Mascara et rouge à lèvre (trop voyant à mon goût)

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Je faisais mon possible pour éviter la brosse à mascara que Amanda se faisait un plaisir de me passer sur les cils. J'endurais cette torture depuis bientôt quelques minutes, ma préparation elle durait depuis plus d'une heure. J'en avais assez, mais bien sûr Am vouait à tout prix à ce que je lui serve de cobaye, elle tenait à ce que je sois éblouissante.

Moi ça m'était égale.

- Tu me torture Amanda, on ne verra bientôt plus mon visage avec tout ce maquillage

- Tais-toi un peu et laisse-moi faire, dit-elle tout en tirant langue en se concentrant sur mes yeux. Tu es la chef des pom-pom girls, tu ne te laisseras pas démonter par qui que ce soit et si cette garce vient ce soir, elle regretta de s'être seulement montré.

- Tu es insupportable. Qu'est-ce que ça peut faire ? Regarde ou ça m'a mené la dernière fois que j'ai ouvert la bouche : j'ai atterri droit dans le bureau du principal. Tu sais que je ne plus me permettre ce genre d'incident. J'ai vraiment besoin de cette bourse.

Elle capitula, souffla et s'assit en face de moi.

- Je sais, répondit-elle. Seulement je trouve qu'on fait une bonne équipe non ? Elle sourit, ses yeux noisette pétillèrent. Mais ne te sens plus obligée de me défendre, je sais à quel point tu souhaites étudier et obtenir une bourse. Tu as travaillé trop dur. Seulement on n'est pas obligé de répondre avec méchanceté mais tu peux t'affirmer. Tu 'n'as pas à te cacher parce que sa « majesté » le veut. Montre que tu existes Sierra.

Je mis ma main dans la sienne.

-Tu es ma meilleur amie Am, je ne sais honnêtement pas ce que je ferais sans toi

- Déjà tu serais avachi dans ton lit en train de réviser pour notre contrôle de maths de demain, pourtant vu que bienheureusement j'existe tu vas venir à cette soirée avec moi !

- Attend on a un contrôle de maths demain ?

Elle me donna une tape sur l'épaule.

- Sierra ! Concentre-toi ! Il y a des choses plus urgentes.

Je frottais mon bras, là où elle m'avait tapé.

- ça ne fait aucun doute que la vie serait triste et morose sans toi. Mais être la meilleure amie de la chef des pom-pom girl a aussi ses avantages non ?

Elle fit tourner la chaise à roulette sur laquelle j'étais assise face au miroir de ma coiffeuse. Am était debout derrière le dossier du fauteuil et se pencha à mes côtés. Nous nous regardions, nos yeux se croisant dans la glace. La soirée s'annonçait tout sauf paisible, mais que ne ferait-on pas pour sa meilleure amie ?

Une fois après avoir choisi nos tenues, nous nous dirigea mes vers la porte d'entrée. Mon père m'attendait devant celle-ci comme pour vraiment se rendre compte que j'allais effectivement à une soirée et que non il n'était pas en train de rêver les yeux ouverts.

- Tu es magnifique Sierra, je suis fière de toi.

Ses yeux brillaient, j'avais le sentiment qu'il se retenait à chaque seconde de pleurer. J'espérais qu'il continuerait de s'abstenir au mois jusqu'à ce que je ne sois plus là. Je ne savais pas comment réagir à ce type de situation. Et voir mon père pleurer à cause de moi me gênait beaucoup, même si c'était de bonheur.

- Au revoir papa, je t'aime, murmurais-je je tout en le serrant dans mes bras.

Il me serra fort et fis durer notre accolade comme s'il venait de me revoir après des années. Il relâcha sa prise et je passais la porte accompagnée de Am. Comme à son habitude sa voiture était garée dans la rue juste devant notre maison. Le soir tombait et le soleil de couchait, il trônait dans le ciel comme s'il était fatigué de voler parmi les nuages teintés de bleu crème. Je ne pouvais m'empêcher de détailler mon ami. Elle avait enfilé un jean bleu, de hautes bottines noires qui lui allaient jusqu'aux genoux ainsi qu'un simple -t-shirt noir qui se confondait parfaitement avec ses cheveux châtains. Tandis que j'avais simplement gardé la même tenue qu'au lycée, mes longs cheveux blonds avaient été bouclés par les merveilleuses et talentueuses mains d'Am.

Elle avait insisté pour que je sorte de l'ordinaire, elle voulait que l'on porte son attention sur moi, certainement pour faire enrager Andréa. Tout ce que je détestais. Je préférais largement me fondre dans la masse. Être Cheerleader me permettais de me rapprochais de mon but et d'obtenir une bourse pour étudier dans l'université de mes rêves : Harvard. Si j'y étais reçue à la fin de l'année, je comptais bien y passer mon master en littérature anglaise et ainsi devenir la fille brillante et épanouie que rêvais d'être au find fonds de mon esprit. 

Être cheerleader, m'apportait une longue liste d'avantages : je gardais la ligne, je me dépensais, c'était une activité extrascolaire en or. Mais par-dessus tout cela faisait partie de mon plan, de ma liste secrète. Celle qui était en rapport avec Camille (l'être humain qui m'avait abandonné pour vivre ailleurs).

Je montais dans la voiture à la carrosserie étincelante de noir et regrettais déjà le blond pimpant que j'avais sur les lèvres. Je m'assis une nouvelle fois sur le siège passager et observais mon reflet dans le miroir que je dépliais au-dessus de ma tête. Mes yeux bleus avaient été soulignés grâce aux coups de mascara et crayons noir que mon amie m'avait infligés. Ma bouche rayonnait de pourpre et mes joues étaient peintes au blush. Je regrettais déjà ma décision d'avoir dit « oui » trop activement. Mais elle avait l'air si excité de prendre le volant et de me conduire à cette soirée, que je décidais de ne surtout pas sortir de la voiture et de fuir en courant, j'aurais gâché sa soirée. 

Elle démarra et je soupirais, je ne pouvais plus abandonner, aucun moyen pour moi de faire à présent marche arrière. La ville de Los Angeles défilait devant mes yeux, ses bars, ses restaurant, ses clubs, ses rues, ses enseignes, ses habitants vivant le rêve américain, ou la descente aux enfers. Il fallait savoir que malgré que Los Angeles fût une machine à espoirs, elle pouvait tout autant en être un gouffre et un puit sans fond pour ceux qui n'avait aucun moyen financier. Ainsi je pouvais souvent y apercevoir des personnes sans logement ni argent déambuler dans les rues, suppliant pour que les passants leurs offres quelques dollars pour pouvoir survivre. 

Malgré le budget extrêmement restreint que j'avais par rapport au reste de la population, en tant qu'humain mon premier instinct avait toujours été de partager mes derniers dollars avec ceux qui avaient été dans le besoin. Je passais de temps en temps pour pouvoir leur acheter de quoi manger. Mon père me répétait souvent que je n'étais pas capable de porter toute la misère du monde sur mes épaules, pourtant ça n'était pas faute d'essayer. 

Je portais mon attention sur une grande avenue que Am venait d'emprunter. Il fallait bien évidement que la séance se passe dans le plus grand cinéma de notre ville. Je me demandais encore dans quoi Am m'avait embarqué. Il devait surement y avoir la télévision, ainsi que des journalistes et peut-être même des célébrités venues des quatre coins de Beverly Hills. Je posais ma main sur mon front en voyant le nombre de vannes noir se garer tout le long de l'immense rue.

- Tu es prête à marcher un peu ? me demanda-t-elle tout en manœuvrant pour se garer entre deux voitures. L'espace était réduit, mais Am était un as du volant, rien ne lui résistait.

- S'il le faut, répondis-je désespéré.

Une fois le créneau effectué, nous sortîmes de la voiture et je regardais au loin, ma vision fut projetée et j'aperçus le grand panneau de cinéma ou était affiché :

« Obscura, l'avant-première aux côtés du célèbre Robert Gillman ».

Elle fixa le panneau, me regarda puis sourit.

- Allons-y, déclara-t-elle.

Am avait beau ne pas être la fille la plus populaire, du lycée, c'était une privilégiée. Son père travaillait dans la musique et était le manager de l'un des labels les plus important des Etats-Unis. Autrement dit elle pouvait avoir ce qu'elle voulait quand elle le voulait.


Lucky Me He loves MeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant