La vie n'est pas une comédie romantique

Chapitre 6

 J'avais dû dormir deux heures, je le sentais, mes jambes étaient aussi cotonneuses que le jour ou j'avais forcée Margot à aller au festival de musique en Belgique et que nous n'avions pas dormi pendant presque deux jours. Je piquais du nez sur mon bureau alors que j'essayais tant bien que mal à travailler sur le déroulement de la soirée de gala que Charlie organisait pour le film. Soit disant en passant, le couple vedette ferait un don charitable à l'UNICEF. Autant dire que je vais devoir bien harceler la presse pour qu'elle en parle.

- Eh les filles, regarder la vidéo sur Youtube, une meuf s'est explosée dans une poubelle. Oh mon dieu Daniel avait découvert une video de moi filmée par un passant hier soir.

- 13 000 vues ? Elle va devenir célèbre, elle ! Lâcha Sarah. Heureusement mon visage n'était pas reconnaissable, cacher par ce bout de détritus coller sur la tronche. En revanche la tenue elle, était visible.

- Elle est quand même sexy en nuisette. Précisa Beth avec son air enjôleur. J'étais prête à lui dire merci pour son soutien. Je rentrai plutôt du bureau, Charlie m'avait demandé de régler les détails de la soirée là bas, j'avais donc quelques heures devant moi pour me reposer encore un peu et être le plus fraiche possible dans ma robe Paolo Sebastian. J'avais si hâte de me glisser dedans.

Le moment étais enfin venu, Margot avait fait jouer ses doigts de fée pour le maquillage. Me faisant un sublime smoky clair, et dessinant mes lèvres d'un rouge aussi vif que les fleurs de la robe.

- J'ai presque envie de pleurer. Tu es sublime Emma.

- Arrête tu va me faire pleurer aussi, et mon mascara va couler ! Elle me mit une tape sur la main.

- Ah non évite de bousiller mon chef d'oeuvre ! Je me tournai vers le miroir du salon prête à admirer le travail de ma meilleure amie. Je n'en revenais pas, elle m'avait transformée en une princesse tirée d'un poème bucolique. Je ne veux pas me jeter des fleurs, mais si j'avais été une star, les photographes m'auraient adorée. Et moi même je ne m'étais pas trouvée aussi jolie depuis longtemps. Je la pris dans mes bras la serrant fort contre moi.

- Tu es ma marraine la bonne fée toi. J'embrassai sa joue lui laissant la marque rouge carmin de mes lèvres et embarqua pour le Plaza. J'aurais tant aimé que Margot me tienne compagnie à cette soirée, nous aurions pu nous enivrer avec le champagne gratuitement, rire des autres, et draguer sans complexe. Mais le but de cette fête était de montrer mon professionnalisme, et pourquoi pas me venger un peu de Kim, il me faut juste un plan.

Je foulai le tapis rouge quelques mètres, puis me glissai au coté de Daniel, nous n'étions pas les vedettes, personne ne nous pendrait en photo ce soir alors il ne fallait surtout pas gêner. Kim quand à elle prenait un plaisir sadique à jouer la potiche devant les photographes aux cotés d'Henry qui se montrait sans vie.

- Tu es à couper le souffle Emma ! Me dit Beth qui se venait d'arriver. Je n'ai jamais vu une femme aussi belle ce soir ! Je rougis baissant la tête, j'avais l'impression de revenir dix ans en arrière, timide et réservée, je l'étais toujours mais j'avais pris le soin de cacher cette facette de ma personnalité.

- C'est vraiment gentil Beth, toi aussi tu es sublime dans ce tailleur.

- Oh merci Emma. Ce genre de compliment entre filles pouvait durer des heures. Je passai à coté d'un photographe qui mitraillait les gens qui l'entouraient, je devais lui demander de prendre les vedettes de la soirée, c'est à dire les tourtereaux en carton, les invités, Charlie et Baz. Mais ma remarque aimable n'eu pas l'effet escompté, il me photographia, hurlant les pauses que feraient les stars lors de la montée des marches. Il criait si fort qu'il attira l'attention des autres prestataires qui inondaient Kim de crépitement. Tous se mirent à me flasher le visage. Vengeance réussit sans même remuer le petit doigt. J'étais gênée par cet élan d'admiration, on me demandait d'où venait la robe, qui j'étais, ce que je faisais, d'ou je venais. Margot avait des pouvoirs ça ne faisait aucun doute.