les tristesses du monde, et tout ça, rien qu'avec tes yeux. Je te dis comme tu es beau et je sais que tu ne me crois pas mais pourtant je ne peux m'empêcher de t'embrasser encore et de t'effleurer la peau. Je t'effleure mais à tes frissons je sais que je viens de provoquer un cataclysme dans la mer de ton coeur. Un cataclysme auquel tu t'abandonnes avec trois simples mots.

Je me déshabille aussi, et tu sais j'y crois, finalement j'y crois tant, à tout ça. Tu commences à courir et je te suis, il n'y a que nous. C'est tellement beau. J'en ai les larmes aux yeux. J'en hurle ; un cri qui vient du coeur, grondement sacré des étoiles marines.

Là je te dépasse. Allez viens. Suis-moi. Je t'emmène à la mer de nos amours. Nos amours éternels. Tu verras comme c'est beau. Et tu me suis. Et je te regarde. Et je regarde l'horizon et il n'y a plus que ça qui compte, notre horizon, celui vers lequel on court, celui qu'on bâtira à deux.

La mer frappe mon corps violemment et le froid me rappelle que nous sommes fous, le printemps est à peine installé dans le ciel. Nous sommes fous mais c'est une folie qui me va, et je ne te laisse pas le choix, c'est une folie qui te va aussi.

J'essaie de ne pas trop penser et je plonge dans l'eau, je sens toute la réalité essayer de me frapper mais on est trop forts pour elle, elle ne fait que glisser sur ma peau et moi j'avance. Je t'entends plonger aussi, je t'entends crier, je t'entends vivre et je t'entends respirer. Oh si tu savais. Si tu savais.

Mais tu le sais. Et je sais que tu le sais. Et c'est ce qui fait que je t'embrasse.

On commence à nager, aussi loin qu'on peut, aussi vite qu'on peut, avec autant de force qu'on peut. Je devine ton corps à travers tes mouvements assurés, je le redécouvre et il me fascine presque autant que la première fois que je t'ai vu nu. Et je te vois me regarder, et toi, toi tu me fascines un peu plus chaque jour, chaque regard, chaque espoir. Tu me fascines tellement. Dis, je te fascine? Laisse-moi croire que oui.

Esprits Égarés - Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant