apocalypse - yoonkook

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« -Bonjour

-Bonjour

-Comment tu t'appelles?

-Yoongi

-Moi c'est Jungkook

-Enchanté »

Des clandestins, voilà tout ce qu'on était. Des clandestins un peu pommés mais un peu heureux, quoi qu'un peu malheureux. Lui, il sortait d'une histoire bien trop compliquée. Il ne m'en avait pas dit grand chose, si ce n'est qu'il fallait se méfier, se méfier, tellement se méfier, de l'amour. Et puis moi, je l'écoutais. Et puis moi, moi je n'avais jamais vraiment rien vécu. Mais tout ça est si répétitif. Tout ça ça ne l'intéressait même plus réellement. Je me demande qui je suis. Je ne sais pas quand tout a dérapé. Peut-être que c'est quand il me l'a proposé. Peut-être que c'est quand j'ai accepté.

« Viens, c'est la dernière nuit de notre vie. »

Et puis, un peu d'alcool, un peu de j'en-ai-marre, un peu de fatigue, tout ça qui se bouscule dans les pensées, ça pousse à un oui. Je ne sais toujours pas qui je suis. Mais à cet instant, je savais, que ce que j'étais se cachait dans son regard tellement déterminé. On était des inconnus qui se ressemblaient dans leur débauche. Des gens, comme les autres, qui s'assemblaient dans leur morbide nostalgie. Y avait pas besoin de se raconter d'où on venait. Y avait pas besoin de se comprendre complètement. Y avait juste besoin de se laisser aller. Et on en avait tous les deux besoins.

« On devrait commencer par boire. Beaucoup. »

Oh, vraiment? Mais. Moi je n'avais que 17 ans tu sais. Moi je ne te connaissais pas tu sais. Pourquoi, pourquoi je me serais tué avec un inconnu? Bah je l'ai fait. Sans réelle raison. Je l'ai juste regardé, avec des yeux qui se voulaient mystérieux, beaux et vicieux. Mais ça l'a fait rire. Alors il m'a juste - presque - balancé une bière dans les mains, et on est partis de cette soirée qui se voulaient sacrément dingue mais qui n'était que sacrément triste. Là on a couru. Si loin. Je me rappelle, qu'on était tellement essoufflés, on en recrachait nos poumons, et bien plus encore. Mais ça l'a pas empêché de vouloir fumer. Seulement aucun de nous n'avait de quoi s'offrir ce petit poison en bâton, dommage. Alors on a juste ri. On a beaucoup ri cette nuit-là. Bien plus qu'on ne l'avait jamais fait. Il avait tout plein de bouteilles dans son sac, qu'il avait volées aux autres pauvres types de la soirée.

« -Faut pas qu'on regrette quoi que ce soit.

-Eh.

-Quoi?

-C'est notre dernière nuit. Y a pas de regret »

Alors il a ouvert une autre bouteille. Elle était plus grande, plus transparente. Il avait toujours cette envie dans le regard. Ses yeux m'absorbaient tellement, ils étaient un piège qui ne demandait que d'emporter quelqu'un dans leur désespérée envie de tout. Je me suis laissé aller. Et je me rappelle, je me rappelle comme je n'étais pas serein, comme je me disais que je faisais une terrible connerie. Mais j'avais déjà bu un peu trop de bière.

« -On devrait apprendre à se connaître.

-C'est vrai.

-On devrait pas s'attacher.

-C'est vrai.

-T'as l'air cool.

-Toi aussi »

Et là j'avais rougis. J'avais jamais dit ça à quelqu'un. On m'avait jamais dit ça. Et son regard a changé. Il est devenu une sorte d'apocalypse du printemps - on était en mai, il commençait à faire vraiment chaud, et on avait cette merde d'examen d'ici quelques semaines. Son apocalypse était si puissante. Et si douce. Puis il m'a vu rougir, dans tout ce noir qui nous bouffait jusqu'aux pensées. Alors il m'a dit, ce qui a déclenché l'Apocalypse dans mon esprit.

Esprits Égarés - Recueil d'OSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant