Malgré le soleil réconfortant, il pleuvait sur le visage de Zora Kostova. Ses larmes, tel un torrent, creusaient un sillon sur ses joues rosies. Des larmes de colère, des larmes de chagrin. La douleur qui emprisonnait son cœur l'empêchait presque de respirer. Accroupie devant une des tombes usées par le temps, elle martelait le sol du poing.
À quelques mètres de là, Hadès détourna le regard. Il connaissait le deuil et la perte mieux que personne. Il attendit donc que la jeune femme sèche ses pleurs et se relève avant de l'aborder.
Il en profita pour l'observer de plus près. Tout en elle lui rappelait sa propre allure. Zora Kostova effraya d'un regard les corbeaux perchés sur les arbres nus qui s'enfuirent dans un vacarme assourdissant, des plumes volant en tout sens, et les morts, qui d'habitude murmuraient à l'oreille d'Hadès, se taisaient en sa présence.
Elle serait la personne idéale pour prendre la relève au le royaume des Morts.
— Mademoiselle Kostova, héla-t-il alors que la jeune fille s'apprêtait à repartir, la tête baissée et les mains dans les poches.
— Laissez-moi tranquille, marmonna-t-elle en passant devant lui, sans un regard.
— Voler dans un cimetière, c'est un coup très bas.
Zora fit volte-face. Ses cheveux blonds, presque blancs, étaient coupés au carré et son bonnet gris troué à divers endroits. Son regard, lui, était tranchant. Toute trace d'accablement avait disparu de ses traits. Cette fille-là connaissait le prix de la faiblesse, elle savait la cacher.
— C'est la seule et unique fois que je vous le dis. Allez-vous en.
D'un geste lent, elle fit glisser sa main vers sa botte.
— Inutile de sortir le couteau que tu caches dans ta botte. Zora Kostova, j'ai quelque chose à te proposer.
Zora le dévisagea d'un air dégoûté.
— Que me voulez vous ? Comment connaissez-vous mon nom ? Si c'est Stanislav qui vous envoie, vous pouvez lui dire d'aller se faire...
— Je ne suis pas là pour ça, expliqua Hadès en levant la main pour le faire taire. Les questions viendront plus tard. Je connais ton histoire, Zora. La mort de ton père à tes cinq ans. Le remariage de ta mère et la naissance de ton frère et de ta sœur. Tes excellentes notes à l'école, tes professeurs qui te prédisent un brillant avenir et la mort qui frappe encore. Elle s'appelait Yuliana, c'est ça ? Oui, je me souviens d'elle. Elle te ressemblait beaucoup ta petite sœur, la même pâleur, le même sourire de travers. Le départ de ton beau-père et la dépression de ta mère ont dû être dur pour toi. Quinze ans et obligée de tout abandonner pour s'occuper de sa famille. De petits boulots en petits boulots, de larcins en larcins. Avec une mère et un frère qui comptent sur toi. Pour finir ici à voler des plaques funéraires pour les revendre au premier acheteur qui voudra bien te donner quelques léva.
Zora analysait l'homme qui se tenait devant elle. Sa mâchoire carrée, ses cheveux et sa barbe noire comme l'ébène et son teint blafard qui n'avait pas vu le lumière du jour depuis longtemps. Une odeur de menthe émanait de lui, une odeur forte comme s'il essayait de masquer autre chose.
— Vous voulez les droits pour écrire ma biographie ? lança Zora d'un regard mauvais. Qui êtes-vous ?
— Désolé, j'aurais dû commencer par-là. Je suis Hadès, Dieu des Enfers et roi des morts, fils des Titans Cronos et Rhéa et je te choisis comme héritière.
Le rire qui explosa dans le cimetière fit s'envoler les quelques téméraires oiseaux qui se tenaient encore là.
— Excellent, vraiment génial. Enchantée Hadès, je suis Zeus, se moqua-t-elle en lui tendant la main pour la serrer. Si vous êtes Hadès, vous êtes là pour me tuer ?
VOUS LISEZ
La chute de l'Olympe
FantasyLes Moires ont prophétisé la fin de l'Olympe. Les douze dieux grecs doivent descendre sur Terre pour trouver les mortels qui prendront leur place. Zora, élue d'Hadès, arrivera-t-elle à déjouer les pièges que cachent les Enfers et à trouver sa place...