Je commençais par dresser un rapide portrait de moi, de mes habitudes et de ma situation terrestre. Je continuais ensuite par ma fuite de l'orphelinat, ma courte vie dans la forêt pour finir par le stupide accident qui m'avait valu ma profonde écorchure à l'épaule. Mon public ne m'interrompit qu'une seule fois pour me demander ce qu'était un orphelinat. Ensuite, ils me laissèrent poursuivre mon récit d'une seule traite. Quand je terminais enfin, j'aurais donné cher pour que mon mal de tête disparaisse et que je puisse ouvrir les yeux pour découvrir l'expression de leurs visages. Il y eu un long, très long silence, et, je le soupçonnais, force regards appuyés.
Cette fois-ci encore, ce fut Elyssa qui parla.
- Très bien, je suppose que nous pouvons sans danger t'offrir l'hospitalité, au moins le temps de ton rétablissement, mais ton nom ne serais pas superflu.
- Excusez-moi, j'ai oublié de me présenter. Je m'appelle Swanya, ou plutôt Swan Gyu'Lodryl. J'ai quinze ans.
- Tu vois, remarqua Torac Tyu'Wyrold avec douceur, même ton nom de famille est elfique, il a la même structure que les nôtres. En revanche, il est étrange que tu possèdes un prénom, il faut avoir fait son service pour en avoir un. Comment se fait-il que tu en ai un ?
- Je... je ne sais pas. On a du me le donner sur terre, car tout le monde en a un, là-bas, dès la naissance.
- C'est probable. Quel âge as-tu, dis-tu, quinze ans ? Hum hum, pile le bon âge pour... Enfin, il ne vaut mieux pas y songer dès à présent. Que dirais-tu d'un bon repas ?
Je me rendis compte à cette remarque que mon estomac ne demandait que ça, aussi acceptais-je avec gratitude. Les deux adultes sortirent de ma chambre, me laissant seule avec mes pensées.
Bon, c'était bien beau tout ça, mais ça ne m'expliquait toujours pas comment j'avais pu passer de la forêt de Saint-Clos à Elyndra. Ni comment... Stop ! Je plaçais moi-même la barrière, il était hors de question de laisser une foule de pensées et de questions trop longtemps contenues lors du dialogue m'ensevelir la cervelle. Il fallait prendre les choses une par une. D'abord...
Tout doucement, je glissais dans le sommeil.
En me réveillant, une poignée d'heures plus tard, j'entendis, sûrement dans la salle à côté, le bruit d'une dispute. C'était Elyssa et Maître Torac. Celui-ci disait :
-Enfin, Elyssa, n'as-tu pas remarqué le potentiel énorme qui s'en dégage ! Il nous la faut !
- Torac, contrairement à toi, je ne tiens pas pour acquise sa fidélité. Imagine qu'elle soit un espion !
- Un espion de qui ? De quoi ? Je sais à qui tu pense, à Melwyn, mais elle n'a pas les yeux rouges !
- Qu'en sais-tu ? L'as-tu vue ouvrir les yeux une seule fois lors de notre entretien ? On ignore même à quelle race elle appartient !
- Chut, j'entends bouger, je crois qu'elle s'est réveillée : on va pouvoir vérifier, ajouta-t-il en chuchotant.
Vite, trouver une occupation. Faire semblant de dormir ? Pathétique, ils m'avaient manifestement entendu me réveiller. Mais je n'avais pas mieux en magasin. Ils ne furent pas dupes une seconde.
- Bien dormi, Gyu'Lodryl ? Nous t'avons fait porter un déjeuner, mais tu dormais.
Je restais immobile. S'il se doutait que j'avais surpris leur dispute, il n'en laissa rien paraitre, et garda un ton impassible lorsqu'il poursuivit :
-Il y a différentes races d'elfes, bien que nous n'aimions guère ce mot. Les elfes des bois ou des forêts, dont les yeux sont verts. Les elfes des champs et plaines, dont les yeux sont marrons, les elfes des montagnes dont les yeux sont gris, et enfin certains elfes qui ont mal tournés, que l'on surnomme les elfes du mal, dont les yeux sont rouges. Ces derniers sont des elfes qui se sont ouverts au mal pour des diverses raisons et dont le mal à prit possession. Ils restent vivants et conscients, mais deviennent insensibles à tous sentiments bénéfiques. C'est difficile à expliquer. C'est comme si ils ne vivaient qu'à moitié, d'une vie maudite. Tu comprends que dans cette situation nous aimerions... Bref, nous nous demandions à quelle race tu appartenais, non que ça ai de l'importance, bien sur, mais c'est par simple curiosité. Et comme tu n'as pas encore ouvert les paupières...
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Elfes
ParanormalJe n'ai jamais été intégrée nulle part. Ou peut-être que je ne me suis intégrée nulle part. Quoi qu'il en soit, le jour où j'ai découvert un monde au-delà du nulle part, j'ai naïvement cru que ce serait plus facile. J'ai naïvement cru que j'apparten...