Prologue

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Dans l'immense Hyrule, il existe un lieu où les enfants ne grandissent jamais. Ils sont sous la protection de l'Arbre Mojo, une entitée qui règne sur la forêt et la protège des imprudents qui naviguent sans fée. Il y a 10 ans pourtant, une femme gravement blessée put trouver le chemin et accéder au village Kokiri sans se transformer en monstre. Malgré un état déplorable, elle trouvait encore la force de marcher tout en portant un jeune garçon blottit contre sa poitrine. Tous les enfants s'étaient cachés dans leur maison, se calfeutrant derrière leur porte de bois, partagés entre la curiosité et la crainte. Elle avait beau appeler à l'aide, toutes les habitations restèrent closes.

La jeune femme chancelait, tombait, s'arrêtait, rampait dans l'espoir de trouver quelqu'un, qu'importe l'individu pourvu que celui-ci puisse sauver son enfant. Elle ne connaissait pas grand-chose de la forêt hormis quelques légendes racontées par de vieilles femmes. Mais de ces histoires, elle se rappela de l'arbre qui trônait au fond du village. Elle savait qu'il ne pourrait barrer sa porte et avec la force du désespoir, elle parvenu finalement au pied du gardien spirituel. Elle eut une dernière énergie pour lever la tête comme si de son regard elle implorait l'entité de veiller sur son enfant. Celui-ci ouvrit les yeux et remua les lèvres mais la pauvre femme s'en était allé, ses forces l'ayant déjà abandonné.

Le vénérable Arbre Mojo appela alors à lui ses enfants. Il fit don de la terre à la jeune maman et pris son fils sous son aile. Tous les kokiris étaient intrigués d'observer pour la première fois un être si frêle, si chétif. Ils n'avaient pas conscience que ce jeune garçon était promis à une destinée hors du commun que seul l'Arbre Mojo eut ressenti. Ce dernier formula le souhait d'élever cet enfant comme un Kokiri. Les premiers mois du nourrisson étaient forts heureux, il était le centre d'attention de tout le village. Mais bien vite, la lassitude s'installa et peu à peu, les Kokiris se désintéressèrent de lui.

Seule une jeune fille resta près de son berceau et ne le quitta plus. Elle n'avait jamais imaginé être une maman mais un fort lien se forma avec lui. Les années passèrent et le jeune garçon grandit. Il apprit à marcher et bientôt, il put construire avec l'aide de la kokiri un modeste logis où il pourrait dormir. La jeune fille était à la fois heureuse et triste. Elle était si fière de le voir grandir mais terrifiée par la perspective d'être seule. Elle s'était promise d'aller le voir tous les jours mais l'Arbre Mojo le lui avait interdit.

Sa relation avec le jeune garçon créa des tensions avec le chef auto-proclamé du village. Il jalousait grandement le jeune garçon, ne manquant aucune occasion de déverser son mépris et son dégoût. Mais la jeune fille n'en avait cure et lorsqu'elle n'était pas avec le jeune enfant, elle s'isolait loin du village, là où personne ne pourrait la déranger avec pour seuls compagnons les animaux de la forêt et un Ocarina qu'elle s'était fabriquée dans le bois d'un arbre. C'était le seul endroit qui pouvait apaiser sa peine car même si elle ignorait la prodigieuse destinée de l'enfant, elle ressentait au plus profond d'elle qu'il était différent.

Plus les âges avançaient et plus les restrictions de relation entre la jeune fille et le jeune enfant s'amplifièrent. Le chef auto-proclamé avait, après bien des discours, convaincu l'Arbre Mojo que cette relation était néfaste. Mais celui-ci était de plus en plus inquiet vis-à-vis de la jeune fille car elle ne vivait presque plus dans le village. Le bosquet était devenu sa seule maison et dans les bois perdus, elle trouvait à peine de quoi se nourrir et se contentait de quelques feuilles et brindilles en guise de lit.

Parfois, la jeune fille observait le pont qui reliait la forêt au monde extérieur. Elle voulut le franchir mais la règle était claire : Elle mourrait si elle tentait de partir. Mais plus le temps s'écoulait et plus cette menace devint dérisoire dans son esprit. Elle n'avait plus rien à perdre et à plusieurs reprises, elle se tint sur le pont, face à la sortie. Mais chaque fois, ses pensées pour le jeune garçon l'empêchait de franchir le pas. Alors, elle retournait une fois de plus au bosquet et répétait inlassablement la seule chose qui lui permettait d'oublier sa peine, jouer une mélodie entraînante avec son Ocarina.

La situation ne put durer et l'Arbre Mojo, inquiet de l'isolement de son enfant, fit appel à lui. Au départ surprise, la jeune fille revint au village pour aller à la rencontre du gardien spirituel. Elle n'adressa aucun mot aux autres enfants qui étaient étonnés de sa présence et surtout inquiets de son comportement. Mais arrivée à l'entrée de l'antre, le chef auto-proclamé du village lui barrait la route. Du haut de son statut, il tenta de prendre les choses en main mais la jeune fille lui fit comprendre qu'elle n'était pas disposée à lui répondre. Elle fit fi des remarques du jeune homme et pénétra dans l'enceinte ou trônait majestueusement l'Arbre Mojo. Se tenant devant lui, elle croisa ses mains et releva la tête pour saluer celui qui était considéré comme leur parent :

Saria : Vénérable Arbre Mojo?

Arbre Mojo : Mmhh... Tu es là, ma petite Saria...

Saria : *anxieuse* Vous souhaitiez me voir?

L'arbre Mojo exprima son inquiétude quant au comportement de la jeune fille ces derniers temps. Il lui rappela inlassablement les mêmes conseils sur les dangers qui rôdaient en dehors de la forêt et du fragile équilibre qui existait, permettant une vie agréable et innocente protégée des influences extérieures. Saria acquiesça et tenta tant bien que mal d'expliquer son attitude. L'arbre Mojo était sage et il ne prit aucune décision malheureuse envers son enfant. Mais lorsqu'au cours de la discussion le jeune garçon fut abordé, la jeune fille se crispa.

Arbre Mojo : Je sais que tu l'as élevé et que tu t'es attaché à lui mais c'est désormais un jeune homme...

Saria : *silencieuse*

Arbre Mojo : Je t'ai isolé de lui parce que votre relation pourrait mettre en péril la sécurité de la forêt.

Saria : *surprise* Pourquoi ? Je ne comprends pas, Vénérable Arbre Mojo...

Arbre Mojo : Ce sont des choses qui te dépassent. Mais pour le bien de tous, je te demande d'être mesurée dans ta relation.

Saria : *serre son poing, baisse la tête* Je suis désolée...

Arbre Mojo : Je ne peux décider pour toi mon enfant mais réfléchis bien à ce que tu fais. Si tu continues sur cette voie, je n'aurais d'autre choix que de te bannir de cette forêt. M'as-tu bien compris, Saria ?

Saria : *ferme les yeux, laisse échapper une larme* J'ai compris, Vénérable Arbre Mojo...

Arbre Mojo : Bien, mon enfant... Tu peux disposer de moi, je n'ai plus rien à te dire pour le moment.

A la fin de sa phrase, l'Arbre Mojo redevint inerte comme s'il s'était endormi. Saria resta paralysée devant son père spirituel, incapable de faire le moindre mouvement. Elle était si partagée au fond d'elle qu'elle resta elle aussi inerte un instant. Les pensées et les souvenirs l'inondèrent, son esprit emporté par un torrent d'émotions. Elle se retenait de pleurer mais son poing était fermement serré, si fort que du sang se mit à couler le long de ses doigts. Elle supportait mal la demande de l'Arbre Mojo mais elle était aussi craintive des conséquences si elle venait à faire quelque chose de "mal". Lorsqu'elle eut décidée de partir, elle croisa à nouveau le chef auto-proclamé du village.

Mido : *observe Saria* Bah qu'est-ce qui t'arrive? T'as été puni?

Saria n'eut aucun regard ni aucune parole pour Mido. Elle feignit sa présence malgré les efforts répétés de ce dernier pour se faire remarquer. Le reste du village n'eut plus de succès et l'inquiétude grandit quand tous virent Saria arpenter le chemin qui mène aux bois perdus. Par dessus la palissade, Saria observait tristement la maison de Link puis elle disparut à nouveau par l'entrée d'où elle était venue.

[Terminé] Prequel Ocarina of TimeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant