Chapitre 8

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N'ayant réponse à aucune de ces questions, je les repoussais dans un coin de ma tête et attaquait avec ardeur mon repas. Il était constitué en majeure partie de gibier, bien que je fusse incapable de dire de quel animal en particulier il s'agissait. J'avais toujours adoré la viande forte en goût et je croyais comprendre aujourd'hui pourquoi : cela devait tenir de mon ascendance elfe. Je fus aussi ravie de constater qu'il contenait pas la moindre trace de sucre. On aurait dit un repas taillé sur mesure. Un repas elfique. Oui, je le sentais dans toutes les fibres de mon corps, la prise de conscience et l'acceptation était achevée. Il ne subsistait plus en moins le moindre doute : j'étais elfe.

Après ce repas, pour éviter que reparaissent les multiples questions que je me posais, je pris la décision de... dormir. Après tout ce n'est pas comme si j'avais beaucoup d'autres choses à faire ! Je n'avais surement jamais autant dormi de ma vie, songeais-je en glissant doucement dans les bras de Morphée.

Ce fut les premiers rayons de l'aube qui me réveillèrent. Il me fallut quelques instants pour me souvenir de la situation particulière dans laquelle je me trouvais. Mais une phrase prononcée par Maître Torac me revint soudainement à l'esprit : aujourd'hui, je pouvais me lever !

C'est d'ailleurs ce que je fis sans attendre, impatiente de découvrir cette ville de Nyu'Trub. Je m'aperçus que l'on m'avait laissé les mêmes vêtements qu'à mon arrivée, et qu'ils ne sentaient pas la rose ! Bon, avant toute chose, prendre un bain, et trouver d'autres vêtements ! Je sortis donc de ma chambre pour me mettre à la recherche de quelqu'un disposé à m'aider. Tout ce que j'espérais, c'était que je ne tomberais pas sur Dyu'Reza ! Mais, apparemment, ma bonne étoile veillait, car la première personne que je croisais fut Jelys.

-Ah, s'exclama-t-il avec un grand sourire, je venais te dire que tu pouvais te lever, mais on dirait que tu ne m'as pas attendu !

- Oui, répondis-je en lui rendant son sourire, je me suis rendu compte que... enfin, bref, je cherche une douche.

Peut-être que déclarer frontalement que je puais le chacal n'était pas la meilleure approche. Par ailleurs, il s'en était probablement déjà rendu compte par lui-même à ce stade.

- Tu n'as vraiment pas de chance, c'est pile l'heure de la douche des filles, tu vas attendre quelques heures avant de pouvoir te doucher ! De plus, je ne te conseille pas d'y aller, car on dirait que Dyu'Reza ne te porte pas dans son cœur. Et hum... il semblerait qu'elle ai déjà parlé de tout aux autres. Tout ça parce que Maître Torac l'a réquisitionné pour te porter à manger lorsqu'il l'a surpris en train de se maquiller ! termina-t-il avec un rire moqueur.

Tiens, prendre note : les filles elfes n'ont pas le droit de se maquiller. Bon, j'avais toujours détesté cette manie de se peindre le visage. Je lui répliquais avec une grimace :

- Je crois plutôt qu'elle envisage de m'égorger ! En tout cas tant pis pour mon nez, alors.

Là, Jelys éclata carrément de rire. Mais cette fois, ce n'était pas un rire moqueur mais un rire franc.

- Cela dit, je crois pouvoir soulager ton odorat. Il y a bien longtemps que j'ai cessé de prendre ma douche dans les vestiaires ! Il y a une source dans le coin, c'est là que je me lave. L'eau est glacée mais si tu veux, je te montre son emplacement.

- Tu me sauves le nez, répliquais-je. Je ne voudrais pas abuser mais serait-il aussi possible de laver ces vêtements ou d'en trouver d'autres, parce qu'eux n'ont plus ne sentent pas très bon.

-Bien sûr, suis-moi !

Jelys m'entraina dans un dédalle de couloir, lambrissés de bois, jusque dans une salle ou des centaines d'uniformes pendaient un peu partout.

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