Le bureau du directeur ressemble à un temple

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Je laissais mes doigts pianoter sur le bureau en bois de l'office du lycée. La dame de l'accueil était en train de regarder avec attention de la paperasse qu'elle s'occupait à ranger dans des tiroirs. Je la regarder trier machinalement chaque feuille et pensais qu'elle devait s'ennuyer encore plus que moi en cours. Finalement je positivais, assis dans la classe j'avais la merveilleuse opportunité de pouvoir admirer Théo. La dame de l'accueil, elle, n'avait pas ce privilège. Bien sûre il fallait à chaque fois que je me fasse discrète surtout avec Andréa.

Ce matin-là je n'avais pas été assez prudente, voila tout. Je me promis intérieurement d'affuter et d'améliorer ma technique. Lorsque l'employé en eu marre d'entendre le son de mes doigts rebondir sur son bureau, elle redressa la tête et je vis ses yeux me fusiller du regard à travers ses petites lunettes carrés. Je compris que ça n'était pas le moment propice pour se faire à nouveau remarquer. Je tachais alors d'arrêter et de me caler au fond de ma chaise sans un bruit.

- Pourquoi êtes-vous là déjà ? demanda-t-elle, comme si le simple fait de ma présence l'importunait dans son travail.

-M.Miller m'a demandé de venir...Il m'a renvoyé de la classe.

Elle continua de me toiser d'un air sévère et l'espace d'une seconde j'eu la très nette impression qu'elle aller me faire la morale, mais au manque de temps et d'envie qu'elle avait, elle dut s'abstenir.

- Bien, M.Atter va vous recevoir, vous avez de la chance, il avait un creux dans son planning.

J'en ai de la chance !

Une petite voix ricana dans ma tête, il fallait que ça m'arrive à moi.

J'aurais pu rester là à ne rien faire, ne rien dire, et laisser Andréa me ridiculiser une fois de plus, mais elle s'était attaquée à ma meilleur amie, et ça c'était une chose que je ne pouvais laisser passer. Il était hors de question de baisser les armes. J'étais une guerrière qui n'abandonne pas ses troupes et Amanda était mon ami, mon fidèle compagnon de guerre qu'était le lycée. Il allait de soi que si j'avais pus étrangler Andréa je l'aurais fait, mais la violence n'était point autorisée et vu d'un bon œil à Santa Monica high school.

Mieux valait inspirer, expirer, sourire, faire comme si tout allait bien et laisser le temps couler. J'avais déjà pris ma revanche, c'était suffisant, mon but n'était pas de devenir la super-girl du lycée. Simplement de rétablir une injustice commise envers ma chère et si tendre amie. Am elle n'était pas si courageuse au lycée, elle ne savait pas répondre, encore moins que moi. Je savais qu'elle ne m'aurait pas défendu, parce qu'elle était terrorisée au fond d'elle-même, mais je ne lui en voulais pas. Elle avait cependant d'autres qualités exceptionnelles.

Comme l'écoute, la patience, l'encouragement, la bienveillance et l'anticipation : elle avait deviné plusieurs fois d'affilé qui serait élu président des Etats-Unis rien qu'en les regardant à la télé. Depuis petites nous avions vu succéder différents grands hommes à la tête du pays. Quand nous suivions les émissions politiques ainsi que les élections avec nos parents, Am pouvait sortir « Celui-là j'aime pas sa cravate, il ne gagnera pas » En effet si Am le disait, ça se produisait, elle avait du flaire. Son père lui la regardait d'un air étonné et hagard puis retournait à ses préoccupations habituelles.

Nous avions tant de choses en commun et pourtant tellement de différences. Elle aimait porter du jaune, moi du rouge. J'aimais les fraises, elle les clémentines. J'aimais les films d'horreur, elle, les films à l'eau de rose. J'aimais le sport (et le fait de transpirer), elle, aimait le thé et les couvertures.

Am si seulement tu savais ce que je ferais sans toi... Rien du tout ! Je serais perdu. Pensais-je.

A cet instant je sortis de ma rêverie lorsque la porte de M.Atter s'ouvrit au fond du couloir. J'attrapais mon sac à dos, que je mis sur mon dos, bien que la distance à parcourir fut à peine de cinq petits et malheureux mètres. (Que serait une ado sans son sac à dos ? Je vous le demande.) Arrivé au fond du hall, je croisais le regard du proviseur et il me fit signe d'entrer dans son bureau. Je pris place tout en scrutant mon environnement, je tournais la tête à droite et gauche. Une fois assisse, M.Atter vint s'assoir derrière son bureau de façon à être en face de moi.

Il posa ses mains croisées sur le bois du meuble et respira un grand coup, puis comme j'eu certainement l'air effrayé (j'étais une bonne élève qui avais peur des problèmes) je vis qu'il essayait de trouver les mots justes. Je m'attendais au pire. Il ouvrit la bouche mais avant même qu'il ne puisse prononcer un mot, je décider d'improviser, de tenter ma chance.

- êtes-vous fan d'Harry Potter, articulai-je pour détourner d'emblée la conversation ?

- Pardon ? chuchota-t-il

- Je vois que la carte du Maraudeur est accrochée à votre mur, vous avez une copie du vif d'or posé devant vous et des exemplaires des livres un peu partout, des figurines des différentes créatures, ainsi que des affiches de tous les films accrochés aux murs.

Je regardais le proviseur et il me regarda. J'attendais sa réaction avec doute et anxiété.

- Avez-vous vu les animaux fantastiques ? demanda-t-il.

- Bien sûr et j'ai lus tous les tomes d'Harry Potter.

- Bien, vous êtes l'un des meilleurs éléments de notre école Mlle Collins, je vous découvre en plus des activités littéraires, ce qui ne peux qu'être tourné à votre avantage.

Je me sentis soulagé.

- Pourtant je ne pourrais laisser passer des comportements inappropriés dans mon lycée, ce que vous pouvez évidement aisément comprendre.

- Oui, M. Atter. Mais pour ma défense, Andréa avez bousculé mon amie dans les couloirs juste avant...et renversé exprès son café sur elle, pour l'humilier aux yeux de tout le monde.

- L'école est une petite société en elle-même, je le consens, c'est un monde pas toujours facile à aborder, il y a différents groupes sociaux (à ce moment précis je me demandais bien ce que pouvais dire groupes sociaux), et des personnes pas toujours bien intentionné. Pourtant il s'agit là de votre avenir, ça n'est pas à vous de faire justice, mais de réussir avec brio. Me suis bien fais-je comprendre ? Dit-il d'une voix ferme mais néanmoins chaleureuse.

Je compris alors que son but n'était pas de me faire la morale, mais de m'encourager à ne pas prêter attention au raffut qui s'étendait autour de moi pendant que je préparais mon avenir.

- Oui, M.Atter, je comprends parfaitement. Je ne me laisserais plus provoqué inutilement à l'avenir. C'est promis.

- Bien, merveilleux, nous avons trouvé un point d'entente. Vous pouvez regagnez votre classe.

- M. Miller m'a demandé de ne plus revenir aujourd'hui, avouais-je gênée.

- Alors dans ce cas, rejoignez la bibliothèque, prenez un livre et réfléchissez à la meilleure manière de vaincre silencieusement et intelligement un ennemi. Je vous conseillerai bien évidement J.K Rowling.

- Merci M.Atter.

Je me levais, ouvris la porte, lui dis aurevoir dans un sourire sincère et sortit dans le hall. Je claquai la porte derrière moi. Quand je retournais à l'office la dame de l'accueil était toujours occupé avec ses papiers. Pourtant je vis devant elle une silouhette que je ne connaissais que trop bien. Un blond aux yeux d'un vert clair. Ses cheveux faisaient des ondulations et encadrait parfaitement son visage ciselé. Il était grand et avait la carrure du capitaine de l'équipe de foot qu'il était. Ses yeux lancèrent des éclairs de surprise lorsqu'il me vit arriver.

- Sierra ? Alors pas trop d'ennui ? Il me posait la question, pourtant je vis qu'il avait l'air complétement indifférent à ce qui m'arrivait.

- Si beaucoup, énormément même, lui lançai-je d'un sourire satisfait et ironique. Tu fais quoi ici Théodore ?

Il haussa ses épaules carrées et musclés. Il sembla être pris au dépourvu et ne semblait pas savoir quoi dire.

- Le cours de M. Miller vient de finir et j'ai rendez-vous avec la conseillère d'orientation...et...

- Ah, soufflais-je, magnifique passe une bonne journée ! m'exclamai-je avant qu'il ne puisse continuer tout en haussant les sourcils tellement cette situation me désespérais.

Ma réaction le surprit. Je n'avais vraiment pas envie de parler avec lui, surtout qu'il ferait bien évidement le compte rendu à sa chère et tendre petite-amie, la reine des abeilles.

Je m'enfuis le plus rapidement possible de la chose magnifique qu'il était avant qu'elle ne m'ensorcèle et que je finisse par perdre tous mes moyens. 

J'étais pitoyable.


Lucky Me He loves MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant